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Critique de Coeurdechene


Grandclapier est un ogre.
Oh, non, pas ce genre d'ogres méchants dont la littérature est friande. Lui il est gentil. Il est parti de chez ses parents pour vivre près des hommes, car il a un secret : il est amoureux d'une princesse. D'une reine, même, pour être exact.
Et comme dans toutes les histoires d'amour que l'on écrit, il est impossible à un ogre d'épouser une reine. Il va donc se faire aider pour conquérir le coeur de son aimée.

Il rencontre Brasque le Noir, un barbare banni de son village pour avoir tué un dieu. Tous deux vont faire cause commune, l'ogre par amour, le barbare pour assouvir sa colère.
Malheur à celui qui croisera leur route.

Est-il encore nécessaire de présenter Joann Sfar ? Auteur, scénariste, dessinateur, réalisateur, il sévit dans tous les domaines artistiques liés à la littérature.

Fort de sa première entrée en littérature adulte en 2012 avec le roman L'Eternel, il s'attaque avec Grandclapier à la littérature jeunesse. le roman est un bel objet, écrit gros et illustré pleine page, attirant pour peu qu'on apprécie le style d'illustration de Sfar, et la quatrième de couverture nous promet un roman rabelaisien pour la jeunesse. de quoi allécher son lecteur.

Et si le style de Rabelais est bien présent, on tombe très rapidement dans la parodie et on oublie clairement dès la deuxième page qu'on est dans un roman jeunesse.
L'écriture un peu ampoulée, les titres de chapitres rappelant ceux des romans du XIXème siècle ("Où l'on se rend compte que..."), le vocabulaire volontairement grossier, tout cela prête à sourire, même si la surenchère lasse très vite.
En revanche, on change complètement de registre quand de grossier on tombe dans le vulgaire, quand les descriptions deviennent gore (un hommage à Tarentino ou à Romero ?) et quand les personnages descendent sous la ceinture (sans vêtements), images comprises. Mais là où Sfar veut se montrer grivois, le lecteur averti voit gris.

Et du coup on s'interroge : quel genre de livre est-ce donc ?
Le fond de l'histoire est somme toute assez commun. Un ogre amoureux d'une princesse qu'il veut délivrer et épouser. Un barbare jeté hors de chez lui qui cherche un sens à sa vie et assouvit sa colère sur tout ce qui le contrarie. le genre d'histoire qui pourrait plaire à un enfant de 8 ans.

Mais si on tient compte du vocabulaire et des références évoquées (Rabelais notamment), on vise plutôt un lectorat young adult...
Un oeil sur le site de l'éditeur confirme que le lectorat cible est à partir de 14 ans. Dans ce cas de deux choses l'une.
- Soit l'éditeur a une meilleure (ou plus mauvaise) opinion que moi des ados (on est d'accord, ils ne sont pas en sucre, mais dans ce roman, plusieurs passages sont choquants et sans équivoque, même pour un public plus âgé. Encore une fois, les illustrations ne sont pas en reste...).
- Soit personne n'a pris la peine de lire le texte du point de vue d'un ado chez l'éditeur et il a été publié sous la seule caution du nom de l'auteur. Ce qui serait plus préoccupant.

Bref, un ouvrage qui promet beaucoup mais qui déçoit plus encore. Vulgaire, grossier, décousu, les qualificatifs peuvent se multiplier sans crainte, il y a de la marge. Ma plus grosse interrogation étant de savoir si réellement un ado de 14 ans pourrait lire ce texte et l'apprécier, comme semble le penser l'éditeur.
Pour ma part, c'est peine perdue.
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