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Critique de BazaR


Et si, dans un avenir lointain, l'oeuvre de Shakespeare sauvait l'humanité ?

C'est l'hypothèse que Dan Simmons – toujours aussi surprenant – développe dans cette novella. Dans ce futur de l'avenir, l'humanité n'est plus qu'une espèce intouchable, disséminée, réduite en esclavage par des consciences extraterrestres supérieures organisées en hiérarchie de puissance, chaque niveau révérant le niveau supérieur jusqu'à Abraxas, la divinité créatrice ultime. le vaisseau « Muse » parcourt la portion d'univers occupée par ce conglomérat, abritant une troupe de théâtre shakespearien qui vient offrir aux « arbeiters » humains un peu de réconfort.
Jusqu'au jour où l'espèce maîtresse de l'humanité – les Archontes – daigne faire une apparition lors d'une représentation et ordonne à la troupe de se préparer à jouer une pièce devant eux. Événement inimaginable.

C'est peu de dire que l'auteur nous en met plein les mirettes. La puissance créatrice des espèces extraterrestres explose sous la forme d'artefacts interplanétaires et de constructions stellaires qui font passer l'anneau-monde de Larry Niven pour une poupée Barbie. Dan Simmons met en scène un spectacle d'une force visuelle incroyable, et sans l'entacher d'un abus de termes scientifiques. le physique des extraterrestres lui-même est bluffant, en particulier ceux qui ressemblent à des Chtulus angéliques.

Mais la vraie originalité se trouve dans l'importance cruciale de l'oeuvre de Shakespeare dans ce récit. Plusieurs pièces parmi les plus célèbres sont jouées et Dan Simmons rentre suffisamment dans les détails pour qu'un non-connaisseur puisse se sentir perdre pied, hélas. Mais pour qui connait un peu – ne serait-ce qu'à travers des films – on sent la force universelle de ces pièces exaltée, mise au niveau des cardinaux d'infinis incarnés par les consciences qui regardent.

La conclusion m'a laissé dubitatif ; c'est un euphémisme de dire qu'elle pose question. J'ai dû pas mal y réfléchir, rien que pour me convaincre qu'on pouvait l'interpréter d'une dizaine de façons différentes. Qu'est-ce que j'avais lu en fin de compte ? Une véritable occasion de rédemption offerte à l'humanité par le biais du théâtre ? Une complète illusion orchestrée par l'IA du vaisseau « Muse » qui serait plus que ce qu'elle prétend ?
J'ai fini par me fixer sur l'idée que Dan Simmons s'est fait plaisir en construisant une pièce de théâtre dont nous sommes, nous lecteurs, les personnages aussi bien que le sont ceux de papier (numériques plutôt, en l'occurrence). La nature de ce que j'ai lu importe finalement peu. Seule reste la beauté du chemin.
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