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Critique de migdal


Les moustiques transmettent ils la maladie du sommeil ?

C'est la question que me pose cette lecture car j'avoue que ces pages sont un somnifère très efficace depuis un mois mais chaque jour le moustique Babelio bourdonne, le compte à rebours s'égrène … et aujourd'hui ma page d'accueil affiche « vous avez 0 jours de retard sur la publication de votre chronique » , me voici donc au pied du mur et je devine des centaines de Babeliotes avides et impatients de lire mon avis sur « Mustiks » ;-)))

Constatons d'abord que cet ouvrage est superbe, sa couverture évocatrice, le papier d'excellente qualité, les sept cents pages parfaitement imprimées s'inscrivent dans une typographie agréable et je remercie SEUIL pour cet envoi privilégié.

La traduction (américain) de Sabine Porte est remarquable, d'une grande richesse linguistique et révèle des mots peu usités ; à contrario l'absence de traduction des phrases en italien est un léger handicap, l'absence de traduction des propos africains (bantous ou zambiens ?) un obstacle rédhibitoire.

« Les chutes » introduisent efficacement cette « Odyssée en Zambie » en s'inspirant de « The Autobiography of an Old Drifter » de Percy M. Clark (George G. Harrap & Co., 1936) ; Namwali Serpell précise que « toutes les connotations racistes sont de lui » et commet «and old drifter » en lieu et place de « an old drifter » … Cette première partie résume la découverte du pays par Speke et Rhodes et la conquête britannique du temps de l'impératrice Victoria qui donne son nom au lac dominant le coeur de l'Afrique.

Ces chutes nous plongent dans l'Italie fasciste, le lupanar tenu par Adriana, l'enrôlement des ascaris, puis la naissance de Sibilla dont le handicap (hirsutisme) hérisse le poil et focalise, au fil des pages, l'attention au détriment des nombreux autres personnages. Suivent (sur deux cents pages) l'évocation d'Agnés et Matha les autres « grands mères », puis des mères (deux cents pages supplémentaires) et le récit dévie (à mes yeux) vers le farfelu, l'invraisemblable, la magie (noire) et la science fiction.

Or (personne n'est parfait) je suis aussi allergique à la Science Fiction (Jules Verne mis à part) qu'aux mangas et ce livre n'est manifestement ni écrit pour moi (ce qui n'est pas grave), ni conforme à sa quatrième de couverture car où sont la subtilité, l'hommage à la littérature classique et au réalisme ?

Ce roman nous propulse vers le transhumanisme et un avenir où antennes et écrans seront greffés sur notre corps … où moustiques et drones ne se distingueront plus … cette désincarnation explique peut être pourquoi les personnages de ce roman m'ont semblé incompréhensibles et assez peu sympathiques et pourquoi j'ai eu tant de mal à finir cet épais et lourd bouquin.

Le gap culturel peut être une autre explication. Dans notre univers cartésien nous lisons de gauche à droite et de haut en bas et nous analysons les arbres généalogiques en commençant généralement en haut à gauche …Namwali Serpell visite l'arbre (page 10) dans un ordre différent et slalome entre les trois grands mères, les trois mères et leurs trois enfants dans un désordre aussi aléatoire que déroutant qui contrarie la lecture.

En conclusion, ce très bel objet a nourri mes soirées depuis un mois et garanti un sommeil rapide, profond et paisible. Je le recommande donc très vivement aux insomniaques.

La romancière est dotée d'une imagination extraordinaire, la traductrice est excellente, mais un roman peut il s'abstraire d'un scénario crédible et se dispenser de personnages vraisemblables ?

Je prends donc la liberté de ne pas noter ce roman puisque je ne m'intéresse pas à la science fiction et suis passé loin de ces « mustiks » et de cette odyssée en Zambie.
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