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Citations sur Correspondance, tome 1 : Mars 1646 - Juillet 1675 (11)

On ne parle point d'ôter les sceaux à M. le chancelier. Le bon homme fut si surpris de se voir chancelier encore par-dessus, qu'il crut qu'il y avait quelque anguille sous roche ; et, ne pouvant pas comprendre ce surcroît de dignité, il dit au roi : Sire, est-ce que Votre Majesté m'ôte les sceaux ? Non, lui dit le roi, dormez en repos, M. le chancelier ; et en effet, on dit qu'il dort quasi toujours.
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Vous me dites si souvent, ma belle cousine, que vous me regretteriez beaucoup si j'étais mort, et je trouve si beau pour moi d'être regretté de vous, que cela me ferait souhaiter d'être en cet état, sans quelques petites raisons qui m'en empêchent encore.

Bussy-Rabutin à Mme de Sévigné, le 17 août 1654.
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Vous me demandez, ma chère enfant, si j'aime toujours bien la vie : je vous avoue que j'y trouve des chagrins cuisants ; mais je suis encore plus dégoûtée de la mort : je me trouve si malheureuse d'avoir à finir tout ceci par elle, que, si je pouvais retourner en arrière, je ne demanderais pas mieux. Je me trouve dans un engagement qui m'embarrasse : je suis embarquée dans la vie sans mon consentement ; il faut que j'en sorte, cela m'assomme ; et comment en sortirai-je ? Par où ? par quelle porte? quand sera-ce ? en quelle disposition ? souffrirai-je mille et mille douleurs qui me feront mourir désespérée ? aurai-je un transport au cerveau ? mourrai-je d'un accident ? comment serai-je avec Dieu? qu'aurai-je à lui présenter ? la crainte, la nécessité feront-elles mon retour vers lui ? n'aurai-je aucun autre sentiment que celui de la peur ? que puis-je espérer ? suis-je digne du paradis ? suis-je digne de l'enfer ? Quelle alternative! quel embarras ! Rien n'est si fou que de mettre son salut dans l'incertitude ; mais rien n'est si naturel, et la sotte vie que je mène est la chose du monde la plus aisée à comprendre : je m'abyme dans ces pensées, et je trouve la mort si terrible, que je hais plus la vie parce qu'elle m'y mène, que par les épines dont elle est semée. Vous me direz que je veux donc vivre éternellement ; point du tout, mais si on m'avait demandé mon avis, j'aurais bien aimé à mourir entre les bras de ma nourrice ; cela m'aurait ôté bien des ennuis, et m'aurait donné le ciel bien sûrement et bien aisément : mais parlons d'autre chose.
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Je m'en vais vous mander [vous apprendre] la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante...
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Mme de Sévigné à sa fille Mme de Grignan enceinte et en Provence, le 31 mai 1671 :

C'est une chose étrange que les grands voyages : si l'on était toujours dans le sentiment qu'on a quand on arrive, on ne sortirait jamais du lieu où l'on est ; mais la Providence fait qu'on oublie, c'est la même qui sert aux femmes qui sont accouchées : Dieu permet cet oubli, afin que le monde ne finisse pas, et que l'on fasse des voyages en Provence.
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N’allez pas, sur cela, vous mettre à m'aimer éperdument, comme vous m'en menacez : que voudriez-vous que je fisse de votre éperdument, sur le point d'être grand'mère ? Je pense qu'en cet état je m'accommoderais mieux de votre haine que de votre extrême tendresse ; vous êtes un homme bien excessif : n'est-ce pas une chose étrange, que vous ne puissiez trouver de milieu entre m'offenser outrageusement, ou m'aimer plus que votre vie ? Des mouvements si impétueux sentent le fagot, je vous le dis franchement : vous trouver à mille lieues de l'indifférence est un état qui ne vous devrait pas brouiller avec moi, si j'étais une femme comme une autre ; mais je suis si unie, si tranquille et si reposée, que vos bouillonnements ne vous profitent pas comme ils feraient ailleurs.

Mme de Sévigné à Bussy-Rabutin, le 4 Juin 1669.
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Mme de Sévigné à Bussy-Rabutin, le 24 janvier 1675.

[…] et tous nos désirs n'avancent pas d'un moment l'arrangement de la Providence ; car j'y crois, mon cousin ; c'est ma philosophie. Vous, de votre côté, et moi du mien, avec des pensées différentes, nous allons le même chemin : nous visons tous deux à la tranquillité, vous, par vos raisonnements, et moi par ma soumission. La force de votre esprit et la docilité du mien nous conduisent également au mépris de tout ce qui se passe ici-bas. Tout de bon, c'est peu de chose, nous avons peu de part à nos destinées : tout est entre les mains de Dieu. Dans de si solides pensées, jugez si je suis incapable de comprendre votre tranquillité.
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Je m'en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe, la plus singulière, la plus extraordinaire, la plus incroyable, la plus imprévue, la plus grande, la plus petite, la plus rare, la plus commune, la plus éclatante, la plus digne d'envie: enfin une chose dont on ne trouve qu'un exemple dans les siècles passés, encore cet exemple n'est-il pas juste; une chose que l'on ne peut pas croire à Paris (comment la pourrait-on croire à Lyon?); une chose qui fait crier miséricorde à tout le monde; une chose qui comble de joie Mme de Rohan et Mme d'Hauterive ; une chose enfin qui se fera dimanche, où ceux qui la verront croiront avoir la berlue; une chose qui se fera dimanche, et qui ne sera peut-être pas faite lundi. Je ne puis me résoudre à la dire; devinez-la: je vous la donne en trois. Jetez-vous votre langue aux chiens?
lettre du 15 décembre 1670 à son cousin
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J'ai une impatience qui trouble mon repos.
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Vous me demandez les symptômes de cet amour : c'est premièrement une négative vive et prévenante ; c'est un air outré d'indifférence qui prouve le contraire ; c'est le témoignage des gens qui voient de près, soutenu de la voix publique ; c'est une suspension de tout ce mouvement de la machine ronde ; c'est un relâchement de tous les soins ordinaires, pour vaquer à un seul ; c'est une satire perpétuelle contre les vieilles gens amoureux ; vraiment il faudrait être bien fou, bien insensé : quoi, une jeune femme ! voilà une bonne pratique pour moi, cela me conviendrait fort ; j’aimerais mieux m'être rompu les deux bras. Et à cela on répond intérieurement ; et oui, tout cela est vrai : mais vous ne laissez pas d'être amoureux ; vous dites vos réflexions, elles sont justes, elles sont vraies, elles font votre tourment ; mais vous ne laissez pas d'être amoureux : vous êtes tout plein de raison, mais l'amour est plus fort que toutes les raisons : vous êtes malade, vous pleurez, vous enragez, et vous êtes amoureux.
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