Atmosphère torride et pesante sur un bateau qui remonte les fleuves d'Afrique jusqu'en Europe, composant un microcosme social complet depuis les "nègres et les jaunes" abandonnés à leur sort misérable en fond de cale jusqu'aux nantis des étages supérieurs, de l'arriviste puant au polytechnicien hautain et industrieux (ils n'ont pas changé!) accompagné de sa femme belle et volage. Rien à faire pour ces deux classes extrêmes, la première compte ses morts et la seconde est, de par son statut social, hors d'atteinte.
Veillant sur les corps et les âmes, le médecin de bord Donnadieu, calmant son impuissance sous quelques pipes nocturnes de morphine, concentre son attention sur un couple improbable de l'interclasse, admis parmi les premières classes en raison de leur jeune enfant moribond. Celui-là au moins, il voudrait le sauver...
Je prends de plus en plus goût aux romans noirs de
Simenon, celui-là ayant des accents d'Au coeur des ténèbres de Conrad et la moiteur fétide des années coloniales. Donnadieu est un personnage d'une belle épaisseur et le tableau social animé du roman est particulièrement réussi. Toujours est-il que quitter ce bateau à son arrivée en France est une délivrance.
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