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Critique de Ziliz


Ziliz
24 février 2016
Pandora n'a pas vu son frère aîné depuis quatre ans. Pianiste de jazz à New York, Edison semble traverser une mauvaise passe, après avoir « côtoyé de grosses pointures » et frôlé la gloire. Pandora accepte de l'héberger dans l'Iowa, malgré la réticence de son mari et des enfants adolescents de celui-ci. La surprise est de taille lorsqu'elle le retrouve à l'aéroport : il est passé de 75 à 175 kgs.
La cohabitation s'avère vite difficile. Edison est bouffeur compulsif, pas très propre ni soigneux. Parfois répugnant, à la fois attachant et insupportable, il se comporte comme un gamin mal élevé, irrespectueux envers son beau-frère - qui le lui rend bien. Pauvre Pandora, au milieu de tout ça !

« Voilà un livre qui pèse son poids » estime Delphine Peras (l'Express, 08/2014). Certes, et dans tous les sens du terme : 450 pages bien denses, où chaque mot semble à la fois minutieusement pesé et lourd de sens, où les idées et reparties sont aussi savoureuses que la lecture indigeste.
Il est question d'ambition personnelle, d'image de soi, de poids, de comportement alimentaire, d'addiction. Mais aussi de famille (et de son poids, là encore), de rivalités fraternelles motivantes et/ou destructrices. Lionel Shriver s'appesantit sur tous ces sujets, les décortique, les épluche jusqu'à la moelle, notamment grâce à des échanges très riches entre ses protagonistes - souvent mesurés (frère & soeur), parfois violents (beaux-frères).

Cette lecture est moins éprouvante qu'un des précédents romans de l'auteur 'Il faut qu'on parle de Kevin' (sur les adolescents tueurs). Elle est quand même particulièrement dérangeante, par l'image qu'elle donne du couple, de la famille, des responsabilités parentales, des relations au sein d'une fratrie. Et parce qu'on tourne sans cesse et de plus en plus autour du problème de l'alimentation et de la question plus générale (et vertigineuse) du dépassement de soi et des comportements addictifs :
• « Je me demandais pourquoi tant de personnes s'astreignaient à accomplir quoi que ce soit, alors que le moindre accomplissement s'accompagnait immanquablement de ce triste bilan : 'Bien, et maintenant ?' »
• « Qui sait, peut-être nous est-il impossible de vivre pleinement nos réussites, car nous nous attachons à la quête, à la pulsion, à sa décharge addictive d'amphétamines et à ce sentiment puissant d'avoir un but ? L'accomplissement s'apparente alors à une perte [...] »
• « Même si les manques nous rongent, la satiété est pire encore. »

La pirouette finale m'a d'abord fortement déplu.
Elle offre finalement un recul intéressant et une dimension supplémentaire.

'Big Brother', un grand et gros roman - à la fois génial, long et pesant.
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