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Citations sur 10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange (104)

Personne n’a envie d’acheter des tomates qui ont été touchées, pressées et souillées par d’autres clients. Mieux vaut que toutes les tomates du marché soient bien emballées et protégées. Pareil pour les femmes, disait le cheikh. Le hijab était leur emballage, l’armure qui les protégeait contre les regards salaces et les contacts non désirés.
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La possibilité d’une destruction immédiate et massive de la civilisation n’est pas si effrayante comparée au constat banal que notre trépas individuel n’a aucun impact sur l’ordre des choses, que la vie continuera identique avec ou sans nous. Et ça, avait-elle toujours pensé, c’était vraiment terrifiant. 
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Le chagrin est une hirondelle, dit-il. Un jour vous vous réveillez et vous vous dites, ça y est il s'est envolé, mais il n'a fait qu'émigrer dans un autre endroit, il se réchauffe les plumes. Tôt ou tard il revient se percher de nouveau dans votre cœur.
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Mais la mémoire humaine ressemble à la nuit d’un fêtard qui a bu quelques coups de trop : elle a beau s’appliquer, elle ne parvient pas à marcher droit.
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Allez rendre visite à la tombe dé votre amie. Plantez des fleurs. Priez pour son âme. J'ai appris qu'elle était originaire de Van. Comme ma défunte femme. Elle est morte dans le tremblement de terre, autrefois, en 1976. Pendant des jours, on a creusé dans les gravats, mais on n'a jamais pu la retrouver. Au bout de deux mois, les bulldozers ont aplati toute la zone. Les gens me disaient : “Ne sois pas si triste, Kameel Effendi. Qu'est-ce que ça change, à la fin ? Elle est enterrée, est-ce qu'on ne va pas tous la rejoindre un jour six pieds sous terre ?” Peut-être que c'était dans une bonne intention, mais Dieu sait que je les ai haïs de dire des choses parcilles. Les funérailles sont faites pour les vivants, ça c'est certain. C'est important d'organiser un enterrement correct. Sinon on ne guérit jamais à l'intérieur, vous ne croyez pas ? Enfin, ne faites pas attention, je radote, rien de plus. J'imagine. je voulais vous dire, je sais ce que c'est de ne pas pouvoir dire adieu à un être cher.
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Elle saisissait encore mal que la fin de l'enfance n'intervoent pas quand le corps d'une enfant change sous l'effet de la puberté, mais quand son esprit devient apte à voir sa vie par les yeux d'un étranger.
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Parfois c'est là où tu te sens le plus à l'abri que tu es le moins à ta place.
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Istanbul était une ville liquide. Rien ici de permanent. Rien qui semble établi. Tout avait dû commencer des milliers d’années auparavant, quand les lames de glace fondirent, que les eaux montèrent, et que toutes les formes de vie connues furent détruites. Les pessimistes avaient été les premiers à fuir les lieux, sans doute ; et les optimistes à choisir d’attendre pour voir comment les choses allaient tourner. Nalan se dit que l’une des tragédies constantes de l’histoire humaine, c’est que les pessimistes sont plus doués pour la survie que les optimistes, d’où il s’ensuit logiquement que l’humanité véhicule les gènes d’individus qui ne croient pas en l’humanité.
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Vous avez grillé un feu rouge.
— Vraiment ? l’interrompit le conducteur. Vous savez qui est mon oncle ? »
C’était une allusion que tout agent futé aurait prise en compte. Des milliers de citoyens à tous les échelons de la société entendaient chaque jour ce genre d’insinuation et saisissaient aussitôt le message. Ils comprenaient qu’on pouvait faire sauter les contraventions, tordre les lois, faire des exceptions. Ils savaient que les yeux d’un employé du gouvernement pouvaient devenir temporairement aveugles, et ses oreilles sourdes aussi longtemps qu’il le fallait. Mais cet agent de police-là, bien que ce ne soit pas un bleu dans le métier, souffrait d’une maladie incurable : l’idéalisme. En entendant le discours du jeune homme, au lieu de reculer, il répondit : « Peu m’importe qui est votre oncle. Les lois sont les lois. »
Même les enfants savent que ce n’est pas vrai. Les lois sont parfois les lois. D’autres fois, selon les circonstances, ce sont des paroles vides, des expressions absurdes ou des plaisanteries dépourvues de chute. Les lois sont des tamis aux trous si larges que toutes sortes de choses peuvent passer au travers ; les lois sont des plaquettes de chewing-gum qui ont perdu leur goût depuis longtemps mais qu’on n’a pas le droit de cracher ; les lois de ce pays, et de l’ensemble du Moyen-Orient, sont tout sauf des lois. L’agent paya de sa carrière le fait de l’avoir oublié. L’oncle du conducteur – un des principaux ministres – s’assura qu’il serait muté dans une sinistre petite ville sur la frontière orientale où il n’y avait pas une voiture sur des kilomètres à la ronde.
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Des chercheurs de divers établissements connus dans le monde entier avaient relevé des signes d’activité cérébrale persistante chez des gens qui venaient de mourir. Dans certains cas elle ne durait que quelques minutes. Dans d’autres, jusqu’à dix minutes et trente-huit secondes. Que se passait-il durant ce laps de temps ? Le défunt se rappelait-il le passé, si oui, quelles parties, et dans quel ordre ? Comment l’esprit parvenait-il à concentrer une vie entière dans le temps que met une casserole d’eau à bouillir ?
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