AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de ChB62


Port en Bessin. Jules le Flem vient de mourir : sa fille aînée Odile est «fiancé » à un patron de brasserie et de cinéma, à Cherbourg, Henri Chatelard  ; ses fr ères et soeurs, donc les oncles et tantes des enfants s'apprêtent à recueillir les autres enfants, à l'exception de Marie qui va avoir dix-huit ans. A cet âge, elle es censée être en capacité de subvenir à ses besoins. de fait, elle travaille comme serveuse au Café de la Marine. On ne peut pas dire qu'elle soit belle mais Marcel, un jeune homme de Port en Bessin, est amoureux d'elle. Marie, surnommée La Sournoise, est en fait taciturne et semble subir les événements.

Mais Chatelard est fasciné par Marie. Il achète un bateau à retaper à Port-en-Bessin ce qui justifie sa présence régulière dans ce port.

Marie, elle, a un rêve, qu'elle révèle à sa soeur aînée, maîtresse de ce Chatelard. Elle fera tout pour en faire une réalité. Sa ténacité, son désir de liberté s'exprimera d'abord par le refus de tomber sous la coupe de ses oncles et tantes ; elle demandera son émancipation et sa soeur et elle deviendront les tutrices de leurs frères et soeurs plus jeunes .

Certes, l'atteinte de son objectif passe par une rupture entre Chatelard et sa soeur...

G. Simenon excelle une fois encore à décrire avec vérité la vie des gens et à restituer la complexité de l'âme humaine. Quelques gestes sobrement mais finement décrits, quelques paroles typiques, reprises de leur façon de parler nous les font vivre devant nous. Et tout cela avec simplicité mais sans stéréotype, sans affectation, sans jugement, sans message social sous-jacent. le lecteur partage leur humanité, leurs aspirations, leurs petits moments de bonheur et leurs trop fréquents moments de souffrance. La pauvreté ne les rend ni meilleurs ni pires. C'est comme ça et il faut faire avec. Dans un monde qui est comme il est, il s'agit de s'en sortir, individuellement. Marie est certainement celle qui l'a le mieux compris.

Loin d'être simplement la description du destin d'une jeune femme ambitieuse, ou comme diront certains, intéressée, qui veut échapper par tous les moyens à son destin, ce roman de G. Simenon est aussi un roman d'amour : bien sûr Chatelard sera l'homme qui lui permettra de donner corps à son rêve mais est-ce que cela l'empêche de l'aimer ? Profondément. Non, au contraire. En cela, notamment, Simenon se démarque des poncifs romanesques et va au plus près de la réalité des ressorts psychologiques de la vraie vie, plus complexes, plus riches, où amour et intérêt, générosité et égoïsme coexistent, ne s'opposent pas. Qu'importe ! Deux êtres se sont rencontrés, se sont reconnus et chacun fera le bonheur de l'autre...pour longtemps.


Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}