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Critique de Arakasi


Mort bêtement d'un cancer à la fin du XXe siècle, le professeur de lettres grecques Hockenberry se voit plonger dans le fantasme ultime de tout bon lettré : être ressuscité par les dieux de l'Olympe pour assister en personne à la célèbre Guerre de Troie et en faire un compte-rendu fidèle à ses divins employeurs. Grâce à la technologie offerte par les olympiens - vachement modernes, ces dieux ! - Hockenberry peut, à volonté, prendre l'apparence de n'importe quel guerrier troyen ou grec, se téléporter d'un bout à l'autre du champ de bataille et côtoyer les plus grands héros : Achille, Odysseus, Hector, Agamemnon... Mais dans quel but funeste ces pseudos-divinités sèment-elles la mort sur la plaine de Troie ? Pourquoi ont-elles besoin des services d'un pauvre type comme Hockenberry ? D'où viennent-elles et pourquoi se sont-elles réfugiées sur le volcanique Olympus Mons de la planète Mars ? Notre lettré ressuscité n'est pas le seul à se poser ces embarrassantes questions et, du fin fond de la galaxie, deux petits robots sont envoyés comme enquêteurs pour débrouiller cet imbroglio quantique. Ailleurs dans le temps et dans l'espace, les derniers humains de la planète Terre se vautrent dans l'indolence et dans le stupre en rêvant de s'évader de leur planète pourrissante...

Vous vous sentez déjà largué ? C'est normal ! Comme disait une critique journalistique : “Il y a tant d'idées dans Ilium qu'elles pourraient servir à une génération d'écrivains.” Bien sûr, il faut séparer les excellentes idées des très moyennes, voire des franchement grotesques... La relecture de la Guerre de Troie version science-fiction de Simmons fait clairement partie de la première catégorie. Ce fil narratif est tout simplement passionnant, épatant d'érudition et d'intelligence ! D'humour aussi - ce qui est plutôt inattendu dans un roman de Simmons - car le décalage entre le point de vue du timoré Hockenberry et la réalité brutale des affrontements troyens est souvent savoureux. Il est très facile de s'identifier à ce petit bonhomme largué en pleine Antiquité, passionné de mythologie mais un brin traumatisé par la brutalité décomplexée et le pragmatisme sauvage des héros auxquels il a consacrés tant d'années de studieuses études. de façon étonnante, les technologies futuristes se mêlent très bien à cette atmosphère de violence primitive et on se passionne rapidement pour le mystère qui entoure les étranges habitants du Mont Olympe. Réussite totale pour cet arc narratif, donc.

Le problème, c'est qu'il en reste deux autres. le second, celui des deux petits robots investigateurs Orphu et Mahnmut, est assez sympathique, bien que beaucoup moins prenant. Il donne surtout l'occasion à Simmons de disserter sur l'importance de la fiction et de la littérature dans l'Histoire humaine, de façon un peu trop ostentatoire mais tout de même intéressante. En revanche, l'arc des derniers humains m'a ennuyée à crever et, même, légèrement agacée. Non comptant d'aligner des poncifs de science-fiction, Simmons se laisse aller à des digressions assez malvenues sur le judaïsme et l'islam. Pour l'instant, les délires de l'auteur sont assez discrets mais, connaissant ses opinions hélas assez nauséabondes sur certains sujets, je m'attends au pire… Malgré tout, je conserve une bonne impression de cette première partie du dyptique Ilium/Olympos, notamment grâce à l'excellence de la partie centrée sur Troie et à une fin aussi stupéfiante que haletante. J'ai même trouvé Achille badass. Bon, le temps d'une réplique seulement, mais quand même !
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