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Critique de Lounima


James Scudamore dresse le portrait de la ville de São Paulo, cette immense mégapole de près de vingt millions d'habitants qui s'est développée "au rythme des booms du café, du sucre et du caoutchouc, si vite que personne n'a eu le temps de reprendre sa respiration pour indiquer comment s'y prendre" (10/18 - p.17-18) et nous décrit le gouffre social qui existe entre les habitants des beaux quartiers d'une part et les squatteurs des bidonvilles d'autre part. Les premiers sont si riches qu'ils se déplacent en hélicoptère pour éviter les embouteillages (l'auteur parle même d'"épidémie d'hélicoptères", la ville de São Paulo comptant plus de 200 hélistations !) et qu'ils disposent de quartiers réservés avec agents de sécurité; les seconds vivent dans des favelas ressemblant à s'y méprendre à des décharges publiques dans lesquelles il est difficile d'imaginer que des humains puissent y vivre...

Mais São Paulo, bien que très présente dans le roman, n'en est pas le personnage principal. Non, le personnage principal de ce récit est Ludwig Aparecido dos Santos, dit Ludo. Né dans une favela, il a eu la chance inouïe d'être adopté par Zé Fisher Carnicelli, dit Zé Generoso, richissime propriétaire de la chaîne de supermarchés MaxiMarket, devenant ainsi un nanti. Mais est-il pour autant heureux de sa situation ? Morceau par morceau, chapitre après chapitre, Ludo nous dévoile sa vie : une enfance à la ferme où sa mère était employée par Zé en tant que cuisinière, les week-ends de complicité avec Melissa, la fille de Zé, son arrivée en ville, ses études, sa relation ambigüe avec Melissa... Et, petit à petit, souvenir après souvenir, nous comprenons que Ludo ne se sent pas à sa place, qu'il devient peu à peu spectateur de sa propre vie alors même que sa relation avec Melissa le ronge et le détruit également à petit feu...

J'ai beaucoup aimé cette plongée dans l'univers de Ludo, dans un Brésil finalement pas si éloigné que cela des clichés, en tout cas pour ce qui concerne le fossé économique et social entre les nantis d'un côté et les favelados de l'autre. Sans être révolutionnaire, l'histoire n'en est pas moins intéressante d'autant plus qu'elle est servie par une construction qui, elle, est originale. En effet, d'une part la chronologie du récit est entrecoupée : pour un chapitre de souvenir, un chapitre du présent, donnant ainsi une impression de chassé-croisé incessant entre le passé et son devenir. D'autre part, chaque chapitre évoque un plat ou un aliment, souvenir culinaire de Ludo autour duquel il raconte son histoire, une histoire où la faim (au sens propre comme au sens figuré) se retrouve au détour de chaque souvenir.
Lien : http://loumanolit.canalblog...
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