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Critique de Acerola13


Ce court roman d'Abdulai Sila déroule un récit où trois voix se succèdent : celle de Ndania, jeune fille débarquée du village pour faire le ménage chez les blancs, Regulo, un chef de village qui phosphore beaucoup, et enfin Professeur, un jeune prodige de l'assimilation portugaise.

A travers ces trois portraits imbriqués les uns aux autres, on découvre la Guinée Bissau entre colonisation portugaise et malédiction coutumière. le ton de ce roman m'a profondément dérangée ; l'on peine parfois à comprendre si l'auteur justifie la colonisation par la supposée paresse des populations ou si tout cela participe d'une ironie grinçante. Cette vision stéréotypée s'étend aux personnages féminins, qui n'ont guère d'autre option que le viol ou l'amour pour un souvenir ou pour un condamné à mort.

Et pourtant, au-delà de ce prisme déplaisant choisi par l'auteur, L'ultime tragédie est très représentatif et propose de subtiles descriptions des rapports qui sous-tendent la société guinéenne sous la colonisation portugaise au temps de Salazar : les colons blancs sont en effet de pauvres pêcheurs dont la légitimité de pouvoir est remise en cause par le personnage du Regulo, l'auteur rappelle la condition des "casados" et les "solteiros" (les hommes mariés, et les célibataires), ainsi que l'obsession de la politique portugaise d'apporter une éducation religieuse et civilisatrice aux meilleurs éléments autochtones qui deviennent désormais des "assimilés", supérieurs à leurs pairs non européanisés.

Un bilan en demi-teinte donc : beaucoup d'éléments qui aident à la compréhension de la Guinée Bissau sous domination portugaise, mais un méli-mélo sentimental un peu mièvre entre les trois personnages principaux qui ne suscitent pas vraiment l'empathie du lecteur.
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