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Critique de Dolat


Dolat
05 décembre 2021
Il est rare que j'ai autant détesté un livre aussi encensé par la critique et une bonne majorité du lectorat.
Détesté, le mot n'est pas trop fort tellement le traitement « infligé » par l'autrice à des sujets aussi complexes et délicats m'a semblé manipulateur et à côté de la plaque.

Or donc, Lionel Shriver nous propose de suivre l'histoire d'Eva, mère du jeune Kevin tout récemment condamné pour un massacre perpétré dans son établissement scolaire. Une mère – forcément – mise à l'écart par le reste de la société, une mère qui plus est torturée par son histoire personnelle puisque la relation nouée avec son fils dès son plus jeune âge n'a été vouée qu'à la plus complète détestation.
L'écriture se révèle sèche, distanciée, exempte de tout excès de pathos ce qui était d'ores et déjà un bon point.

J'ai très vite déchanté.

Le Kevin décrit par l'autrice apparaît très vite assez monolithique, plus proche d'un génie du mal à la Damian que d'un adolescent torturé. Mais bon, passe encore.
Arrivé à un petit tiers, le récit commence à sérieusement à tourner en rond entre les diableries de Kevin, la mère qui tente d'alerter tout le monde et le père joyeusement aveugle à tout ce qui se passe autour de lui. Ce qui me semblait être le coeur du sujet semblait encore fort lointain et je me demandais bien comment Lionel Shriver allait relancer son récit.
C'est donc à ce moment précis que j'ai balancé le bouquin (ce n'est pas une image) lorsqu'apparaît l'un des rebondissements les plus invraisemblable et malhonnête que je pense avoir lu : au beau milieu de nulle part, alors que l'héroïne est sensée narrer l'histoire à son mari en lui écrivant des lettres, on apprend comme sortie de nulle part, qu'elle a eu... un autre enfant. Comme par hasard, une petite fille. Comme par hasard, aussi gentille et douce que Kevin est vilain et pas beau. Et c'est là que j'ai réalisé (un peu tard) que Lionel Shriver écrivait tout bonnement un thriller manipulateur, avec suspense, rebondissements et tout et tout. Et qu'elle n'avait aucune intention de se confronter avec les potentiels dilemmes psychologiques des personnages ou les questions de responsabilités familiales ou sociétales devant ces explosions de violence qui traumatisent régulièrement les USA.

Ben oui, un bon vieux thriller avec des questions dont on se contrefiche (mais où est donc ce fameux mari à qui Eva écrit, que devient la douce Celia, sa petite soeur, qui sortira vainqueur du duel mère-fils?). Bref, un hors sujet dans les grandes largeurs avec, pour couronner le tout un rebondissement final totalement invraisemblable pour finir de « bouleverser » le lecteur (car oui, j'ai ensuite sauté directement à la fin pour être bien mesurer l'ampleur du naufrage).

Avec le recul, je rêve de ce qu'une Joyce Carol aurait pu faire d'un tel sujet.

Ici, mon jugement est sans appel : ratage total.
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