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Critique de BazaR


BazaR
27 février 2020
Une petite comédie sympa… qui se termine dans un précipice.

D'après les sources bien informées, cette pièce serait (pourrait être) la première de Shakespeare. La préface prévient donc : certaines imperfections pourront sauter aux yeux.
J'ai rapidement abandonné cette attitude méfiante pour me laisser bercer par l'histoire : deux potes, Valentin et Protée, font des choix de vie différents. Protée reste auprès de la belle Julia qu'il veut conquérir, Valentin part faire carrière à la cour du duc de Milan. Mais le destin et les papas jettent les dès dans d'autres directions : le papa de Protée, estimant que son fils a besoin de forger son caractère, envoie son fils également à la cour du duc. Protée doit laisser sa belle qu'il a su séduire. Valentin, lui, craque rapidement pour la fille du duc, Silvia - craquage partagé mais secret – et pouf la carrière. MAIS… Protée craque illico pour Silvia et oublie tout de go Julia. Il va alors s'arranger pour salir son « ami » et tenter sa cour.

J'ai été content quand, arrivé à l'acte III, la tirade de Valentin « quelle lumière est lumière, si Silvia n'est plus là… » m'a rappelé quelque chose. Effectivement ce passage de la pièce est à l'honneur dans le fabuleux film de John Madden Shakespeare in Love (la reine Élizabeth 1ère s'endort quasiment pendant la tirade). On y voit aussi Lance, le page de Protée, et son clébard (oui, oui, un chien sur scène ; le film n'arrête pas d'en causer).
La comédie romantique est plutôt agréable. le jeu de l'amour est joué par ces demoiselles de manière extrêmement subtile. Silvia en particulier avoue son amour à Valentin en lui faisant écrire une lettre à destination d'un soi-disant autre amoureux, puis après avoir réceptionné la lettre de sa main, la lui rend en lui disant que les mots sont pour lui (et encore le dit-elle à quart de mot). Trop subtil pour ce pauvre Valentin à qui Diligence, son page, doit mettre les points sur les « i ».
Les tirades ne sont ni longues, ni sottes. J'ai adoré lire Protée autojustifier son comportement d'enfoiré de première en mettant tout sur le dos de l'allégorie Amour (c'est pas moi, m'sieur !).

Côté grosse farce, on peut compter sur Lance qui balance à tire larigot des jeux de mots souvent dignes des Grosses Têtes en petite forme. Pour le coup, la traduction de l'anglais vers le français n'est pas toujours d'une efficacité confondante. Mais certains jeux de mot font mouche malgré tout, et ça détend.

Bref tout ça roule tranquilou jusqu'à l'acte V où c'est la catastrophe. Shakespeare devait avoir oublié le lait sur le feu, je sais pas, mais il a tout plié en quelques courtes scènes impossibles à accepter. Dans une forêt, Protée, qui a fait bannir Valentin, se fait pourrir par Silvia qu'il tente encore de séduire. Valentin, devenu chef de bande, apparaît et tombe sur le râble de Protée. Dans la foulée ce dernier est pris d'un remord non simulé et demande pardon. Il est aussitôt pardonné. Quelques phrases plus loin il est pardonné par Julia. le duc pardonne à tout le monde et on aura deux mariages. Tout ça en deux minutes.
J'en suis resté comme deux ronds de flan. Quel gâchis !

Un bon plat bien mitonné et gâché par un feu trop fort qui le carbonise.
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