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Critique de Mermed


Voici un roman qui a été comparé à Cent ans de solitude, ce qui donne une idée de sa qualité littéraire, mais en dit très peu sur son style. Ses pages sont traversées par les influences russes de Babel, Gogol ou Boulgakov, retravaillées à la lumière des nouvelles juives, avec leur excès de fantaisie, à la manière de Singer. 
À travers de multiples épisodes et différentes voix narratives, qui se mêlent en une seule psalmodie, il raconte l'histoire, de 1920 à 1981, de la vallée de Jezreel, en Galilée (où Meir Shalev est né en 1948), et les extravagances et les épreuves de ses habitants. Plus précisément, il raconte, avec une fable réaliste, le sort des trois hommes qui se disputent la paternité du fils de Judit, appelé Zeide, ce qui en yiddish signifie 'grand-père', pour le protéger de l'Ange de la Mort, puisque si ' il voit un petit garçon nommé Zeide, aussitôt il se rendra compte que c'est une erreur et ira ailleurs ». Zeide hérite des traits physiques de ses trois parents : du fermier Moisés Rabinovich, cheveux couleur paille ; de l'éleveur d'oiseaux Jacob Scheinfeld, des épaules inclinées et de Globerman, le marchand de bétail, des pieds gigantesques. L'énigme de son père légitime, que Judit emportera dans sa tombe, persistera jusqu'à la dernière page, sans que sa révélation importe trop, sauf à faire couler l'histoire houleuse, structurée en quatre repas que Jacob Scheinfeld offre à Zeide, le premier lors de ses 12 ans, en 1952; le dernier quarante ans plus tard, en 1981, quand l'hôte est décédé, mais invite oar dela sa mort.
En plus des délicieux personnages, exaltés avec ferveur, tant dans leur dimension fantastique que dans leur banalité comique, il y a dans Pour l'amour de Judith les mots d'une nature qui nous apporte le goût des pamplemousses , le bruit des oiseaux ... 
Shalev insère chaque vie individuelle dans la société, et la vie publique dans les cycles de la nature, à travers lesquels circulent les nombreuses épopées racontées comme des mythes anciens incarnés, mais avec la fraîcheur des fables récentes. On assiste ainsi à la formation et à l'accès à la vie de Zeide, non pas directement dans ses propres expériences, mais à travers le destin de ses aînés. 
Un roman, un autre de Meir qui accompagne nos rêveries pour longtemps...
Lien : http://holophernes.over-blog..
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