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Critique de mjaubrycoin


Sortant du cinéma où j'ai assisté, médusée, à une représentation de la pièce par la troupe de la Comédie Française, où la mise en scène grotesque et la vulgarité obscène des costumes et des jeux d'acteurs, avaient réussi le tour de force de chasser la poésie du texte en occultant la malicieuse ambiguité de l'intrigue, je me suis précipitée sur Wikisource où j'ai retrouvé avec délice la pièce que j'ai relue en tentant d'oublier cette navrante pantalonnade qui me parait davantage destinée à susciter un émoi publicitaire dans le microcosme parisien plutôt qu'à faire connaître au grand public un dramaturge exceptionnel (que je vénère particulièrement , vous l'avez compris !).
Comédie de la dualité et de l'amour interdit, du désir et de la dissimulation, "la nuit des rois" est un délicieux divertissement qui met en scène le Duc Orsino amoureux fou de la belle Olivia qui refuse ses avances.
Quand Viola et son frère Sebastien , font naufrage sur les côtes d'Illyrie et sont séparés lorsqu'ils touchent terre, Viola croit son frère mort et se présentant comme un jeune page, elle entre au service du Duc et tombe aussitôt amoureuse de lui. Mais bien sûr, le Duc ne fait que soupirer pour Olivia et il charge Viola, sous son déguisement d'homme, de se rendre auprès de sa belle et de tenter de la faire changer d'avis.
Mission réussie, si ce n'est qu'Olivia , enfin décidée à renoncer à son farouche célibat, ne choisira pas le Duc Orsino mais le jeune et beau "garçon" envoyé par celui-ci...
L'intrigue fait la part belle au travestissement et à la dualité, fait sourire aux quiproquos qui se multiplient et au fur et à mesure que les fils de l'intrigue s'emmêlent, les personnages évoluent et l'amour finit par triompher.
Les seconds rôles comiques tiennent une place de choix, qu'il s'agisse de Malvolio, l'intendant d'Olivia, dont les aspirations amoureuses feront l'objet d'un jeu cruel, de Sir Andrew qui rêve d'un riche mariage, du bouffon Feste ou encore de Sir Toby, l'oncle trop épris de la dive bouteille....
Même traduite, la langue de Shakespeare reste d'une rare élégance et d'une puissance poétique inégalée. L'expression des sentiments fait l'objet d'une analyse pénétrante et le thème est d'une troublante actualité à une époque où la frontière entre les sexes fait preuve d'une réjouissante porosité permettant à chacun de vivre ses amours en pleine liberté.
La diffusion le soir de la Saint Valentin était un excellent choix mais bien dommage que le spectacle se soit révélé aussi décevant.
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