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Critique de Laccrocheplume


Plus besoin de présenter ce grand écrivain, cet humaniste d'une générosité infinie qui a connu les geôles de Pinochet, a participé à la révolution au Nicaragua.

C'était avant que les écrivains ne s'affichent dans les magazines avec un sourire Colgate et signent des pétitions.

Bêtement, ce grand Monsieur nous a salués. Si bêtement que je me retourne encore dans mon lit en me disant que c'est injuste. Mais pourquoi lui ? Ma grand-mère disait, ce sont les meilleurs qui partent les premiers car ils pensent d'abord aux autres avant de penser à eux.

Elle avait peut-être raison, ma grand-mère.

La bassesse humaine, Luis Sepulveda l'a toujours dénoncée. Cette bassesse qui s'attaque toujours aux bêtes les plus faibles, qui détruit la nature. Ces hommes dont la bêtise ne cesse d'alimenter les grands drames qui nous traversent.

Ici, la face de brute est le maire d'un village au nom idyllique, « El Idilio », surnommé la limace tant sa transpiration dégouline du matin au soir. Ce maire a une particularité : il a le cerveau de la taille d'un minuscule caillou, aime commander, et a une facilité déconcertante à appuyer sur la gâchette. Eh oui, Luis Sepulveda n'aime pas les technocrates tyranniques. Il engendre catastrophe sur catastrophe. Eh oui, un technocrate tyrannique est un danger public. Et le seul qui réfléchit dans ce village est un homme qui sait lire, un vieux qui lit des romans d'amour à s'en arracher des larmes. Eh oui, un homme qui a du savoir est une menace pour le technocrate tyrannique.

Alors, les sujets abordés sont sérieux. Mais quel humour, quelle causticité, quel voyage, quelle parures et animaux aux morsures sauvages. Quelle bassesse ! Quelle bravoure !

Sa plume enlevée et féroce est un délice, une jouissance, et comme souvent dans la littérature sud-américaine, le dépaysement est tel que l'on pense être émerveillé par cette verve, par cette nature sauvage, par ces couleurs, ces musiques lancinantes et rites hallucinants. Mais en réalité, Luis Sepulveda nous guide et nous donne une véritable leçon sociale, politique, philosophique – tout en nous émerveillant.

Et donc, comment s'appelle quelqu'un qui sait faire tout ça en peu de pages ?

Bingo ! Un écrivain extraordinaire !

Je vous souhaite une belle lecture puisque le poche aux Editions Points est distribué depuis peu. Et que la plume chatoyante de ce grand homme vous colore la cervelle de plaisirs éternels ! Que cette jolie fable où l'homme blanc, le gringo moins intelligent que la bête stable et instinctive, vous apporte une once d'apaisement !

PS : Roman dédié à Chico Mendes qui a lutté pour la connaissance de la forêt naturelle avec peu de connaissance, et qui un jour a été assassiné.

4,5/5
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