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Critique de Cricri124


« Les humains croient savoir avec certitude où s'arrête leur être et où commence celui de l'autre. […] Les arbres ne se nourrissent pas de telles illusions. Pour nous, tout est relié. »

D'une certaine façon, ce sont ces ramifications qu'Elif Shafak déploie par « segments brisés » à travers plusieurs histoires qui cohabitent et alternent. L'une d'elles se déroule à Londres en 2010 avec les préoccupations d'une jeune adolescente dont la maman vient de décéder et qui a grandi dans une sorte d'omerta autour de cette autre île, Chypre, dont ses parents sont originaires. Une autre se déroule à Chypre et commence en 1974, en pleine guerre civile, avec l'amour interdit de ses parents. Une autre encore, dévoile les observations d'un figuier sur son environnement et les agissements des hommes.

Dans l'ensemble, il s'agit d'une lecture plaisante mais en ce qui me concerne, inégale. Les passages relatifs à Ada en 2010, par exemple, n'ont pas véritablement réussi à capter mon attention. J'en attendais plus, étant donné le contexte.
De plus, les personnages, quoiqu'attachants et remplis d'humanité, m'ont également paru manquer d'épaisseur. A l'exception toutefois du figuier. Cet arbre apporte un souffle un brin holistique aux évènements. C'est le maillon fort de la chaine. Il observe son environnement avec distance, tendresse, mélancolie aussi, et véhicule un message dont les hommes devraient un peu plus s'inspirer en arrêtant de se croire « supérieurs à toutes les formes de vie passées ou présentes. » Evidemment, il faut accepter le principe qu'un arbre puisse penser, raisonner, comprendre le langage des hommes, et même lire, ce qui peut être déroutant au début.

L'île aux arbres disparus aborde en toile de fond la fracture entre Chypriotes grecs et turcs, loin d'être cicatrisée, mais il s'agit avant tout, selon moi, d'un livre sur le poids et la force des racines : celles que l'on transporte avec soi quand on est contraint à l'exil, celles, intergénérationnelles, que l'on transmet ou refuse de transmettre à ses enfants, celles qui restent enterrées, celles qui unissent ou désunissent, celles qui, d'une manière ou d'une autre, qu'on le veuille ou non, nous relient…
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