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Critique de 5Arabella


Troisième volume du Palais des vases brisées. Les destins de certains personnages se précisent, et surtout l'architecture d'ensemble se met en place. Nous sommes en 1936, c'est l'année des émeutes arabes, l'Histoire se met en marche. Mais nous la suivons de loin, par les yeux de nos personnages, qui en sont toujours à affronter leurs propres démons, fantômes, rêves et obsessions.

Le palais des vases brisées est une pour moi une sorte de gigantesque tapisserie, avec de nombreux dessins, motifs, couleurs. L'air de rien, David Shahar met la lumière sur telle ou telle partie, qui avant était dans l'ombre, ou que l'on voyait, mais tout d'un coup, en la juxtaposant à un autre motif, elle apparaît différente, les proportions, les dynamiques ne sont plus du tout les mêmes. Et c'est un jeu qui peu durer à l'infini, parce que quelque chose échappe forcément toujours. On ne peut voir que des petits bouts à la fois, jamais l'ensemble. Des tessons des vases rayonnants de lumières, mais reconstituer un vase entier, c'est un objectif jamais atteint complètement.

Dans ce volume, il est question d'art, de poésie, et aussi d'amour, d'amour mythique, sacré, le cantique des cantiques, mais avant déjà Astarté et Tammouz, mais aussi de celui des personnages du roman, en lien avec les mythes, parce que ces derniers sont la matrice, le modèle.

Et la jalousie et la folie ne sont jamais loin de l'amour, comme dans l'histoire d'Hérode et de Mariamne.
La jalousie, liée à Héra, à l'Argus aux cent yeux, transformé en paon, que l'on retrouve dans ce tome, encore plus important. Paon symbole de l'immortalité et de la résurrection, mais aussi lié au soleil, à la lumière. L'ange-paon des Yézidi est le premier à faire apparaître la lumière de Dieu, qui créé l'univers, ce qui nous ramène encore à ce concept de vases brisées. D'autant que l'objet sur lequel le paon nous apparaît est issu d'une création artistique authentique, de celle qui créée plus qu'un objet, une idée, un concept, une façon de voir et d'appréhender le monde, une sensibilité qui donne sens.

Mais au-delà de toutes ces idées, c'est un livre sur l'amour qui jaillit alors qu'on ne l'attend pas (plus ) forcément, comme une évidence et une nécessité. Sur la jalousie, le sentiment de possession, justifiés ou non. Sur la mort qui peut surgir, être donnée, y compris par quelqu'un que l'on considérait comme un ami. Sur ce qui sépare tout d'un coup ceux qui étaient proches. Et sur la mémoire qui garde, qui retrouve, alors que les êtres ne sont plus là.
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