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Critique de BazaR


Ah Bobby, si tu n'existais pas le monde serait incomplet.

Je l'avoue, dans le domaine du roman, je préfère tes textes plus courts des années 1970. Dès que tu as voulu – ou seulement eu le droit de – mettre plus de signes tu as brodé à l'excès. T'es pas le seul hein. Et puis à ta décharge ma vision des choses est fortement influencée par le fait que je ne lis pas vite.

Je n'ai jamais testé ton talent de novelliste par contre. Va falloir remédier à ça hein.
En attendant, je fais un premier pas avec ce recueil de quatre novellas que tu as gentiment préfacé spécialement pour nous autres les petits français. C'est pas un format facile à publier, mais je trouve personnellement la taille très agréable : on a le temps de détailler son décor ou ses personnages sans avoir celui d'ennuyer le lecteur avec de la broderie.
Donc tu nous as regroupé quatre novellas : un éclaireur suivi d'un pack de trois. Et tu fais ton Asimov en nous présentant la genèse de chacune d'entre elles. J'aime cette attention.

L'éclaireur sort du lot. Elle est ancienne pour toi – 1957. Et j'apprends à l'occasion que tu as fait du pulp. Et dans le genre « La Vallée hors du Temps » est plutôt sympa, assez intelligent pour un récit de pure action-détente. Cette histoire d'individus de divers espèces enlevés à leur quotidien et confinés dans une vallée où ils ne peuvent mourir, par un être énigmatique qui aime sa version de collection de papillons, m'a rappelé le principe du Monde du Fleuve de Philip José Farmer, en plus simple hein. Mais déjà tu travaillais tes personnages avec finesse.

Le pack de trois a été écrit dans tes années fastes – comme tu le dis toi-même : les années 1970 si riches en chef d'oeuvre silverbergiens.
Je n'ai pas apprécié « Partir » à sa juste valeur. Elle remarquable dans le genre étude psychologique. Elle se passe essentiellement dans une maison de retraite et traite du choix de mourir dans un monde où la science a rendu les gens presque immortels (j'exagère un peu). Elle ne peut qu'interpeller aujourd'hui encore, alors que des familles se déchirent pour mettre fin ou pas à la vie de gens maintenus artificiellement en vie, les uns parlant de crime, les autres d'acharnement médical. Mais pour moi cette nouvelle a un goût d'amertume car il y a un an encore je trainais dans un EHPAD à assister, les mains liées, à la fin de vie d'une personne proche. Lire « Partir » a fait résonner des souvenirs douloureux.

Pas de cela avec « Thomas le Proclamateur » que j'ai trouvée plutôt marrante, même si je doute que ce fut le but recherché. En gros : que se passe-t-il quand un vrai, indiscutable miracle intervient ? En l'occurrence la planète arrête de tourner pendant un jour. Eh bien ta thèse, Bobby, c'est que ça part en vrille totale. Les interprétations incompatibles voient le jour, toute sorte de cultes débiles naissent, les rationnels se mettent à croire quand l'Église doute. Ça diverge et ça catastrophe ! Et le pauvre Thomas, devenu une sorte de messie médiatique avec agent, se voit rapidement dépassé. Très divertissant avec du fond pour réfléchir.

Enfin ton « Né avec les Morts » est la plus exotique. Pas tant à travers de cette nouvelle sous-culture de morts ranimés qui se développe sur Terre, mais plus à travers les voyages à Zanzibar ou dans le Serengeti où l'on assiste à un drôle de safari d'espèces éteintes. Ton « mort ranimé » a clairement perdu quelque chose au passage, qui le rend incompatible de l'humain vivant. Mais ce ne sont pas des zombis que tu décris. Tu es plus fin que ça.
Ah, j'oubliais : j'ai adoré ton conte sur Ahmed le Rusé.

J'ai picoré tes novellas par-ci, par-là, entre deux romans. Et c'était très agréable, comme toujours ou presque. On se reverra bientôt, t'inquiète.
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