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Citations sur Lettre à la femme aimée au sujet de la mort (37)

XIX
     
C’est lorsque nous savons être dans le cri
sans le cri
lorsque avant même de verser des larmes
nous avons compris l’agonie des larmes
et que parvenus au bout du souffle
nous n’ignorons plus rien
de la fraîcheur qui manque
     
c’est alors que douloureusement fertilisé
cet autre cœur
qui n’est pas un muscle
c’est alors qu’il bat plus souplement
et qu’à notre gorge ainsi se dénoue
le collier des flammes
qu’ainsi s’apaise la violence des jours
où l’homme sans fin connaît sa défaite
     
il nous faut vivre cette espérance
pareille à la brève résurrection des herbes
après qu’elles ont bu le feu et l’eau des orages
il nous faut tenir à cette idée
qui promet un ciel au centre de toutes choses
     
mais à cela ne croire que la bouche légère
et avec cette précaution du geste
qu’ont les pêcheurs de lune dans l’étang
     
dans la chambre au centre des caresses
la lumière nous sera suffisante
ignorant la guêpe sous l’oreiller
     
oui chaque fois creusant dans la lumière
sans durée
nous serons mon amour liés à la seule certitude
elle est une autre respiration
comme une neige
sur les arbres
     
délivrés
nous aurons
un cœur simple
devant la mort
     
pp. 53-54
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Rien n'est plus beau
qu'un amour qui ne se croit pas immortel
qui a la souple respiration du voilier
endormant la vague
prodige oui mais qui se sait tributaire
d'un vent si incertain
qu'il voudrait d'un seul déploiement de son erre
boire toute une nuit d'étoiles et de lune pleine
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Je veux te dire cette sorte de secret

qu’on ne lit qu’en soi loin

derrière les paupières fermées

longtemps après que sur le cercueil

se sont reformés les liens du jour



tes morts ne sont qu’à toi



toi seule sais leur nom véritable

celui qu’on n’écrit pas aux registres

parce qu’il n’est signe dans nulle langue humaine

et qu’il n’est pas d’oreilles

pour la voix qui le dit



toi seule les vois tes morts

hors leur visage de cendre

et les vois sans faillir dans l’absence même

toi seule l’ombre plus claire dans l’ombre

où leur regard paraît



et l’exacte main de douceur sur ton front

pareille au flux des herbes dans la brise

toi seule la reconnais

qui n’est pas la matière des songes

ni comme le souvenir appariée du désert



toi seule sais

la douceur des morts qui t’appartiennent

car tu es né de leur douceur

et tu prolonges dans chacun de tes gestes

la douceur qui fut le pli heureux de leur vie

à tes yeux désormais

de voir clair dans la transparence

que fait leur disparition

à toi de comprendre dans la vie requise

l’effacement et le soleil unanimes

ta joie volontaire

et la beauté des choses



comme endormis tes morts rêvent à tes côtés



tu ne guériras pas de leur nuit

mais tu accompliras

comme l’île continuant la terre où elle n’est plus

leur part perdue

car fille des tes morts

tu es ce qu’ils ignoraient d’eux-mêmes
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Sois femme à présent les yeux droits
dans la nuit
sois sûre de ton courage
comme ceux qui vont à la mort étrangère
avec au cœur un bouquet de caresses

mais hausse tes larmes
elles sont la sève des souvenirs
et renoue avec la course de l'enfant
son cheveu léger
son pied qui vole avec l'oiseau
son souffle qui renverse les forêts

aime aime encore
sur la tranchant des jours
et dispose des biens de la terre
dans l'instant où mon front
s'incline à ton sourire

p.20
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X



extrait 4

laissez-nous vieillir et mourir laissez-nous corps primitifs

nus et proches de notre soif

d’ombre et d’étoile fuyantes
nous avons bien assez dans l’âme
pour comprendre qu’en nous
est venue du premier jour
la mort immense
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Lettre à la femme aimée
au sujet de la mort
(XX- XXV)
XXV / B
  
  
  
  
ma bien-aimée ma mort est déjà d’hier
tu as franchi le cri une première fois
nous sommes du plein été
non aveugles
mais puisant la lumière
à des sources plus humaines
derrière le ciel de chaque instant
dans l’eau première de nos nuits

il n’y a pas lieu d’imaginer
les formes de l’absence
que ton sein frissonne sous mes mains
et depuis longtemps déjà
le frisson a compris
le froid sous la chaleur
ma bien-aimée le danger n’a rien d’obscur
et ton amour n’est pas terre d’abandon
ni ta pensée une eau qui fuit la mer
et du premier jour au centre de notre miracle
nos doigts ont touché la meurtrissure

au bord du jour tes larmes
inlassables
rendront leur cœur
à ceux qui t’aiment

il n’y a pas lieu de s’incliner sur le mort

les dieux tombent avec le vent

ton sourire lui t’élève
à jamais
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XVIII


je formerai un langage autour de ton sommeil
il sera tissé de ce vieux lin
qu’on prend dans les armoires
langage que j’étends
sur toi
et qu’il épouse un rythme
dans ton cœur

tant que tu dormiras
mon poème tiendra la veille
cherchant dans la nuit ton œil bleu

nous attendrons ainsi
le jour
inexplicable

puisse-t-il mon poème parlant au bord des draps
ôter la pierre
sur ton souffle
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Je veux te dire cette sorte de secret
qu’on ne lit qu’en soi loin
derrière les paupières fermées
longtemps après que sur le cercueil
se sont reformés les liens du jour

tes morts ne sont qu’à toi ....
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Lettre à la femme aimée
au sujet de la mort
(XX- XXV)
XXIII / B
  
  
  
  
et moi j’aimais douloureusement ta colère muette
pareille en devenir à l’hymne de grande tempête
qui affermit le cœur des amants
et débarrasse la réalité
de ses magies molles

tu n’étais pas comme d’autres
qui se font gardiens de leur anges
je t’aimais de te voir par courage frémir
rejetant l’aube doucereuse
servante en cheveux prête au lavement des pieds
et aux parfums

je te savais déjà hors de ta solitude
dans les dangers neufs
du matin
qui fait le regard envahi
mais libre

et les mains disposées déjà
dans leur souffrance
à toute bonté à toute insoumission
comme sont les fontaines subsistant dans le feu
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Lettre à la femme aimée
au sujet de la mort
(XX- XXV)
XXIII / A
  
  
  
  
Devant toi qui pleurais discrète à la fenêtre
parce que tout ton désir ni ta menace au ciel
n’avaient pu gagner un jour ô fut-ce un jour encore
pour qu’une vie ne débordât sa vie
d’un dernier sourire entier

devant toi le ciel sans doute tendait ses paumes
et toi la douce devant lui
avec violence tu disparaissais

jamais plus pensais-tu
je n’arracherai une joie pure
au ventre du monde
et jamais plus la courbe
d’un sommeil épris du matin
ni garder sur le chemin des montagnes
cette attente juvénile de la chanson
qui vient comme une grande neige ivre
dans le souffle
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