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Critique de clairejeanne


Fatima, qui vit à La Courneuve dans les années 80 et qui est mère de nombreux enfants, rejoint d'autres algériennes pour bavarder dans le square situé au pied des tours. Dalila, sa fille aînée âgée de sept ans, reste collée à sa mère au lieu d'aller jouer ; à moitié cachée par les vêtements de Fatima, elle écoute. Et nous, nous écoutons également les histoires qui se disent là, dans le square, les histoires de toutes ces familles déracinées, qui essaient de ne pas perdre pied : il leur faut vivre à l'européenne mais ne surtout pas manquer aux traditions et obligations arabes et musulmanes. Les mères veulent que leurs filles fassent des études, elles qui sont analphabètes car nées en Algérie où presqu'aucune fille n'allait à l'école. Ces femmes ont été amenées par leur mari en France, elles y perdent leurs repères ; quand les enfants grandissent, elles ont du mal à les faire obéir et parler entre elles les aide à affronter toutes leurs difficultés.
Dalila écoute : il y a l'histoire de celle qui vivait recluse dans l'arrière-boutique humide de l'épicerie de son mari, trop timide, ne connaissant rien ni personne et n'osant pas sortir ; alors elle s'est énervée après un de ses enfants, celui qui faisait pipi au lit, car elle n'arrivait pas à faire sécher le linge. L'enfant a été placé en famille d'accueil par le médecin de l'hôpital et l'assistante sociale la troisième fois que sa mère s'en est pris à lui. Il y a celle qui raconte la vie que lui font les membres de la famille quand ils viennent la visiter en France; et il y a bien d'autres histoires, dont celle d'une fugueuse, les mariages forcés, le hammam, les enterrements, l'amour infini de beaucoup de mères, les bandes dans la cité... La vie ici et la vie comme elle était là-bas...
Dès le début du livre on sait que son père l'a battue une fois de trop, que Dalila n'en peut plus de cette violence et qu'elle est partie de chez elle alors qu'elle n'est que collégienne ; le père qui souffre d'un ulcère à l'estomac, "la maladie des Algériens" devient fou, hurle et la bat si elle n'obéit pas et rentre trop tard le soir. Les garçons eux ont le droit de sortir, mais pas les filles ; leur virginité n'a pas de prix.

Belle écriture, fine et douce, en longues phrases qui racontent sans jamais juger ; le but est plutôt d'expliquer, de s'attarder sur la vie quotidienne, les joies et les peines de ces femmes immigrées, de prendre mieux conscience de leurs problèmes. Un livre passionnant !
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