La puissance de mon cerveau me stupéfiait. J'étais un médium, j'étais comme possédé. Un esprit confondant s'exprimait par ma bouche. (...) Nom de Dieu, je parlais comme ces types à la télévision, ces intellos qui savent tout et causent de tout sans vergogne.
On est comme ça avec Beth. La culture, c'est notre truc . De vrais dingues, des passionnés . Quand ça nous prend, on bouquine pendant des heures . Le téléphone peut sonner, l'immeuble s"effondrer, rien ne saurait nous arrêter .
Je l'observais. Il était à genoux. Ça pouvait être réglé en deux secondes. Un main sur le nœud de cravate, une autre sur le froc et je le jetais dehors.
Je me suis réveillé avec un cloporte dans l’œil. Le droit. La gêne a été immédiate, dès que je l'ai ouvert. Je me suis redressé en sursaut sur le lit. Il devait être aux alentours de sept heures. Le décor de la chambre émergeait de la nuit. Tout était à sa place. Tout, à l'exception d'une forme ovoïde de quelques millimètres de diamètre qui galopait partout où je posais le regard.
J'ai choisi un pétard dans la boite . Un bison n°2, diamètre deux centimètres quatre . J'ai allumé la mèche et j'ai balancé au dessus de ma tête, par dessus le garde au corps . (...)
J'ai sorti un bison n°5, une merveille de quinze centimètres de long et de trois centimètres de diamètres.(...)
Je vous détruit, j'ai gueulé. je vous extermine .
je ne voulais pas que Wesley, le plombier,
profite de la situation, sous prétexte,
qu'elle ne faisait pas la différence
entre un mandarin de 16 et une matrice chanfreinée à 45 .
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"Trésor, tu te trompes, j'ai fait. ta thèse, ton avenir, ton métier, tout ça, c'est de la blague."
Elle m'a jeté un regard désorienté. Un bon point pour moi. J'avais capté son attention. J'ai enchainé sans lui laisser le temps de réfléchir. Tout ça, c'est de la blague, parce que demain, toi et moi nous serons morts."
Ça c'était ma fameuse technique du mal par la mal, dite aussi technique de l'anesthésie. Quand j'avais affaire à un désespéré, je créais chez lui un état de choc pour l'insensibiliser. Après ça il oubliait ses petits tracas, ses bobos, son nombril, et on pouvait reprendre avec lui une conversation normale entre personnes sensées.
C'est dingue, j'ai pensé, les problèmes dentaires qu'a cette pauvre Mme Mortez. Elle allait chez le dentiste plusieurs fois par semaine. C'est bien simple, elle y était toujours fourrée. Chaque fois que je sonnais à leur porte, c'était M. Mortez qui répondait. En six ans, nous n'avions jamais rencontré Mme Mortez. Nous l'entendions seulement qui gueulait à travers les cloisons. "Ils sont là, ce matin, ces feignants ?" Dingue, comme elle devait avoir mal.
- J'élabore mon best-seller pas à pas. Je vais même te confier un secret : en ce moment, je peaufine le titre.
- C'est vrai chéri ?
- Ah complètement. Le titre, c'est fondamental. Le titre, c'est la base. Toute l'œuvre en découle.
Pour ma part, j'ai l'habitude de commencer mes journées avec une tête de Seconde Guerre mondiale. Le matin, il me faut un plan Marshall pour relever mes décombres et revenir à la civilisation.