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EAN : 9789973580245
352 pages
Elyzad (22/04/2010)
3.54/5   25 notes
Résumé :
On est au début des années 80.
Banlieue parisienne. La Courneuve. Fatima et ses amies algériennes de la cité se retrouvent au square.
C'est leur patio. Elles sont les premières immigrées héroïnes de la littérature française. Dalila, 7 ans, la fille de Fatima, ne quitte pas le flan de sa mère. Elle écoute les histoires du quartier.
Violence et tendresse dans l'exil. Bavardages, rires, cris, colères, bagarres, viols ; flics...Dalila, battue par so... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Chronique des cités en banlieue parisienne dans les années 80.
A la Courneuve, au début des années 80, les cités sont peuplées de beaucoup d'étrangers, de Portugais, d'Antillais, et surtout d'Algériens, des Algériens déracinés qui ont fait venir leur famille en France. Fatima fait partie de ces femmes illettrées -parce-que, au bled, l'école c'était pour les garçons- qui ont suivi leur mari dans un pays qu'elle ne connait pas et dont elle ne parle pas la langue : alors elle retrouve ses compatriotes au square et elles se racontent leur détresse, la précarité économique, le silence de l'époux, la violence qui frappe les filles assujetties à leur père ou à leur frère, les garçons qui échappent à leur autorité, les mariages forcés, la détresse des femmes qui n'ont d'autre choix que se taire et obéir à leur mari, la violence qui naît du racisme et de la pauvreté… Dalila, la fille de Fatima, blottie silencieusement contre sa mère, écoute les femmes dévider leurs histoires, leurs hommes, leurs enfants, leurs difficultés, pour tromper l'angoisse… et Dalila comprend ce que sera sa vie si elle reste chez elle.
Alors Dalila décide d'échapper à son destin et de s'enfuir.
Véritable document sur la vie quotidienne des familles immigrées dans les années 80, Les Algériennes au square retrace un quotidien souvent tu et ignoré parce ces femmes ne sortaient pratiquement pas de chez elles sinon flanquées de leur mari pour aller acheter un produit de première nécessité à Barbés. Trente ans plus tard, les problèmes ne sont pas forcément les mêmes mais le bilan reste sombre.
A noter le ravissant écrin des éditions Elyzad poche !
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Dalila est une jeune fille algérienne, née en France. Ses parents, immigrés, vivent à La Courneuve, dans la cité des 4000. Lorsqu'elle était enfant, Dalila suivait très souvent sa mère, Fatima, au square où celle-ci discutait avec ses amies. Des discussions où se racontaient les histoires des familles d'immigrés, des histoires de filles violées, d'enfants battus, de bagarres de jeunes adolescents.
Aujourd'hui, Dalila se souvient de ces récits, car elle a décidé de fuir le domicile familial où son père la bat.

Ce livre est un petit bijou qui conte la vie dans les cités peuplées de français et d'immigrés, dans les années 80 en France. La population très hétéroclite n'est pas habituée à vivre ensemble aussi le racisme et les préjugés sont légion.
Ce qui fait la force de ce roman, c'est cette façon si douce de raconter des faits divers graves. Leïla Sebbar fait entrer son lecteur dans le cercle des amies de Fatima. On se retrouve au square. Mais on se retrouve également plongé dans le quotidien de la famille de Dalila et Fatima ; qui nous explique à travers les lignes pourquoi la jeune fille ne peut plus vivre entre ces murs.

L'histoire de Dalila est somme toute assez banale. Devenue jeune fille, elle souhaite vivre comme ses amies françaises : sortir le soir, flirter avec des garçons, etc. Mais cela ne doit pas se passer comme cela pour son père, fervent musulman, qui ne veut pas subir le déshonneur à cause de sa fille. le problème de l'intégration des immigrés est parfaitement rendu ici : la scission entre la volonté de s'intégrer dans une société faite de règles et de libertés différentes de celles enseignées à la maison. En Algérie, Dalila n'aurait peut-être pas vécu cela, car les tentations françaises auraient été moins présentes. Déteste-elle ce père devenu violent ? cette mère qui ne réagit pas ? ou le fait de vivre écartelée entre deux cultures très différentes ?
Quoiqu'il en soit, on retrouve toujours dans les récits de Fatima et ses amies, la question de la pauvreté et de ce qu'elle engendre.
Ali et Aïcha sont un couple très amoureux. Parents de cinq enfants, ils vivent dans une seule pièce. Aussi, lorsque Aïcha est à bout, elle bat son fils. Violemment. La proximité, la difficulté de l'intégration qui engendre l'isolement est facteur de violence. le récit de cette famille est très touchant. L'auteur ne juge à aucun moment ses personnages malgré les actes répréhensibles qu'ils commettent.

Malgré quelques tournures de phrases étranges (peut-être s'agit-il de la traduction) ou des phrases très longues, ce livre est tout simplement envoûtant. Il nous immerge totalement dans le monde des cités françaises dans les années 80 ; et cela pourrait également se dérouler à notre époque. C'est poignant, fort, bouleversant, violent, mais tellement touchant aussi.
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Nous sommes dans les années 80 dans les 4000 de la Courneuve. Beaucoup de familles maghrébines habitent ici. Fatima et les autres femmes, en majorité Kabyles totalement illettrées, se retrouvent souvent en bas de leur immeuble, toujours sur le même banc du square à côté d'un arbre, et parlent, racontent comme pour se libérer de la peur de l'inconnu, des inconnus que sont devenus leurs maris et enfants.
Dalila, fille de Fatima, restait collée à sa mère pour les écouter parler et souvent, il n'y est question que de coups portés aux filles. Les mères voudraient tant que les enfants réussissent à l'école, elles qui n'y sont jamais allées. Si elles sont indulgentes avec leurs fils fugueurs, qui désertent l'école, il n'en va pas de même avec les filles. Au Pays, elles sont enfermées, ici, c'est plus dur et elles craignent pour leur virginité, véritable sésame pour un mariage arrangé lors de vacances algériennes….
Les garçons, et bien, ils abandonnent petit à petit l'école, se retrouvent à plusieurs à Paris. Leur soif d'argent facile poussent certains à se prostituer au Boul'mich. Pour d'autres, c'est la bande de petits malfrats. Que voulez-vous, le père a abandonné leur autorité sur eux. Alors, les mères, lorsque se déclenche une bagarre entre bandes et que les forces de l'ordre arrivent, ont peur qu'un de leurs fils soit emmené au poste… Les pères sont souvent absents de par leur travail et leur boulot au noir ou leurs arrêts aux bistrots. Les mères, quant à elles, ont tissé une certaine connivence avec leurs enfants, même si cela ne va pas jusqu'à les défendre lorsque les pères les bat.

Tout cela Dalila l'entent, le retient et se dit Jamais. µDevenue adolescente, elle ose l'interdit en allant se balader à Paris avec une amie. Bien sûr, tout se paie cash et trash : lorsqu'elle rentre un peu tard ne voulant rien dire, le père prépare la ceinture et tabasse sa fille sans que Fatima ose, le plus souvent, intervenir. Pourtant, un jour, Dalila décide de sauter le pas : elle va partir de chez elle, fuguer… cela fait 8 jours que son père la tient séquestrée dans sa chambre. Et oui, que voulez-vous, au Pays, les filles sont séquestrées et pas besoin, à cette époque, d'aller trop à l'école, pour sa marier à 17 ans avec l'élu que votre père à choisi.
Je souhaite bon courage et bonne chance à Leila, car son nouveau parcours ne sera pas facile.

Je me pose une question. Est-ce ce manque de disponibilité du père, cette perte de repère qui a fait que certains se sont tournés vers des imams plus ou moins intégristes qui leur ont donné une ligne de conduite ??? ou ce besoin de racines qu'ils refusaient lorsque les pères leurs demandaient dans leur enfance d'apprendre les rites de tuerie du mouton pour les fêtes... ou lors des vacances au Pays ? Et oui, ce Pays, ce Pays de cocagne dont les pères leurs rebattent les oreilles. Ils vont même jusqu'à prévoir le retour de leur dépouille pour un enterrement là-bas, surtout ne pas être enterrés en terre mécréante !! Mais jamais il n'est question de mêmes dispositions pour la dépouille de leurs femmes.

Le livre de Leïla Sebbar est une véritable immersion dans ce monde qui m'est inconnu. Une très jolie couverture et un beau papier l'agrémente. Une belle lecture qui ne fut pas toujours facile. Ce livre, dur par moments est très instructif.

Je remerciement très vivement Libfly et les Editions Elyzad poche (cliquez sur l'icone pour visiter le blog) de m'avoir permis, dans le cadre de l'opération : Lire, partager, rencontrer : deux éditeurs se livrent - spécial Maghreb, de découvrir cette littérature. J'ai par ailleurs beaucoup aimé l'image. En cette période de voeux, je souhaite que tous ces coquelicots s'épanouissent pour un futur démocratique dans cette Tunisie si belle.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Fatima ou les algériennes au square est un très beau récit, que je suis heureuse d'avoir découvert au fil de mes périgrinations littéraires.
Ce roman a été publié pour la première fois en 1981. Je connaissais déjà le lieu de l'action : la cité des 4000, à la Courneuve. Dalila y a grandi, et aujourd'hui, alors qu'elle est encore au collège, elle fuit. Elle a passé huit jours enfermée chez elle, retenue par son père. Pendant ses huit jours, elle s'est souvenue de ses sept ans, quand sa mère Fatima, allait au square pour retrouver ses amies et parler enfin librement, de tout ce qu'elles ne disaient pas à leur mari. Ses femmes ne quittaient que rarement leur quartier, contrairement à leurs époux, elles cherchaient donc à recréer un peu de ce qu'elles avaient perdu en quittant l'Algérie. Elles parlaient, racontaient parfois des faits à la limite du soutenable, et souvent, elles oubliaient la présence de la petite Dalila, la seule enfant qui n'allait pas jouer avec les autres.
Ce texte est prenant, très actuel bien que trente ans se soient passés depuis son écriture. Il est question d'hommes, de femmes, de ceux que l'on a appelé "la première génération". Il est question de l'intégration, qui ne se fait pas, d'hommes et de femmes qui se retrouvent séparés par les faits. le cas le plus emblématique est celui d'Ali et d'Aïcha. Ils s'aiment, c'est la première certitude, mais les épreuves de la vie ont fait qu'Ali tient une petite épicerie en banlieue parisienne, il est "l'arabe du coin", ouvert à toute heure du jour, toute la semaine, et sa position dans la ville m'a furieusement rappelée celle des domestiques noires dans La vie à deux de Dorothy Parker. Sa femme vit dans les deux pièces à côté. Elle enchaîne les grossesses, ne sort pas non parce que son mari le lui interdit, mais parce qu'elle est extrêmement mal à l'aise. La promiscuité, l'isolement, la fatigue des grossesses successives et des enfants à élever font qu'elle craque et bat l'un de ses enfants. Pourquoi lui ? Elle ne saurait le dire, si ce n'est qu'elle n'est pas la seule à s'acharner sur un enfant en particulier. Un séjour à l'hôpital, deux séjours, et le troisième "accident", plus grave que les autres, provoque une enquête et surtout, une immense douleur chez Aïcha. Elle et son mari parviendront-ils à avoir enfin une vie supportable ? Je l'espère pour eux.
La force de Leïla Sebbar est de ne pas juger ces femmes, ni de les justifier. Elles-même se montrent promptes à être horrifiées par les excès de quelques-unes. En effet, c'est sur les filles, sur leur honneur que se porte toute l'attention. Les garçons ont plus de liberté, quand ils ne deviennent pas le chef de famille par délégation. Moins surveillés, ils se tournent plus facilement vers des activités illicites, et se détournent rapidement des études. Les filles, elles, sont surveillées, jugées, elles portent le poids de tous les interdits, et supportent toutes les menaces. La plus fréquente ? Celle du retour au pays. Pour le père, le pays natal est un Eldorado, la France n'est qu'un pays de passage. Pour les enfants qui ne sont qu'aller en vacances au bled, rien n'est tentant dans cette vie, absolument rien, ce qui accentue encore l'incompréhension entre les générations.
La langue est simple, mais parfois, je me suis demandée s'il n'y avait pas de petits soucis au niveau de la syntaxe avec la traduction.Que ce léger point de détail ne vous empêche pas de découvrir cet excellent livre.
Lien : http://le.blog.de.sharon.ove..
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Étrange immersion dans la vie de ces femmes de la cité. C'est à la fois difficile, violent, drôle et plein de tendresse, en tout cas bien plus vivant et nuancé que ce qu'on nous montre à la TV.
Je ne m'attarde pas sur cet aspect du livre mais plutôt sur la gène que j'ai ressentie. A l'heure où les débats s'enchaînent sur l'immigration, l'insertion, l'assimilation, la ghettoïsation, ce livre, écrit dans les années 80 reste d'actualité. Car il pose des questions fondamentales pour permettre de comprendre. Comprendre ce coté quasi schizophrénique d'immigrés qui ne sont bien ni d'un coté ni de l'autre de la Méditerranée, cette obsession des parents pour que leurs enfants n'oublient pas d'où ils viennent alors qu'au final ils ne se sentent ni d'ici ni de là bas. L'auteur ne porte aucun jugement et c'est ce qui fait toute la richesse du livre. A lire et à comprendre donc.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Elle lui avait dit qu'elle pourrait prendre sa fille en apprentissage, si elle quittait l'école, si elle ne continuait pas au lycée. Fatima s'était indignée. Sa fille travaillait bien. Elle allait au lycée. Elle aurait le bac et si elle ne voulait pas être institutrice comme elle l'aurait souhaité, elle continuerait ses études. Babette demanda "Pour quoi faire ?" Fatima ne répondit pas. Elle dit "Elle suivra la Faculté, peut-être médecine... je ne sais pas..." Elle vit Babette sourire.
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Elle écrivait les noms de ses enfants lorsqu'elle se retrouvait seule dans l'après-midi, sans course de ménage ni démarche à faire. Elle aimait cet effort qui lui prenait, en peu de temps, plus d'énergie qu'une journée passée à aller de bureau en bureau.
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Il ne parlait pas beaucoup. Elle le trouvait triste, il criait lorsqu'il la battait, il chantait à ce moment-là, il lui faisait peur, elle ne pensait plus que cet homme furieux était son père, ses gestes fous, ses hurlements contre elle, ses injures qui faisaient pleurer sa mère. La ceinture sifflait, la boucle l'atteignait au bras, au dos, à la cuisse, elle ne criait pas nepleurait pas, elle essayait d'échapper aux coups mais la pièce était petite.
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Elles apprivoisent le pays étranger de l’exil involontaire pour leurs enfants, pour qu’ils ne soient pas des étrangers dans le pays d’accueil, et qu’ils n’oublient pas les ancêtres musulmans
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L'Algérie était donc un pays de rééducation ? Pourquoi les pères disaient toujours, et parfois les mères, qu'ils allaient y envoyer le fils ou la fille qui leur donnait du mal.
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Videos de Leïla Sebbar (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Leïla Sebbar
La Bibliothèque francophone de Paris 8 vous propose une rencontre avec Leïla Sebbar, rencontre littéraire organisée par Ferroudja Allouache et Kamila Bouchemal ainsi que les étudiant.e.s de Master Création critique/Écritures du monde.
Retrouvez cette ressource et sa documentation sur Octaviana (la bibliothèque numérique de l'université Paris 8) : https://octaviana.fr/document/VUN0036_19
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