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Critique de jamiK


jamiK
01 septembre 2022
Évidemment, on ne peut s'empêcher d'imaginer les visages de Robert Taylor, Liz Taylor (aucun lien de parenté) et Joan Fontaine pendant toute cette lecture. le film, je l'ai vu il y a déjà bien longtemps, pourtant je n'ai pas oublié les joutes chevaleresques, les oriflammes colorés, les joues roses des actrices et l'impassibilité de Robert Taylor. le roman est bien kitsch aussi, mais pas au même niveau.

Il y a quelques différences scénaristiques importantes dans le film, beaucoup d'éléments superflus ont été enlevés, quelques raccourcis apportent plus de dynamisme au déroulé de l'intrigue. Et ce qui n'est pas dans le film m'a bien déçu.

Le personnage d'Ivanhoe est assez en retrait, il est blessé et au repos pendant presque la moitié du roman, il n'a pas beaucoup de personnalité, c'est juste le bon héros bien lisse qui apparaît au bon moment. Rowena (Joan Fontaine dans le film) n'a pas beaucoup plus d'intérêt, simple potiche à marier. Seul Bois Guilbert, le méchant absolu a un peu plus de contenance, mais c'est une caricature, le salaud de français (écrit en 1819).

Le personnage d'Isaac, le juif, est persécuté par les méchants, mais il n'est pas ménagé ni par les bons, ni par l'auteur. Il y a bien sûr la description physique qui n'est pas sans rappeler les caricatures antisémites nauséabondes. Il est dans cette histoire, le bouc émissaire de tout le monde, pourquoi, lorsque Robin de Locksley libère le château, il est le seul prisonnier libéré à qui on demande une rançon. L'auteur semble presque s'en excuser, normal, ce n'est qu'un juif. Rebecca n'est pas non plus totalement ménagée, sa romance avec Ivanhoe est bien sûr contre nature, qu'elle ne se fasse pas d'illusions ! Pourtant, pour l'époque, ce roman est vu comme favorable aux juifs. Qu'est-ce que ça aurait été sinon !

Ensuite, le roman semble participer au “roman national”, cette vision des choses qui enjolive l'histoire avec d'un côté les bons, de l'autre les méchants, destinée à promouvoir un patriotisme idéalisé. Il fait de Richard Coeur de Lion, le chantre de la réconciliation nationale, théorie très contestable.

Pour finir, la religion est très pesante, l'humour tourne uniquement autour du style de vie d'un clergé épicurien, et un salaud catholique vaut quand même mieux que le meilleur des juifs. Seul l'honneur représente une valeur noble. On dirait même que c'est le thème principal du roman, alors forcément, les juifs n'y ont pas leur place.

Je sais bien qu'il y a l'excuse du contexte historique, ce roman a été publié pour la première fois en 1819, mais ça n'efface pas le déplaisir de lire certaines scènes, et de supporter sa philosophie. J'ai parfois éprouvé de la gêne à sa lecture.

L'écriture non plus ne m'a pas emballé, les descriptions n'apportent pas une ambiance, une atmosphère, seule la valeur des objets semble mériter qu'on s'y attarde, pas un arbre, pas un sentier n'est décrit, par contre les mises de la table, la quantité de gibier, le prix des rançons, la qualité des étoffes, les pierreries des parures… La seule lumière qui mérite qu'on s'y attarde, est celle des reflets des pierres précieuses. Les dialogues font dans le théâtral, mais il n'y a pas la pertinence d'un Shakespeare, il y a beaucoup de redites, ça tourne souvent en rond, tout ça n'est pas vraiment passionnant.

Il reste l'ambiance de chevalerie avec ses tournois, ses règles, sa mise en scène spectaculaire, mais si c'est pour le kitsch, autant voir le film qui va bien plus loin dans ce domaine.

Je ressors de cette lecture très déçu, ce n'est pas ce que j'attendais, le plaisir n'était pas au rendez-vous, j'ai trouvé long, pas si épique que ça. Bref, ce n'était pas une lecture nécessaire.
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