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Critique de LaBiblidOnee


C'est l'histoire de jeunes actifs à San Francisco dans les années 90 : Un peu paumés, en mal d'amour, nous assistons à leur adaptation aux moeurs qui sont en train de changer et à leur apprentissage du couple, de la famille, des concessions.

Phil quitte son métier et manifeste contre les bombes nucléaires que fabrique son entreprise ; Ed, homosexuel, lutte contre lui-même et renonce à l'amour pour se conformer à ses croyances ; John cherche la femme de sa vie mais sa jalousie anéantit son couple ; Jan vit un amour secret mais décède avant de pouvoir se l'avouer et le vivre pleinement ; Liz préfère se marier avec un ami gentil pour donner des petits-enfants à sa mère avant qu'elle ne meure, plutôt que de vivre une passion destructrice.

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Si les thèmes de ce roman sont des classiques de l'époque, sa forme est ô combien originale ! Ce qui m'a donné envie de lire « Golden Gate », c'est principalement l'exploit qu'a accompli l'auteur en nous offrant, avec ces 320 pages de vers, un roman cohérent mais également des débats en vers aussi agréables que pertinents, sur des sujets comme l'homosexualité, la force nucléaire, etc. L'auteur parvient véritablement à exprimer tous les sentiments possibles à travers ses sonnets, que ce soit la lassitude, la passion, la colère, etc…! Je crois d'ailleurs, ce tour de force n'a été traduit qu'en 2009 pour la première fois, soit 20 ans après sa sortie dans sa langue originale (Pour ceux qui parlent bien l'anglais, il pourrait d'ailleurs être intéressant de le lire en version originale).

Concernant la version française, j'ai trouvé les sonnets parfois inégaux : certains sont parfaits et d'autres coulent un peu moins de source. Pourtant, même pour quelqu'un à qui la poésie n'est pas familière, la totalité du roman est aisément compréhensible. Car si, au départ, la forme peut déstabiliser sur un format aussi grand (lire un sonnet ou lire 320 pages de sonnets est une démarche bien différente), le cerveau s'habitue vite à la forme pour se consacrer au contenu.

Ce que j'ai beaucoup aimé, c'est l'apparente contradiction, mais en réalité la belle adéquation, entre la forme désuète des vers, et la modernité du contenu, que ce soit des mots ou des propos. C'est véritablement ce qui donne du relief à cette oeuvre. Avec l'habitude, je lisais la plupart des sonnets presque comme un roman classique, et ne je m'attardais sur le génie que des plus réussis à mes yeux. Pour autant, la musicalité est omniprésente qui rythme le récit.

Son balancement régulier apporte une touche de flottement à la lecture, qui m'a donné l'impression hypnotisante de survoler la vie des personnages au lieu de la ressentir complètement – Finalement, cela ne m'a pas gênée outre mesure puisqu'en contrepartie, les rimes apportent un certain recul sur les propos de l'auteur, ce qui leur confère de la force ; La tournure et les rimes apportent également une forme très plaisante d'humour ou d'ironie à certains propos.

Au final, ce roman en vers se lit de manière fluide même si au départ il pourra vous demander plus de concentration qu'un roman ordinaire, et il vous marquera sûrement par sa forme originale. Bref, un roman à la fois poétique et moderne, que je vous conseille pour l'expérience particulière malgré l'histoire très simple et très classique (et c'est dommage mais ça se comprend). Cette oeuvre peut également servir peut-être pour tenter d'intéresser les jeunes à la poésie !
Lien : http://onee-chan-a-lu.public..
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