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Critique de lozere


Un village près de Saint-Amand, le long du canal du Berry. On saura rapidement que Jean, qui erre le long de la route de Montluçon, sort de la prison de Fontrevault. Après avoir aidé Tati à la descente du car à porter une couveuse achetée au marché, celle-ci l'engage comme valet de ferme. Tati, c'est la veuve Couderc, qui prend soin de son vieux beau-père, le « cochon », sous les yeux de ses belles-soeurs qui lorgnent sur la ferme et comptent bien récupérer leur dû.
L'histoire de la veuve Couderc, c'est un simple fait divers qu'on trouverait dans un quotidien régional : une femme à forte poigne qui mène son monde, un homme sorti de prison un peu trop docile, une héritage en jeu qui vaut moins pour le prix de la terre et du bâti que pour le principe, une sexualité très présente, un peu honteuse (la nièce Félicie qui a eu un enfant dont on ne connaît pas le père), un peu utilitaire (comment Tati s'assure de la loyauté de son beau-père avec une coucherie occasionnelle).
L'ensemble de l'intrigue est lancée dès les premiers chapitres, et son évolution repose sur le basculement des rapports de force. Tati mène son monde avec efficacité et se sent légitime à occuper la ferme familiale par son travail acharné, c'est pourtant elle qui fait entrer le loup dans la bergerie, le gravier qui fera dérailler la machine bien huilée.
L'ambiance déjà pesante dans la scène d'ouverture sur le bord de la route, à l'arrêt de car, continue à s'alourdir à travers les descriptions des journées de travail à la ferme, rude et silencieux. Et plus Jean s'installe dans le quotidien de la ferme, s'inscrit dans ce décor de manière aussi saugrenue qu'un coucou, plus on a accès à ses pensées pour s'apercevoir qu'elles tournent autour de deux obsessions : son crime passé, et Félicie. Dès que Tati se retrouve immobilisée au lit, alors même qu'elle a besoin du mouvement et de la parole pour maintenir son existence et sa place, on devine que le temps lui est compté.
Comme dans tous les romans de Simenon, il n'est jamais question de jugement moral sur les actions des personnages, personnages au demeurant tous antipathiques, et qui semblent peu à peu devenir comme étranger à eux-mêmes. Chaque acte, imperceptible ou éclatant, mène au dénouement dramatique, et leur enchaînement est exemplaire. le décor de cette campagne, en bord de canal avec écluses et mariniers, où chacun épie son voisin depuis le chemin de halage ou chez le boucher, finit d'achever l'oeuvre.
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