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Citations sur De l'urgence d'être conservateur (31)

Lorsque Burke et Maistre entreprirent de faire le procès de la Révolution française, rien ne les impressionna davantage que son zèle antireligieux. Avec la persécution de l'Eglise, il n'était pas seulement question d'ôter à celle-ci son pouvoir social et ses propriétés. Les révolutionnaires voulaient posséder les esprits que l'Eglise avait recrutés, et à cette fin, ils insistèrent pour que les prêtres prêtent serment à la Révolution - un serment qui devait prendre le pas sur leurs voeux de chasteté et d'obéissance.
Les révolutions suivantes ont considéré de manière similaire l'Eglise comme l'ennemi public numéro un, précisément parce qu'elle crée un royaume de valeurs et d'autorité hors d'atteinte de l'Etat. Il est nécessaire, dans la conscience révolutionnaire, d'entrer dans ce royaume et d'en voler la magie.
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La Convention (de Genève relative au statut des réfugiés) permet aux dictateurs d'exporter leurs opposants sans y gagner la mauvaise réputation qui serait la leur s'ils les tuaient. Le coût de la Convention, dans son ensemble, est donc supporté par les Etats respectueux des lois. Jusqu'ici, un silence gêné a prévalu à cet égard -l'un des problèmes les plus graves de l'Europe moderne. Nombre de ceux qui réclament l'asile apportent avec eux les folies islamistes des pays d'où ils se sont échappés. Certains réclament les avantages de la citoyenneté, allant jusqu'à ester en justice pour obtenir ces "droits de l'homme", tout en refusant de reconnaître qu'ils ont des devoirs, en retour, envers l'Etat qui les accueille. Aujourd'hui, des citoyens anglais partent faire le djihad contre le peuple britannique, et les accuser de trahison leur semblerait aussi incompréhensible que de suggérer qu'il y a de la trahison sur la lune. Ne devrions-nous pas traiter ce problème en consultant l'intérêt national plutôt qu'en nous soumettant à un traité signé avant notre naissance ?
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Il est vrai que Bismarck a rassemblé les principautés allemandes en imposant un système de droit unifié et une bureaucratie administrée de façon centralisée. Et il est tout à fait probable que le succès de Bismarck ait inspiré Jacques Delors et ses semblables, qui ont cherché à obtenir une unification similaire à travers l'Europe. Mais l'intention de Bismarck était de créer un Etat-nation; il partait de la pré-supposition d'une langue commune, de coutumes communes et de frontières validées par l'histoire.
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La part de l'Europe dans le commerce et la richesse mondiale, en rapide diminution, fait partie de ces rééquilibrages du pouvoir qui se produisent tous les quelques siècles. L'immigration de masse, d'Afrique, d'Asie et du Moyen-Orient a donné naissance à des minorités potentiellement déloyales, ou à tout le moins antinationales, au coeur de la France, de l'Allemagne, des Pays-Bas, des pays scandinaves et de la Grande-Bretagne. La foi chrétienne a reculé de la vie publique, laissant un vide où le nihilisme, le matérialisme et l'Islam militant se sont engouffrés sans résistance. La population européenne vieillit et diminue - sauf en Grande-Bretagne, destination de choix de tant de migrants européens, désormais en proie, de ce fait, à un profond conflit. Face à ces maux, qui définissent la nouvelle crise de l'Europe autant que la montée du totalitarisme définissait l'ancienne, mettre exclusivement l'accent sur "l'intégration" est au mieux une idée sans pertinence, au pire une erreur fatale.
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Une fois distinguées l'ethnicité et la culture, la voie est ouverte pour reconnaître que toutes les cultures ne sont pas également admirables, et qu'elles ne peuvent pas toutes vivre aisément côte à côte. Le nier revient à renoncer à la possibilité même du jugement moral, et de ce fait à nier l'expérience fondamentale qu'est celle de la communauté. C'est précisément ce qui provoque l'hésitation des multiculturalistes. C'est la culture, non la nature, qui enjoint une famille à tuer la fille tombée amoureuse d'un étranger, à exposer les filles à la mutilation génitale si elles veulent être respectables, à tuer l'infidèle si Allah l'exige. Vous pouvez penser, à lire ces exemples, qu'ils datent de notre préhistoire. Mais lorsque, soudainement, ils se produisent en notre sein, vous êtes légitime à regarder en face la culture qui les promeut. Vous êtes légitime à dire que ce n'est pas là notre culture et qu'ici ces pratiques n'ont pas droit de cité. Et vous serez probablement tenté de faire un pas supplémentaire, celui auquel les Lumières nous invitent naturellement, en disant qu'elles ne devraient avoir droit de cité nulle part.
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Le politiquement correct nous exhorte à être aussi "inclusifs" que nous le pouvons, et à ne pas discriminer ni en pensée, ni en paroles, ni en actes les minorités ethniques, sexuelles, religieuses ou comportementales. Afin que nous soyons inclusifs, on nous encourage à dénigrer ce que nous ressentons comme particulièrement nôtre. Le directeur général de la BBC a récemment condamné son organisation et ses programmes comme odieusement blancs et de classe moyenne. Les universitaires regardent de haut une culture établie par des "Mâles Blancs, Européens et Morts". De telles déclarations abusives expriment le code du politiquement correct. Car bien qu'elles impliquent des condamnations délibérées basées sur la classe, le sexe ou la couleur, le but n'est pas d'exclure l'Autre mais de nous condamner nous-mêmes. L'aimable plaidoyer pour l'inclusion masque le désir fort peu aimable d'exclure l'ancien responsable de l'exclusion : en d'autres termes, de répudier l'héritage culturel qui nous définit. A bas notre culture !
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Ces expériences ont contribué à me convaincre que la civilisation européenne dépendait du maintien de frontières nationales et que l'UE - qui est un complot pour dissoudre ces frontières - était devenue une menace pour la démocratie européenne. Par la supervision des cours européennes et la forme de sa législation, l'UE a créé une classe politique qui n'est plus comptable auprès des citoyens. La Commission européenne elle-même adopte des lois qui ne peuvent être outrepassées par les parlements nationaux, à la suite d'une discussion à huis clos entre des bureaucrates qui jamais ne sont appelés à répondre de leurs décisions.
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Les êtres humains, lorsqu’ils s’établissent quelque part, sont animés par l’oikophilia : l’amour du foyer, qui n’est pas seulement le chez-soi mais le peuple qui l’habite, et les arrangements concomitants qui dotent ce chez-soi de contours durables et d’un sourire constant. L’oikos est le lieu qui n’est pas seulement le mien et le tien, mais le nôtre. Il est la scène de la première personne du pluriel de la politique, le centre, à la fois réel et imaginaire, où « tout se passe ». Les vertus comme l’épargne et le sacrifice de soi, l’habitude d’offrir et de recevoir des marques de respect, le sens de la responsabilité – tous ces aspects de la condition humaine qui font de nous les intendants et les gardiens de notre héritage commun – naissent au cours de notre construction comme personnes, en créant des îlots de valeur dans une mer de prix. Acquérir ces vertus exige de circonscrire le « raisonnement instrumental » qui gouverne la vie de l’homo oeconomicus. Nous devons investir notre amour et notre désir dans des choses auxquelles nous attribuons une valeur intrinsèque, plutôt qu’instrumentale, de sorte que la poursuite des moyens puisse se loger, pour nous, dans le domaine des fins. C’est ce que nous entendons par l’enracinement : le fait de replacer l’oikos au cœur de l’oikonomia. C’est cela, le conservatisme.
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En analysant les traditions, nous n’analysons pas des règles arbitraires et des conventions. Nous analysons les réponses qui ont été élaborées face à des questions durables. Ces réponses sont tacites, partagées, incorporées dans des pratiques sociales et des attentes inarticulées. Ceux qui les adoptent ne sont pas nécessairement capables de les expliquer, encore moins de les justifier. D’où le nom que leur donnait Burke, celui de « préjugés », en les défendant au motif qu’en dépit de l’étroitesse du stock de raison dans chaque individu, il se produit dans la société une accumulation de la raison ; si on la remet en question ou si on la rejette, c’est à notre péril. La raison se donne à voir là où nous ne raisonnons pas, et peut-être ne pouvons pas raisonner – c’est ce que nous voyons dans nos traditions, y compris celles qui ont pour motif principal le sacrifice, telles que l’honneur militaire, l’attachement à la famille, les pratiques et la matière de l’éducation, les institutions caritatives et les bonnes manières.
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C’est pourquoi les démocraties ont besoin d’un « nous » national plutôt que religieux ou ethnique. L’État-nation, tel que nous le concevons aujourd’hui, est le produit dérivé de la relation de bon voisinage, façonné par une « main invisible » à partir des innombrables accords passés entre ceux qui parlent la même langue et vivent côte à côte. Il résulte de compromis établis après bien des conflits et exprime l’accord lentement formé entre des voisins, autant pour s’accorder mutuellement de l’espace que pour protéger cet espace devenu territoire commun. Il a fini par absorber consciemment, en s’y ajustant, les minorités ethniques et religieuses de son territoire, tout comme en retour elles se sont ajustées à l’État-nation. Il dépend de coutumes locales et d’une tolérance routinière et partagée. Son droit est territorial plutôt que religieux et n’invoque aucune source d’autorité plus haute que les biens intangibles partagés par son peuple.
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