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Critique de Lutopie


Mary Shelley a enfanté d'un livre monstrueux, en cousant, ensemble, des pages et des pages pâles comme la mort. Elle a donné à sa grande oeuvre : des organes, des tissus, des articulations, des nerfs, du sang, un nom : Frankenstein ou le Prométhée Moderne mais Frankenstein, lui, n'a pas donné de nom à sa créature car sitôt le monstre vu, dès qu'il vécut, il fut vaincu par l'horreur de l'abomination, voyant en lui une erreur de la nature aussi l'a-t-il rejeté, aussi a-t-il abandonné son atelier, son domicile ; et il a laissé le monstre livré à lui-même et il s'est mis mis à errer dans les rues, hanté par le baby blues. Frankenstein est un homme, un savant fou dont les conceptions de la physique et de la métaphysique sont « difformes et avortées » et il s'est donné le droit de créer la vie sans procréer, sans grossesse, sans maternité, sans accouchement. Il a créé la vie non pas à partir de la vie mais de la mort. Son monstre étant fait de cadavres, de morceaux de morts cousus ensemble. Frankenstein, dans ces conditions, ne peut mourir de la mort de la mère de Mary Shelley, des suites de l'accouchement, mourir de la fièvre puerpérale, d'une expulsion partielle, incomplète, du placenta, mais la créature, avortée, créature de mort, se fera criminelle, celle à qui l'on a donné la vie apportera la mort.
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