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Citations sur Les deux nigauds (11)

En Bretagne comme en Normandie, on est cousin et cousine à trois lieues à la ronde, vu que les parentés ne se perdent jamais et que vingt générations ne détruisent pas le lien primitif du vingtième ancêtre.
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-Savez-vous, chère amie, dit enfin M. Gargilier, que j'ai presque envie de donner une leçon, cruelle peut-être, mais nécessaire, à cette petite sotte de Simplicie et à ce benêt d'Innocent ?
-Quoi ? Que voulez-vous faire ? répondit Mme Gargilier avec effroi.
-Tout bonnement contenter leur désir d'aller passer l'hiver à Paris.
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À peine la chandelle fut-elle éteinte, que des centaines, des milliers de punaises commencèrent leur repas sur le corps des trois dormeurs. Ils se tournaient, s’agitaient dans leurs lits ; ils écrasaient les punaises par centaines ; d’autres revenaient, et toujours et toujours. Simplicie se grattait, se relevait, se recouchait, gémissait, pleurait. Innocent grognait, se fâchait, tapait son lit à coups de poing. Prudence comprimait sa colère, maudissait Paris, sans oser toutefois maudire la fantaisie absurde des enfants et l’incroyable faiblesse des parents. Le jour vint : les punaises se retirèrent bien repues, bien gonflées du sang de leurs victimes, et les trois infortunés, succombant à la fatigue, s’endormirent...
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INNOCENT: Puisque je te dis que je suis gai; c'est ta sotte figure qui m'ennuie.
SIMPLICIE: Si tu voyais la tienne, tu bâillerais rien qu'à te regarder.
INNOCENT: Laisse-moi tranquille; ma figure est cent fois mieux que la tienne.
SIMPLICIE: Elle est jolie, ta figure? tes petits yeux verts! un nez coupant comme un couteau, pointu comme une aiguille; une bouche sans lèvres, un menton finissant en pointe, des joues creuses, des cheveux crépus, des oreilles d'âne, un long cou, des épaules...
INNOCENT: Ta,ta,ta... C'est par jalousie que tu parles, toi, avec tes petits yeux noirs, ton nez gras en trompette, ta bouche à lèvres épaisses, tes cheveux épais et huileux, tes oreilles aplaties, tes épaules sans cou et ta grosse taille. Tu auras du succès à Paris, je te le promets, mais pas comme tu l'entends!
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- Vous viendrez nous voir à Paris? demanda enfin Simplicie.
LE PERE: Pas une fois! Pour quoi faire? Nous déplacer, dépenser de l'argent pour des enfants qui ne demandent qu'à nous quitter? Nous nous passerons de vous comme vous vous passerez de nous, mes chers amis.
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A mon petit-fils
Armand Fresneau
Mon cher petit, c’est à toi, bon petit habitant de l’excellente Bretagne, que je dédie l’histoire de ces deux nigauds qui préfèrent Paris à la campagne. Tu ne feras pas comme eux, car déjà Paris t’ennuie et la Bretagne te plaît. Reste toujours brave et loyal Breton, et garde-toi de devenir un Parisien frivole, moqueur, vain et inconstant.
Ta grand-mère
Comtesse de Ségur, née Rostopchine.
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Simplicie était restée seule à la maison ; elle préparait l'appartement pour la réception de son frère, dont elle attendait le retour avec impatience. Des pas se firent entendre sur l'escalier.
«C'est Innocent, je reconnais son pas», dit Simplicie en courant joyeusement ouvrir la porte. «C'est toi. Innocent ! Ah !»
Et Simplicie, terrifiée, repoussa la porte et alla se cacher dans le lavoir.
La porte ne tarda pas à se rouvrir ; les mêmes pas se firent entendre dans l'appartement, mais plus précipités ; Simplicie entendait aller, venir, chercher, fureter. Plus morte que vive, elle se gardait bien de bouger, car, en courant au-devant d'Innocent, elle avait vu apparaître sa tante, accompagnée de Boginski.
MADAME BONBECK-Où diable a-t-elle passé ? Cherchez donc, Boginski. Vous êtes là comme un bonhomme de plâtre ; regardez partout, ouvrez tout.
BOGINSKI.-Je vois rien, Mâme.
MADAME BONBECK.-Voyez dans ce cabinet ; c'est un sale lavoir, elle y est peut-être.
Boginski entra, aperçut Simplicie blotti dans un coin ; elle joignait les mains d'un air suppliant pour qu'il ne la dénonçât pas, Boginski, qui était bon garçon et qui, savait combien elle serait malheureuse si sa tante la reprenait, fit un petit signe rassurant à Simplicie, eut l'air de chercher partout, remua les marmites, les casseroles ; il mit une marmite sur la tête de Simplicie, un balai devant ses jambes, il accrocha un torchon à la marmite.
-Rien, dit-il, personne ; c'est étonnant !
Mme Bonbeck le regarda et, le menaçant du doigt :
-Je crois que tu me trompes, mon garçon ; laisse-moi y aller voir moi-même.
Elle entra, regarda partout ne vit rien, sortit et allait partir, quand un bruit retentissant la fit rentrer dans le cabinet, ou elle aperçut par terre Simplicie, que la peur et l'émotion veinaient de faire tomber en faiblesse ; la marmite avait dégringolé, le balai avait roulé, et Simplicie apparut aux yeux courroucés de sa tante.
-Je suis donc un diable, un Satan ! Est-ce ainsi qu'on se comporte envers sa tante ? Allons, sors de là, je te pardonne ; mets ton chapeau et viens avec moi.
-Non, non, je ne veux pas, Boginski, pour l'amour de Dieu, sauvez-moi, ne me laissez pas emmener ! gardez-moi jusqu'à l'arrivée de Prudence et de Coz, qui sont allés chercher Innocent.
Mme Bonbeck s'élança vers sa nièce pour la saisir et l'emmener de force ; mais, Boginski se plaça devant Simplicie.
-Non ; non, Mâme Bonbeck, moi pas laisser prendre par force pauvre enfant. Pas bien, ça, pas bien.
-Drôle, cria Mme Bonbeck, misérable ingrat !
Et, se jetant sur Boginski, elle voulut passer ; il la repoussa doucement ; elle l'accabla d'injures, de coups ; il supporta tout et ne bougea pas d'une semelle.
-Pas bien, Mâme Bonbeck, pas bien. Battre moi, ça fait rien, moi pas faire mal ; mais battre enfant, c'est mauvais. Pauvre petite ! elle a peur ; veut pas venir, veut rester ; faut la laisser.
-Animal ! dit Mme Bonbeck en s'éloignant, je te croyais plus plat.
J'aime mieux ça : je n'aime pas les gens qui me cèdent toujours.
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Diable de Paris ! marmotta Prudence. Tout y est incommode et pas du tout comme chez nous. Cette idée de bâtir des maisons qui n'en finissent pas ; étage sur étage ! Ça n'a pas de bon sens !
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La pension était située dans une des rues qui avoisinent le jardin du Luxembourg; la toilette bizarre de Simplicie, l'air nigaud d'Innocent, le bonnet de paysanne de Prudence et l'habit râpé du Polonais faisaient retourner et rire les passants.
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– Et le pauvre Innocent, quelle vie on lui fera mener dans cette pension !
– Ce sera pour le mieux. C'est lui qui monte sa sœur pour nous obliger à les laisser aller à Paris, et il mérite, et il mérite d'être puni. On envoie dans cette pension les garçons indociles et incorrigibles : ils lui rendront la vie dure , j'en serai bien aise. Quand il en aura assez, il saura bien nous l'écrire et se faire rappeler.
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