Il y a des moments dans la vie où chacun doit devenir une sorte de guerrier. Si tu es poète, tu combats avec tes mots ; si tu es peintre, tu combats avec tes toiles… Mais tu ne peux pas dire : “Désolé, je suis poète, je passe mon chemin." Tu ne dis pas ça quand il y a tellement de souffrance, d’inégalité, d’injustice.
Les enfants des humains apprennent à peindre la terre d’une seule couleur. Ils imaginent le ciel en bleu, l’herbe en vert, le soleil en jaune, et la terre entièrement marron. Si seulement ils le savaient, ils ont des arcs-en-ciel sous leurs pieds.
(Deuxième partie : RACINES – Figuier)
C’est cela l’effet qu’ont sur nous les migrations et relocalisations : quand on quitte son foyer pour des rivages inconnus, on ne continue pas tout simplement comme avant ; une partie de soi doit mourir à l’intérieur pour qu’une autre puisse tout recommencer.
(Première partie : COMMENT ENTERRER UN ARBRE - Figuier)
Des légendes ,peut-être.
Mais les légendes sont là pour nous dire ce que l'histoire a oublié. (p.11)
Les lieux où nous naissons dessinent la forme de notre vie, même si nous en sommes éloignés.
(Première partie : COMMENT ENTERRER UN ARBRE - Figuier)
Elle se souvint comment son père lui racontait que par des températures extrêmement froides, certains oiseaux, comme les mésanges à tête noire, tombaient dans de brèves torpeurs afin de conserver de la chaleur en prévision du mauvais temps. C’est exactement ce qu’elle éprouvait en ce moment, effondrée dans une sorte d’inertie afin de se raidir pour affronter ce qu’il l’attendait.
(Première partie : COMMENT ENTERRER UN ARBRE – Salle de classe)
Les humains sont bizarres, bourrés de contradictions. On dirait qu'ils ont besoin d'haïr et d'exclure autant qu'ils ont besoin d'aimer et d'éteindre. Leur coeur se ferme étroitement, puis s'ouvre béant, pour vite se resserrer, comme un poing indécis.
Les humains trouvent les rats et les souris infects, mais les hamsters et les gerbilles charmants. Les papillons ont droit à leur sympathie, les mites pas du tout. Ils ont un faible pour les coccinelles, mais si jamais ils aperçoivent un hanneton, ils l'écrasent séance tenante.
Des ramures de glycine grimpaient sur les murs blanchis à la chaux, cherchant à atteindre les nuages, emplies de cet espoir que seuls connaissent les rêveurs.
(Île)
Figuier
J'aurais aimé pouvoir lui dire que la solitude est une invention humaine.Les arbres ne sont jamais esseulés. Les humains croient savoir avec certitude où s'arrête leur être et où commence celui de l'autre. Avec leurs racines entremêlées et piégées sous terre, combinées aux champignons et aux bactéries, les arbres ne se nourrissent pas de telles illusions. Pour nous,tout est relié. (p.44)
Faute de comprendre notre passé, comment pouvons nous espérer orienter notre avenir ?
(Première partie : COMMENT ENTERRER UN ARBRE – Une fille nommée Île)