J'ai remarqué que les enfants consolent très facilement leurs mamans.
Avouer tes fautes, c'est te les faire pardonner.
C'est que le bon Dieu qui voit que tu n'es pas un ange, qui voit que tu n'es pas sage, te prévient par le moyen de ce rêve que si tu continues à faire tout ce qui est mal et qui te semble agréable, tu auras des chagrins au lieu d'avoir des plaisirs. Ce jardin trompeur, c'est l'enfer. Le jardin du bien, c'est le paradis ; on y arrive par un chemin raboteux, c'est-à-dire en se privant de choses agréables, mais qui sont défendues...
Sophie - Je crois, maman, que c’est le bain qui l’a fait mourir.
Madame de Réan - Un bain ? Qui est-ce qui a imaginé de lui faire prendre un bain ?
Sophie, honteuse - C’est moi, maman : je croyais que les tortues aimaient l’eau fraîche, et je l’ai baignée dans la mare du potager ; elle est tombée au fond ; nous n’avons pas pu la rattraper ; c’est le jardinier qui l’a repêchée ; elle est restée longtemps dans l’eau.
Madame de Réan - Ah ! c’est une de tes idées. Tu t’es punie toi-même, au reste ; je n’ai rien à te dire. Seulement, souviens-toi qu’à l’avenir tu n’auras aucun animal à soigner, ni à élever. Toi et Paul, vous les tuez ou vous les laissez mourir tous. [...]
Ces trois jours passèrent comme avaient passé les huit jours à Paris, comme avaient passé les quatre années de la vie de Sophie, les six années de celles de Paul ; ils passèrent pour ne plus revenir.
Sophie, tu as toujours des idées si singulières, que j’ai peur d’un accident causé par une idée.
On n’avait jamais vu un enterrement plus gai. Il est vrai que la morte était une vieille poupée, sans couleur, sans cheveux, sans jambes et sans tête, et que personne ne l’aimait ni ne la regrettait. La journée se termina gaiement ; et, lorsque Camille et Madeleine s’en allèrent, elles demandèrent à Paul et à Sophie de casser une autre poupée pour pouvoir recommencer un enterrement aussi amusant.
Sophie eut beau prier, supplier sa maman de ne pas lui faire porter l'abeille en collier, la maman appela la bonne, se fit apporter un ruban noir, enfila les morceaux de l'abeille et les attacha au cou de Sophie.
Sophie baissa la tête et s'en alla tristement dans sa chambre ; elle dina avec la soupe et le plat de viande que lui apporta sa bonne, qui l'aimait et qui pleurait de la voir pleurer. Sophie pleurait son pauvre poulet, qu'elle regretta bien longtemps.
Sophie ne disait rien ; elle restait immobile et rouge, la tête baissée, les yeux pleins de larmes. Elle eut envie un instant d'avouer à sa bonne que c'était elle qui avait tout fait, mais le courage lui manqua. La bonne, la voyant triste, crut que c'était la mort des petits poissons qui l'affligeait.