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EAN : 9782330179991
176 pages
Actes Sud (03/05/2023)
4.12/5   695 notes
Résumé :
"La poterie est indispensable à ma vie. En pétrissant de l’argile avec mes mains puis en façonnant une pièce, j’oublie tout ce qui se passe autour de moi. Et, chaque fois, au moment de sortir mes œuvres du kama, je suis à la fois très excitée et soulagée, comme après un accouchement. Émue par les motifs créés au hasard par le feu de bois, je mûris déjà un nouveau projet."

Dans une petite ville près de la mer du Japon, d’où l’on peut voir les sommets e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (137) Voir plus Ajouter une critique
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Aki Shimazaki est unique dans la littérature contemporaine. Elle arrive à écrire des magnifiques petites histoires , courtes, très simples comme prose, qui se passent toujours au Japon, et sont composées en séries, pourtant on peut les lire indépendamment. C'est intelligent, profond, pleine de sensibilité, et pour qui s'intéresse au Japon, à chaque livre on apprend quelque chose de nouveau. Et le plus important, c'est un grand plaisir de lecture, du moins pour moi. Voilà , je ne les compte plus, je ne sais plus au combientième je suis, les ayant tous lus, et dire que j'ai acheté mon premier vraiment par hasard dans une librairie sans en avoir aucune idée.
Donc Suzuran est le dernier publié et le premier d'une nouvelle série.
Shimazaki y aborde l'histoire de deux soeurs, dont je ne vais rien vous raconter.
Comme toujours chez elle on y retrouve l'attachement aux symboles, aux signes, à la destinée. Ici Suzuran est une fleure, le muguet, aussi le nom du dernier vase réalisé par la soeur artiste-potière , qui est la narratrice. Les détails de paysage, de la cuisine japonaise, des objets ( Ici les poteries dont les couleurs naturelles sont crées en brûlant du bois ), la signification des mots selon le mode d'écriture ( katakana, hiragana ou kanji, ) qui me donne chaque fois une envie folle d'apprendre ces écritures, bref tout, mais tout m'a plue, comme toujours, j'ai beaucoup aimé.

«  Tu m'appelles sans voix, comme une clochette sans battant......»
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J'annonce le menu : salade, riz, soupe de miso aux champignons, sukiyaki. Un mochi pour finir le saké. Maladroit, je renverse le pot de cure-dents en fermant mon bouquin où il fait bon vivre au pied du mont Daisen. Je suis loin de l'effervescence des grandes villes, je veux du calme, je veux du ciel bleu avec sa lune et des vagues qui lèchent lentement le bord de la plage. Zen. Je me complais dans ce silence qui entoure ce triste moment où le verre se vide, où la dernière page se tourne, où je respire ce parfum de jasmin une dernière fois… Je reprends mes esprits, c'est du muguet, la fleur du mois de mai, joli mois de mai, le mois où les couples se font, se défont et se fondent sous le son de ces clochettes au parfum aussi entêtant que celui de l'amour.

Anzu est une jeune femme qui élève seul son fils et qui consacre sa vie à son art, celui de la poterie. Autour d'elle, ses parents, sa soeur, son ex… Je me déchausse respectueusement, m'allonge sur le futon de ce ryokan pour lire, découvrir, vivre l'intimité simple d'une vie à la campagne, les mains dans l'argile, autour d'une fraîche Hitachino, histoire de capter l'atmosphère du mont Daisen. Simple mais avec l'élégance des bons sentiments, avec la sensibilité du silence et de l'amour, je parcours ainsi la beauté de cette lande littéraire et solitaire.

La plume d'Aki Shimazaki me captive toujours. Elle parfume ses romans de fleurs et de douceur. Des odeurs entêtantes, je respire ces petits moments d'une vie quotidienne presque banale. Presque, parce que faire naître de la terre un aussi beau vase qui porte le nom de Suzuran, comme la fleur à laquelle il est destiné, n'est pas si banal que ça. Dans l'art de l'Ikebana, le contenant étant aussi important que le contenu, une question d'harmonie et de confiance, l'un ne va pas sans l'autre, le vase et la fleur, une évidence, comme pour les couples et les amourettes. Je respire, je ferme les yeux, mois de mai, mois du muguet, et j'observe ce silence qui coule sombrement en moi, comme un roman d'Aki Shimazaki.
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En me rendant chez mes camarades-libraires [« Caractères » / Issy ] pour commander deux anciens textes de Celia Levi [ « Les Insoumises » et « dix yuans un kg de concombre » ], je n'ai pu résister de fouiner, et grand bien m'a pris, car je suis tombée sur le dernier opus d'Aki Shimazaki [ auteure de l'Empire Levant dont j'avais adoré la série « le Poids des secrets » ], traduit et édité en septembre 2019 , que j'ai manqué… Toujours le plaisir infini de la poésie, finesse psychologique de cette Dame des lettres japonaises…

Cette fois, nous faisons connaissance avec Anzu, jeune femme habitée par son art : la poterie ! art que lui a transmis son grand-père… Cette jeune artiste, divorcée, élève seule son fils unique. Peu gâtée dans sa vie amoureuse [ Premier amour parti pour une autre, et son ex-mari, père de son fils, infidèle, à son tour ]. Toutefois, elle ne semble pas en recherche d'un nouveau compagnon : sa boutique et son atelier de poterie, ainsi que son jeune fils sont le centre de sa vie. L'art de la poterie, la création de beaux objets du quotidien, la console de tout !

« J'avais réussi à être heureuse en créant mon propre monde artistique. » (p. 123)

« La poterie est indispensable à ma vie. En pétrissant de l'argile avec mes mains puis en façonnant une pièce, j'oublie tout ce qui se passe autour de moi. (...) "Choisissez un travail que vous aimez et vous n'aurez pas à travailler un seul jour de votre vie", a dit Confucius. Il avait tout à fait
raison. “(p. 9)

En dehors de son art, elle a des parents bienveillants, aimants, respectant son art, et l'aidant au besoin…Une soeur aînée, très belle, apparemment plus brillante, plus extravertie, qui, contrairement à sa cadette, est une « dévoreuse d'hommes », aimant les séduire tout en s'en désintéressant très vite. A l'opposé de sa jeune soeur, elle n'est habitée par aucune passion…
Deux soeurs, qui, croit-on, sont très complices, solidaires, même si nous ressentons d'emblée que l'aînée a un ascendant certain sur Anzu.
Comme Aki Shimazaki le fait chaque fois, elle choisit pour ce récit un symbole à travers le choix d'une fleur ; nom d'une fleur délicate, au parfum entêtant, « Suzuran » : le « Muguet » qui est à double sens.. ;Délicatesse, raffinement, discrétion, force mais aussi fleur –poison, avec en français, une autre appellation : « Amourette »...

Deux soeurs aux personnalités diamétralement opposées. Découvrant tardivement que sa soeur, incorrigible séductrice, lui avait pris tour à tour son premier amour, puis son ex-mari.. ;A 37 ans, amoureuse d'un homme différent , elle viendra le présenter à sa soeur et ses parents, décidée, cette fois, à se marier et à fonder une famille…Toutefois, la vie en décidera tout autrement ; un complet retournement de situation changera le rôle et l'existence de chaque soeur…

Poésie, tragédie, sagesse…suspens. Un cocktail réussi, d'une épure absolue , intensifiant l'émotion ressentie. Lu cette nuit, d'une traite, totalement capturée par l'atmosphère à la fois pudique et passionnée ! J'attends avec impatience la suite de ce nouveau cycle.
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Quand j'ouvre un livre d'Aki Shimazaki, le temps ralentit, les contrastes violents des couleurs s'estompent et le monde environnant se décline en bruns et en ocres, tout en camaïeu.
De temps à autre, soudainement, au fil de pages, une fulgurance de couleur, comme un coup de pinceau, un trait lumineux d'un bleu intense ou d'un vert brillant.
Et le phénomène se reproduit à chaque lecture, c'est comme si lire un livre de cette écrivaine faisait habiter, pour un instant, en dehors du temps, en dehors de toute perception extérieure pour mieux s'ouvrir à celles du récit.

Anzu est une jeune femme divorcée qui vit avec son fils. Tout près, vivent ses parents dans la maison de l'enfance, bientôt ils partiront pour une structure où ils seront davantage pris en charge et la maison sera louée.
Son frère et sa soeur vivent plus éloignés, une soeur dans l'ombre de laquelle Anzu a vécu pendant ses jeunes années, une soeur libre, et séductrice… Désormais les rapports sont plus équilibrés, et la stabilité épanouie de Anzu apparaît comme le reflet de la vie exubérante de sa soeur.

Anzu est céramiste, elle crée des poteries, son art est la charpente de sa vie d'aujourd'hui. Ses poteries sont comme la vie : elles sont façonnées avec attention et même amour, Anzu les dépose délicatement dans le four à bois et elle les découvre transformées, révélées quand elles sont cuites. Un art à l'image de l'existence qui recèle bien des surprises, bien des "accidents" et dont on ne sait jamais où elle mènera...
Et la vie d'Anzu va être bouleversée… Une "poterie" délicate et fragile… auréolée de la présence de ces brins de "Suzuran", clochettes tintinnabulantes pour ceux qui les perçoivent, un blanc intense qui retient la lumière et le regard, enfouies dans les folioles vert profond, tout en contraste, qui survivront aux frêles fleurs.



Dans l'écriture d'Aki Shimazaki, je suis toujours frappée de la précision : dans une phrase courte, autant les faits que les perceptions – couleurs et sentiments, musique de l'environnement – sont contenus. En peu de mots et dans un style tout en subtilité, tout est dit et l'évocation est aussi parfaite que légère et raffinée. Les mots se déploient pour entraîner le lecteur dans une atmosphère tout en sérénité, calme et discrétion même si parfois le récit se fait bouleversant.


J'ai refermé le livre en "écoutant le silence", presque recueillie de cet endroit éloigné où il m'avait entraînée, seul le pépiement des mésanges m'y était parvenu comme un écho des mots couchés sur le papier.
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Envie d'un peu de douceur dans ce monde de brutes ? C'est le moment de découvrir l'écrivaine Aki Shimazaki. Dernier achat en librairie avant le confinement (j'ai eu le nez fin), j'ai découvert une histoire (et une plume) douce, paisible, bienveillante.
Suzuran est le premier tome d'un nouveau cycle. L'autrice est déjà à l'origine de 3 autres séries, dont les titres peuvent se lire indépendamment et que je vais m'empresser de dévorer : le poids des secrets (5 tomes), Au coeur du Yamato et L'ombre du chardon (une pentalogie aussi).
Dans ce dernier roman, l'héroïne est Anzu. Céramiste (la poterie a une belle part dans l'ouvrage), divorcée, elle vit seule avec son fils, à proximité de ses parents vieillissants.
Deux événements vont bouleverser son quotidien : le retour d'un ancien amour et l'annonce du mariage de sa soeur, la belle et ambitieuse Kyoko...
Ce long poème contemplatif en prose, court récit intelligent et d'une belle sérénité, m'a totalement conquise.
Un moment reposant. Délicieux. J'en redemande !
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critiques presse (4)
Telerama
11 juillet 2023
Une écriture sèche et vibrante, des émotions contenues à ras bord mais bouillonnantes.
Lire la critique sur le site : Telerama
LeMonde
15 mai 2023
La vie simple d’Anzu, divorcée, se déploie comme le suzuran, fleur fragile dont la toxicité vitale lui permet d’éclore. Tout commence l’air de rien, puis, de cause illusoire en conséquence invisible, bascule dans la tragédie, telle une réaction chimique. Cristalline, faussement ­banale, assassine.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Telerama
09 mai 2023
Ce nouvel opus montre que l’autrice n’a pas changé d’idée fixe : passer le doigt sur les reliefs escarpés de l’âme nipponne, en appuyant juste assez pour sentir les arêtes tranchantes sans s’y couper.
Lire la critique sur le site : Telerama
LaPresse
11 octobre 2019
L’écriture d’Aki Shimazaki, autrice québécoise d’origine japonaise qui compte plusieurs œuvres à sa feuille de route, n’est pas des plus éclatantes et ne s’encombre pas de fioritures, comme son touchant personnage d’Anzu, mais elle se déploie, sans tambour ni trompette, enveloppe et induit un état presque contemplatif, bercé par un certain onirisme.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (52) Voir plus Ajouter une citation
— On adore le suzuran (muguet). Mais il ne faut pas oublier qu’il est toxique et peut même être mortel si l’on mage son périanthe, c’est-à-dire le calice et la corolle. […]

— Oui, sa toxicité est quinze fois plus forte que celle du cyanure de potassium. Même l’eau du vase, même la plante fanée et desséchée sont toxiques.

(Léméac/Actes Sud, p.47)
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Au début, l'œuvre donne une impression d'inachevé, mais elle prend peu à peu de la profondeur à mesure qu'on s'en sert.
Comme si elle et son utilisateur accomplissaient une harmonie ensemble.
Comme un couple assorti.
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Nous nous installons face à face. En mangeant, nous bavardons tranquillement. Les fenêtres et la porte d'entrée sont ouvertes. Une brise fraiche passe. On entend le gazouillis des mésanges. Je souhaite que le temps s'arrête.
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Il annonce fièrement :
- Le suzuran s'appelle "Lily of the valley" en anglais, et "muguet" en français.
- Comment connais-tu ces mots étrangers ?
- Par grand-mère.
- Vraiment ?
Il hoche la tête et ajoute :
- Ah, il y a un autre mot en français : "amourette".
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Je marche sur le sentier menant à la maison de mes parents. Le chemin n'est pas asphalté, et de chaque côté poussent librement des fleurs et des herbes sauvages. Rien n'a changé depuis mon enfance.
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