AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de BazaR


Après les deux malnommées parties de Henry IV – en fait centrées sur la jeunesse quelque peu épicurienne de Harry – voici enfin Henry V qui nous conte le reste de sa vie.

Toute sa vie ? Pas vraiment. La pièce s'arrête quand la puissance du roi atteint son apogée, alors qu'il a vaincu les Français à Azincourt et qu'il s'empare du pouvoir de fait en France, épousant la fille de Charles VI (pas du tout fou dans ce récit) et d'Isabeau de Bavière par-dessus le marché. le projet de la pièce est une forme de panégyrique de ce roi, faisant écho à la gloire de l'Angleterre des Tudors. Il n'est donc pas question de l'amener sur la pente descendante des difficultés en France et de sa mort. Shakespeare ne reviendra pas dessus.

Le gros morceau de la pièce, c'est la branlée D Azincourt. Une bataille qui ressemble aux matches de rugby (ou de foot) modernes, quand les Français débarquent sûr de leur victoire et se font dézinguer alors qu'ils sont à cinq contre un, en fonçant comme des taureaux sur les flèches anglaises
Vu du côté anglais, cela prend une allure héroïque incroyable (ils auraient tort de se priver). Henry V reçoit les ambassadeurs de France – à qui il a précédemment déclaré son intention de revendiquer le trône de leur pays, éléments juridiques à l'appui – et voit rouge quand ils lui offrent des balles de jeu de paume de la part du Dauphin, façon de dire « retourne à tes excentricités de gamin ». Sur le champ de bataille, il remonte le moral des troupes comme Alexandre face aux hordes de Perse. Il discute avec le soldat comme avec le duc, son passé « épicurien » l'aide assurément.
La bataille elle-même n'est guère développée, mais l'issue se devine vite. Une scène particulièrement choquante montre le roi en train d'ordonner de tuer tous les prisonniers français, lui donnant une dimension cruelle (qui est amoindrie dans les notes de François-Victor Hugo qui, citant des historiens anglais, déclare que cet ordre fait suite à une attaque contre le camp anglais sans défense).

Comme d'habitude, les scènes historiques sont couplées à d'autres mettant en scène des « petites gens » ou des officiers du rang, plus légères, destinées à faire rire le peuple ; et ça marche sur le lecteur que je suis. Cette alternance tragi-comique est délicieuse.
Une de mes scènes préférées montre la princesse Catherine de France et sa dame d'honneur, parlant le français écrit tel quel par Shakespeare lui-même, et s'essayant à apprendre des mots d'anglais. C'est délicieux, et même un rien coquin :

ALICE
N'avez-vous pas déjà oublié ce que je vous ay enseignée ?
CATHERINE
Non, je réciteray à vous promptement. de hand, de fingres, de mails.
ALICE
De nails, madame.
CATHERINE
De nails, de arme, de ilbow.
ALICE
Sauf votre honneur, de elbow.
CATHERINEAinse dis-je : de elbow, de nick et de sin. Comment appelez-vous le pied et la robe ?
ALICE
De foot, madame, et de coun.
CATHERINE
De foot et de coun ? Ô Seigneur Dieu ! Ces sont mots de son mauvais, corruptible, grosse et impudique, et non pour les dames d'honneur d'user.

Moi ça me scie en deux !
Le dernier acte est décevant, tout en mièvrerie et tentative de Henry de séduire Catherine dans leur franglais respectif. Il me fait l'effet d'une fin qui traine en longueur, comme dans le Seigneur des Anneaux, lol !

On n'en a pas fini avec les pièces historiques : encore trois parties pour Henry VI, un Richard III, et un Henry VIII.
Mais où est passé Henry VII ?
Commenter  J’apprécie          444



Ont apprécié cette critique (40)voir plus




{* *}