Acquisition et lecture 30 mai 2021- Musée Camille Claudel / Nogent-sur-Seine
Après avoir admiré à nouveau dernièrement lors de promenades parisiennes le monumental « Triomphe de la République », place de la Nation , du statuaire, Jules Dalou, qui fut un véritable « parcours du combattant » ,lui ayant demandé 20 ans de sa vie.[ Découvert également son hommage à
Eugène Delacroix, au Jardin du Luxembourg ], j'ai eu le bonheur après 7 mois sans expositions, ni musées, comme tout à chacun, de retrouver des amis près de Nogent-sur-Seine, et d'avoir ainsi l'opportunité de découvrir l'exposition temporaire du Musée Camille Claudel, autour des « Sculpteurs du travail », où de façon bien légitime, des oeuvres de Jules Dalou étaient présentées…
Après l'exposition, pause à la boutique-librairie où j'ai trouvé cette publication, qui donne une bonne approche de cet artiste, à partir de ses sculptures présentes dans la capitale. L'ouvrage se subdivise de la manière suivante :
I. Dalou, sculpteur parisien
- Un enfant de Paris
-La ville sculptée
-Comment fait-on un monument ?
- Un monument inachevé [« Monument aux ouvriers » ]
II. Sur les pas de Dalou
[***est inséré judicieusement un plan de Paris, avec les oeuvres sculptées à découvrir au fil de la Capitale ]
-1er arrondissement- « Renommées »
-6e arrondissement- « le Triomphe de Silène »
-10e arrondissement- « La Fraternité »
-12e arrondissement- « le triomphe de la République »
-16e arrondissement- « Monument à Emile Levassor »
-16e arrondissement-« Monument à Jean-Charles Alphand »
-16e arrondissement-« Scène bachique, fontaine du « Fleuriste « municipal
- 17e arrondissement-« monument à Jean Leclaire
-20e arrondissement- « Tombe d'
Auguste Blanqui »
Dernier enfant d'un ouvrier, ardent républicain, il reçoit une éducation artisanale puis artistique. Il est admis dans l'atelier du sculpteur, Francisque DURET à l'école des Beaux-Arts, rue
Bonaparte, le 31 mars 1854, à l'âge de 15 ans !...
Insurgé de la Commune, il devint statuaire ; en mars 1871, il prend part à l'insurrection parisienne. Il sera nommé administrateur adjoint du Musée du Louvre. Cet engagement politique et cette responsabilité administrative l'obligeront à quitter Paris le 6 juillet 1871.
Craignant les poursuites, la famille Dalou s'exile à Londres. le sculpteur sera condamné par contumace aux travaux forcés à perpétuité , pour « participation à l'insurrection » !
Dalou, à son retour en France, bénéficiera des soutiens certains, par le biais, entre autres de l'architecte,
Viollet-le-Duc.
Ouvrage au texte très synthétique et précis, accompagné d'une intéressante iconographie , en couleurs, qui nous offre une bonne approche du parcours artistique et social de ce sculpteur, très engagé du côté du peuple , des travailleurs…et de la république !
"Il y a en Dalou un homme qui est intervenu dans les querelles sociales et qui a pris, un certain jour, attitude de révolte et de combat (...) Il n'y a donc rien d'étonnant si un tel artiste, ayant gardé au profond de son coeur une animation de militant, a communiqué au bronze un tremblement, une flamme et une tristesse, le jour où il a dû représenter
Auguste Blanqui, ce maudit de la démocratie. -
Gustave GEFFROY ( p. 69)"
Je termine cette chronique par un beau passage de
Baudelaire sur La Sculpture, enrichissant nos « cités »…et Jules Dalou, appartient à ces créateurs-magiciens, embellissant nos promenades dans la capitale !
« Vous traversez une grande ville vieillie dans la civilisation, une de celles qui contiennent les archives les plus importantes de la vie universelle, et vos yeux sont tirés vers le haut. Sur les places publiques, aux angles des carrefours, des personnages immobiles, plus grands que ceux qui passent à leurs pieds, vous racontent dans un langage muet les pompeuses légendes de la gloire, de la guerre, de la science et du martyre [...]
Le fantôme de pierre s'empare de vous pendant quelques minutes et vous commande, au nom du passé, de penser aux choses qui ne sont pas de la terre. Tel est le rôle divin de la sculpture. « [
Baudelaire, "Le rôle divin de la sculpture", salon de 1859]