Ce livre est extrêmement dérangeant et je pense que je m'en souviendrai longtemps.
Il s'agit d'un roman épistolaire. La mère de Kevin écrit au père de son fils, pour revenir sur leur histoire, depuis leur désir (ou non) d'enfant jusqu'au drame, ce jeudi où quelques jours avant ses 16 ans, Kevin a tué une dizaine de camarades de classe et une professeure.
La mécanique fonctionne à merveille.
Lionel Shriver n'hésite pas à percuter la morale et la bienséance. Dès sa naissance on sent le malaise, les tensions dans le couple, l'accouchement difficile, les difficultés de l'allaitement, les pleurs du nourrisson… combien de millions de femmes se retrouveront dans ces épreuves à la naissance de leur premier enfant? et pourtant… quelque chose ne va pas… Eva est persuadée qu'il y a un problème, elle va multiplier les exemples et les doutes, pourtant elle est la seule à s'en rendre compte. Mais construit-elle, elle-même la double personnalité de son fils? Ou est-il vraiment le dangereux psychopathe manipulateur qu'elle imagine?
Je ne crois pas que la réponse soit claire dans le livre, je crois que l'auteure nous laisse libre d'y réfléchir…
Et le récit ne va faire que monter en tension jusqu'à l'abominable final qui a largement surpassé mon imagination… TERRIFIANT!
En tout cas ce n'est pas, comme je l'imaginais un livre sur le port d'arme aux US (puisqu'il utilise une arbalète).
J'ai aimé la réflexion sur la responsabilité qu'on fait peser sur les mères lors de ces drames. On reproche toujours aux mères d'avoir été trop absentes ou trop exigeantes. Mais rarement aux pères d'avoir repris leur activité professionnelle par exemple. Il y a une vrai réflexion sur la répartition des rôles au sein du couple. Leur relation et les conflits inhérents à l'éducation des enfants sont très bien transcrits.
de la même façon qu'Eva n'imaginait pas une seule seconde que son fils ait pu être le tueur lorsqu'elle arrivait sur les lieux du crime, je n'ai à aucun moment imaginé qu'il ait pu tuer son père et sa soeur.. malgré l'évidence, les malaises et les nombreux sous entendus.
Et le final… cette mère dont on doute durant tout le récit du lien qui l'uni à son fils. Comment pourrait-elle ne pas l'aimer, alors qu'elle prépare la chambre dans laquelle il dormira lorsqu'il aura purgé la peine… GLACANT. Commenter  J’apprécie         100