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Critique de isanne


isanne
05 décembre 2022
Quand j'ouvre un livre d'Aki Shimazaki, le temps ralentit, les contrastes violents des couleurs s'estompent et le monde environnant se décline en bruns et en ocres, tout en camaïeu.
De temps à autre, soudainement, au fil de pages, une fulgurance de couleur, comme un coup de pinceau, un trait lumineux d'un bleu intense ou d'un vert brillant.
Et le phénomène se reproduit à chaque lecture, c'est comme si lire un livre de cette écrivaine faisait habiter, pour un instant, en dehors du temps, en dehors de toute perception extérieure pour mieux s'ouvrir à celles du récit.

Anzu est une jeune femme divorcée qui vit avec son fils. Tout près, vivent ses parents dans la maison de l'enfance, bientôt ils partiront pour une structure où ils seront davantage pris en charge et la maison sera louée.
Son frère et sa soeur vivent plus éloignés, une soeur dans l'ombre de laquelle Anzu a vécu pendant ses jeunes années, une soeur libre, et séductrice… Désormais les rapports sont plus équilibrés, et la stabilité épanouie de Anzu apparaît comme le reflet de la vie exubérante de sa soeur.

Anzu est céramiste, elle crée des poteries, son art est la charpente de sa vie d'aujourd'hui. Ses poteries sont comme la vie : elles sont façonnées avec attention et même amour, Anzu les dépose délicatement dans le four à bois et elle les découvre transformées, révélées quand elles sont cuites. Un art à l'image de l'existence qui recèle bien des surprises, bien des "accidents" et dont on ne sait jamais où elle mènera...
Et la vie d'Anzu va être bouleversée… Une "poterie" délicate et fragile… auréolée de la présence de ces brins de "Suzuran", clochettes tintinnabulantes pour ceux qui les perçoivent, un blanc intense qui retient la lumière et le regard, enfouies dans les folioles vert profond, tout en contraste, qui survivront aux frêles fleurs.



Dans l'écriture d'Aki Shimazaki, je suis toujours frappée de la précision : dans une phrase courte, autant les faits que les perceptions – couleurs et sentiments, musique de l'environnement – sont contenus. En peu de mots et dans un style tout en subtilité, tout est dit et l'évocation est aussi parfaite que légère et raffinée. Les mots se déploient pour entraîner le lecteur dans une atmosphère tout en sérénité, calme et discrétion même si parfois le récit se fait bouleversant.


J'ai refermé le livre en "écoutant le silence", presque recueillie de cet endroit éloigné où il m'avait entraînée, seul le pépiement des mésanges m'y était parvenu comme un écho des mots couchés sur le papier.
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