"Captivant de la première à la dernière ligne, c'est le genre de livre qui vous fait perdre toute notion de l'heure." (selon The
New York Times).
"Pas si captivant que ça, je trouve, trop long au départ mais addictif sur les 200 dernières pages" (dixit Belette2911)
Mais je ne suis pas le
New-York Times, moi, et ma critique ne fera sûrement pas vendre plus parce que je n'ai pas du tout perdu la notion de l'heure ou celle du temps, lors de ma lecture. Que du contraire ! Heureusement que ça passe mieux après les 150 premières pages.
Mister (Albert
William Packer) est un mafioso, dans sa version anglaise. Notre homme est distingué, sûr de lui, self-made man, rempli de self-control, toujours prompt à riposter envers ceux qui ne jouent pas le jeu ou veulent le doubler, imbu de lui-même…
Un vrai Napoléon du crime qui n'a jamais connu de défaite et qui vole d'Austerlitz en Iéna (de victoire en victoire, quoi).
Le voilà qui vient de sortir parfaitement libre de son procès, laissant son adversaire – le service des douanes britanniques – tenter de digérer ce cuisant revers. Trois ans de travail réduit à néant sur défection d'un témoin.
Au départ, même si Mister fait "truand chic et impitoyable", j'ai trouvé qu'il avait le charisme d'une amibe desséchée.
Bon, après, j'ai révisé mon jugement, son côté amibe a disparu et j'ai vu une hyène en costume cravate, mais malgré tout, il lui manquait la flamboyance des vrais Grands Méchants. Même si c'est un vrai salopard, il lui manquait un truc pour en faire un Méchant inoubliable.
Joey Cann – l'autre personnage principal – faisait partie des douanes, il était archiviste, autrement dit, une chiure de mouche, mais lui, il ne veut pas laisser tomber l'affaire.
Alors, il va suivre Mister lors de son périple à Sarajevo, là où il veut étendre son domaine d'action. Dans sa mission, Joey sera aidé par Maggie Bolton, un agent féminin qui en connait un sacré bout sur la ville. Si Joey est un néophyte, elle, c'est une pro !
Passant tour à tour du côté de la loi (Cann et les autres) à celui des truands (Mister et son équipe); de Londres à Sarajevo; de 2001 (époque où l'action se déroule) à 1992, lors de la guerre en Yougoslavie, on ne pourra pas se plaindre que l'auteur ne nous ait pas fait varier les plaisirs, les protagonistes, les lieux ou les époques.
Ce sont ces passages sur la vie à Sarajevo, avant, pendant et après la guerre, qui m'a captivé et fait perdre la notion du temps. Certes, on se demande, au départ, ce que la guerre et la pose des mines dans les champs aura avoir avec le roman, mais les explications viendront en temps utile (fin du livre).
La question que tout le monde se pose est "Est-ce que Sarajevo sera le Waterloo de Mister ? Ou tout simplement une version de la "retraite – la queue entre les jambes – de Russie" comme pour le véritable Napoléon.
Joey Cann peut-il le faire tomber ? Can(n) he do it ? le loser peut-il venir à bout du winner ? Réponse dans le roman.
En tout cas, Joey est tenace, n'a pas peur de Mister et sera comme un moustique qui vous tourne autour mais que vous ne pouvez pas écraser au vu de tous, de peur qu'ils pensent que vous perdez votre sang-froid légendaire.
Là où le roman devient addictif, c'est dans le duel final… Ne vous attendez pas à un duel à la
Clint Eastwood dans "The good, the bad and the ugly", mais notre Joey aura tout du salopard dans ce duel, bien que je ne puisse le blâmer.
On sent le travail du journaliste dans la plume de l'auteur car tout y est bien détaillé et nous donne l'impression d'être plongé jusqu'au coup dans cette ville où règne toujours la misère et la corruption. Gros tacle aussi sur notre Société à nous, sur ceux qui sont allé pour "aider" et tir à boulets rouges sur ce que le côté salaud du genre humain.
Même celui qui voudrait rester loin de la corruption, rester propre, clean, tombera dedans un jour. Pas le choix. Enfin, si : marche avec nous ou crève ! C'est vicieux, mais c'est ainsi.
Un roman qui est loin d'un
John le Carré comme indiqué, il ne me marquera pas mon esprit – hormis pour ses passages sur la pourriture de guerre qui eut lieu entre 1992 et 1996 – bien que j'ai tout de même passé un bon moment avec lui sur la fin, ce qui m'a consolé du départ laborieux.
Malgré tout, vu ce qui était noté en 4ème de couverture, j'avais espéré bien mieux que ce que je viens de lire… Dont un Grand Méchant plus "charismatique", pas pour l'aimer, mais pour frissonner à mort du début à la fin.
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