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Critique de finitysend


S'il n'est pas un brulot contre l'antisémitisme . Ce texte n'en est pas moins la démonstration de la force de l'intelligence et de la raison lorsqu'elles s'appliquent à réfléchir sur la nature et la condition humaine avec perspicacité et liberté .
Le marchand de Venise est un texte qui ne brule pas . Mais il est une autre époque et il faut faire appel à des connaissances en histoire des mentalités pour que cela soit perceptible . Je qualifie ce texte de document historique idéal pour saisir le glissement des mentalités occidentales aux alentours de l'émergence du climat protestant , et de celui des lumières (je simplifie) .

Dans ce texte Shakespeare ne dénonce pas la judéo phobie ou ses variantes , mais il lâche quand même , ce qui équivaut à un magistral : » Les juifs sont des êtres humains aussi bordel ! »
Donc, non , ils n'ont pas les pieds fourchus ni des queues diaboliques ….. : ouf
Mais je vous rassure , il leur reste encore pas mal de défauts, que le personnage de l'auteur exprime à merveille et il en découle une condition sociale et matérielle que ce texte dessine à merveille également.

A plusieurs reprises le texte est insoutenable et poignant , il est tragique sans doute et il serait comique aussi certes , si on essayait d'abord d'essuyer et d'effacer le sang sur les murs qu'il contient tout de même en abondance .
Je parle de ce qui est à lire en filigrane et que j'intitulerais « le témoignage de premier témoin sur la condition juive et sur ses conséquences morales et psychologiques qui en découle » .
Alors : En vérité je vous le dit ( tournure hébraïque commune , qui n'appartient pas qu'au christ, mais qui est courante en hébreu (béhémet ani omér larhém )) : Ce marchand de Venise honore involontairement tous ces juifs qui au court des âges persistèrent à le rester au prix de leur vie ou des violences exercées sur les âmes comme sur les corps et il démontre , la force de l'élan qu'il y a eu conserver cet univers juif qui est enracinée dans la douleur et dans la joie .

Comme le dit le Talmud souvent brulé en place de grève : « la meilleure des vengeances : c'est d'être heureux » . Il n'y a pas que les martyrs qui furent brulés ou tourmentés , la joie aussi , mais c'est elle qui systématiquement par son aptitude à renaitre constamment est le secret de la permanence du peuple d'israel ( am yisrael ) couplée à la connaissance .

Shakespeare me fait penser à Juvénal , un auteur latin ( comme Shakespeare difficile d'accès ) qui dans ses fameuses satires , s'est permis comme lui de n'épargner personne et au contraire , d'accompagner le développement de la parole libre et de formuler l'intuition , tout en nourrissant le public qui avait besoin de ces formulations salutaires ….

Shakespeare , Juvénal donc ; ces magiciens qui démontrent que la parole est créatrice et qui nourrirent les consciences collectives en leur temps et qui permirent ainsi à aujourd'hui de naitre .



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