Delacroix : 'Une fête pour l'oeil'

comment ce monde si beau renferme-t-il tant d'horreurs!

ce qu'elles se proposent avant tout: " l'imitation d'une certaine technique régnante" C'est ainsi que Delacroix définit le terme école dans son projet de dictionnaire des beaux arts! Le maitre n'aura en fait pas de véritables disciples, tout au plus quelques collaborateurs dot la carrière s'éteindra peu après sa mort. pourtant, en libérant la couleur, il est l'ancêtre d'une multitude d'artistes. "Nous y sommes tous dans ce Delacroix" disait Cézanne: impressionnistes, néo-impressionnistes et fauves, mais aussi Redon, Moreau, Matisse ou Klee, ou encore Picasso et sa grande série d'après les femmes d'Alger, peinte dans les années 1950

De Lamartine à Hugo, les romantiques ont souvent épousé les passions politiques de leur temps; Eugène Delacroix, fils de régicide, metteur en scène génial du mythe de barricades, conseiller municipal après le coup d'état de Louis napoléon Bonaparte en 1851, heureux bénéficiaire de commandes de l'état sous quatre régimes successifs, avait il des convictions politiques?

la plus célèbre des œuvres de Delacroix a été pendant un demi siècle victime des soubresauts de l'histoire politique française. Décrochée en 1833 des cimaises du musée du Luxembourg, de façon à prévenir toute récupération par les opposants au gouvernement de Louis Philippe, elle est restituée au peintre. En 1848, elle est réclamée par le musée mais disparaît dans les réserves; elle en sera difficilement exhumée, à la demande de Delacroix, pour figurer à l'Exposition universelle de 1855. De nouveau visible au Luxembourg en 1863, elle est entrée au Louvre en 1874 où elle devient aussitôt le point de mire de toutes les curiosités.

le résultat de mes journée est toujours le même: un désir infini de ce qu'in obtient jamais; un vide qu'on ne peut combler, une extrême démangeaisons de produire de toutes les manières, de lutter le plus possible contre le temps qui nous entraine, et les distraction qui jettent un voile sur notre âme.

Ces brimborions écrits à la volée sont autant de coups de pinceau à l'édification d'une autre œuvre monumentale le journal de Delacroix. Chronique d'une époque, lieu de réflexion sur l'art mais aussi carnet de comptes, refuge enfin, cet ensemble de confidences, destiné en partie à la publication, livre le plus intime d'une personnalité multiple.

de 1848 à 1861; le thème des chasses au tigre ou au lion permet à Delacroix de conjuguer son admiration pour Rubens et son gout de l'orient.

u terme de sa vie, Delacroix livre à saint Sulpice son ultime combat. Au pied de la lutte de Jacob, un bouclier, une lance et quelques effets composent pour le plaisir de l'œil une nature morte splendide dont les couleurs brillent comme celles d'un bouquet de fleurs.

désormais le peintre a réussi à s'imposer dans l'opinion publique comme l'un des acteurs essentiels du renouveau de la peinture monumentale et décorative en France, respectueux de la tradition sans pour autant voir renoncé à son style, où l'imagination s'exprime sans contrainte.

parce qu'il veut égaler les plus grands; parce qu'il est pénétré par cette idée que seule une œuvre décorative peut lui permettre d'atteindre la renommée qu'il estime lui revenir, Delacroix, au retour de son séjour en Afrique du Nord, attend l'occasion qui servira son ambitieux dessein.