Pendant que les autres le charriaient ,il souriait de son sourire vague et noyé,qui était désormais le seul que je lui connaîtrais.
Quand j'appelais chez mes parents,il m'arrivait d'entendre des bruits d'affrontement que personne n'expliquait,que personne même ne nommait.
Je ne lui parlerais pas,on ne se parlait pas,nous n'étions pas ensemble.
Quand je l’appelais et qu’il ne me rappelait pas, il me semblait qu’il n’y avait, autour de moi, plus que du vide : je ne savais pas où m’asseoir, j’avais peur qu’il lui soit arrivé quelque chose sans que je puisse me représenter quoi. A ce que je lui disais, il répondait toujours « T’inquiète ». A ma colère et à ma peur résistaient son silence, son sourire, le sentiment de mon impuissance totale. Tout ce que j’essayais de dire s’étranglait en moi. Les coutures du monde craquaient les unes après les autres. (p. 79)