AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de frmwa


Je ne vais pas passer en revue toutes les critiques précédentes. Cependant je m'inscris d'emblée en faux contre les avis taxant cette oeuvre de "surannée". À moins de considérer que le cinéma muet, en noir et blanc, la littérature écrite par les écrivains morts n'ont plus de valeur aujourd'hui. Je suis convaincu en revanche du bien-fondé de mises à jour régulières des traductions, dans la ligne de la démarche d'un André Markovic, qui a retraduit entre autres toute l'oeuvre de Dostoïevsky, considérant que jusqu'ici, les traducteurs avaient essayé de "corriger" l'aspect brut de l'oeuvre originale. Chaque traduction est en effet pas moins qu'une nouvelle "création" qui parfois vise à satisfaire le goût d'un public changeant au fil des décennies. S'ouvre aussi le débat jamais tranché entre les "sourciers" et les "ciblistes". La traduction d'Alain Morvan que j'ai lue m'a semblé totalement satisfaisante.
Ce roman étant né d'un jeu, ou d'un défi entre Lord Byron, Mary Shelley et son mari, on ne peut que louer ce dernier d'avoir vivement encouragé son épouse à mener son projet à terme ! Le "cachet ancien" ne nuit en rien à l'efficacité du récit. Construit en flash-back, avec reprise du fil aux dernières pages, il désamorce habilement tous les supenses en nous dévoilant ou en nous laissant entrevoir quelle sera la suite des évènements. Et malgré cela, nous sommes sur des charbons ardents tout au long de la narration. Je crois qu'on a évoqué Stephen King, et bien que n'étant pas spécialiste de son oeuvre, la comparaison me semble très pertinente. Il se crée un profond malaise qui sape tous les faux-semblants du riant décor suisse. Dans les critiques j'ai relevé également des reproches quant à de trop longs passages inutiles pour l'action. C'est justement de l'alternance savamment orchestrée des climax et des anticlimax que naît l'intérêt de la lecture, de la même façon qu'à la japonaise, l'observation des feuilles du cerisier exige de prendre en considération les interstices entre les feuilles et le ciel ! Bon nombre de films font actuellement l'économie de ce dosage pour balancer de l'action à une cadence massive, effets spéciaux à l'appui, ce qui lasse encore plus vite et rend le film "suranné" après quelques années, voire quelques mois seulement, après la sortie d'effets spéciaux encore plus énormes. Dans certains livres également (au motif notamment de rendre les traductions internationales plus rapides) on élague au maximum ces "temps morts". Mais comme il faut bien de temps en temps introduire du "tissu conjonctif" - les descriptions à la Flaubert qui ont fait le cauchemar de bien des écoliers, laissent la place à du "name dropping", où l'on en profite même pour citer des noms de marque !
Enfin bref, si Frankenstein s'est haussé au rang de mythe, le talent de Mary Shelley en est l'artisan. Le plaisir de lecture n'exclut pas un peu d'effort, celui de s'acclimater à une autre époque, de la même manière qu'en voyage à l'étranger, on ne recherchera pas tout de suite les enseignes connues de Mc Donald ou de Starbuck. Que du contraire, le plaisir sera d'autant plus relevé et tranchera sur les palpitations éphémères engendrées par des produits standardisés pondus en batterie.
Commenter  J’apprécie          151



Ont apprécié cette critique (14)voir plus




{* *}