C'est le prix à payer pour la liberté totale : la surveillance totale.
Désormais, la question n'était plus Suis-je un type bien ? mais Combien suis-je un type bien ?
Quelque chose se ferma à hauteur de mon plexus solaire. Sur l'écran noir de mes peurs surgirent une multitude d'images confuses : un oiseau pris dans un filet, un enfant maintenu en laisse, un mur infranchissable... Mais qu'est-ce qui m'avait pris de venir étudier en Norlande ?
C'est impossible. Derrière un système, il y a toujours quelqu'un... ou quelque chose... un deus ex machina... un type qui donne des consignes... un gouvernement... un lobby... un dictateur... un complot... un fou... un génie... une secte... des extraterrestres... une espèce supérieure... des mutants... un cartel... un fonds d'investissement... une caméra cachée... un show télévisé... je ne sais pas, moi, quelque chose... (p.175)
On ignorait la Norlande comme on évite un voisin de palier au moment de sortir les poubelles: en regardant ses pieds.
A la piscine, j'ai rencontré cette fille avec ses grands yeux inquiets. Lucille est née effrayée. Elle est sortie de sa mère comme on plonge dans un océan déchaîné, avec la peur de se noyer au ventre. Et depuis, elle essaie de garder la tête hors de l'eau.
Je m'attendais à être incarcéré dans une cellule quand l'un des policiers m'informa aimablement que je pouvais rentrer au campus. Il ajouta que je n'avais ni le droit de quitter le territoire ni celui de recommencer à tuer des gens. Mais qu'en dehors de cela, je pouvais reprendre mes activités. Il m'enverrait sous peu un courrier pour m'informer des modalités à suivre. Voilà. C'était tout. Et surtout que je fasse bien attention à la petite marche en sortant. (p.129)
Tel était le vrai visage de l'amabilité norlandaise : des êtres civilisés par calcul, une générosité négociable au point près. (p.81)
Je ne vois que deux hypothèses, Paul : soit ces gens sont cinglés, soit ils sont en avance, tellement en avance que nous ne les comprendrons jamais. (p.72)