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Critique de Marcuyttendaele


Un vieux Folio acquis au début des années quatre-vingt et jamais lu. Parce qu'une génération, la mienne, voulait mettre l'horreur à distance, qu'elle croyait savoir tout en ne sachant pas, que tout cela devait être passé et révolu. Et puis il y eut le 7 octobre, l'exigence intime de se retourner, de reprendre par la bonne voie les aiguillages passés de la lecture et j'ai lu successivement La Nuit d'Elie Wiesel et le Grand voyage de Jorge Semprun. D'Auschwitz-Birkenau à Buchenwald. Là où Wiesel exprime incroyablement la mort et la mort de l'humanité, Semprun y célèbre la vie, la force inouïe de l'humanité, de la solidarité, du gars de Semur à qui il est collé pendant ce grand voyages, les « copains », copains d'infortune et de combat, ceux qui sont tombés, le gars de Semur, ceux qui ne reviennent pas, ceux qui en réchappent. le voyage de l'horreur vers l'horreur pire encore est avant tout un voyage intime, une voyage dans la mémoire, un voyage vers l'avant, un voyage vers l'après, une leçon inouïe de résilience – un mot qui n'existait pas encore – et de résistance. La résistance de l'intérieur et de la pensée, un grand voyage dans l'âme et l'esprit de l'auteur. Simplement un homme qui a choisi d'être libre, coûte que coûte, et quand la liberté a totalement la liberté, il lui reste le champ infini de la liberté de ses pensées et de son regard. Un regard qui est le seul acte possible encore pour dialoguer avec un « copain » à l'entrée de Buchenwald. Il s'est tu pendant seize ans car à peine sorti du camp, il n'a pas voulu être un ancien combattant, un de ceux qui rebâchent, qui ne vivent que par et pour le passé. Il a choisi de demeurer qui qu'il lui en coûte – et ce qu'il exprimera à travers Juan Larrea dans La Montagne blanche – avant de pouvoir toujours vivant s'armer de mots, choisir l'écriture. le grand voyage, ce voyage que chacun de nous doit emprunter, pour lire, pour avoir, pour comprendre, pour espérer. Parce qu'il y eut le 7 octobre !
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