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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
🎼Si l'on ne jetait plus nos papiers dans les rues
Le petit balayeur ne travaillerait plus🎼
Les Têtes Raides

Un petit récit à contre-courant bien agréable. Michel Simonet balaie les rues d'une commune suisse avec une rose posée sur sa carriole. Et ce depuis des décennies. Un regard sur ses contemporains et ses ordures de façon poétique et avec jeux de mots, incluant ses collègues, les commerçants, les gens de la rue. Je cite : Balayeur et fier de lettres.
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Michel Simonet n'écrit pas uniquement son autobiographie dans ce petit opuscule orange, de la même couleur que son habit de travail. Il jette un regard perçant sur l'évolution de l'homo citadinus et des déchets qu'il produit. Entrecoupé de poèmes et de jeux de mots, ce récit est aussi tonique que la couleur de sa couverture. On voit se dessiner les portraits de la ville de Fribourg aux diverses saisons. Elle n'offre pas le même visage sous les confettis de carnaval que lors des fêtes estivales et estudiantines. Merci à cet arpenteur de rues de nous faire partager sa vision de la vie et de l'avenir.
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Dans les rues de la ville de Fribourg en Suisse, armé d'un balai le cantonnier nettoie derrière les passants. Il arpente la cité, il ramasse, il frotte. L'avez-vous remarqué agir et se déplacer avec son gilet orange ?

Tout en poésie, Michel Simonet nous emmène avec lui, dans son quotidien. Car une rose et un balai est un récit autobiographique. En sa compagnie, on rencontre les habitants de Fribourg, ceux qui font la vie de la ville, ceux qui se promènent, ceux qui ne font que passer par là et laissent une trace d'eux que le balayeur s'empresse d'effacer derrière eux. Avec lui, on découvre ce métier qui passe souvent inaperçu.

Et pourtant, c'est un métier pour lequel il n'existe pas qu'un seul terme pour le désigner : balayeur, technicien de surface, cantonnier, éboueur…

"Balayeur de rue

Ou cantonnier, opérateur écologique, homme de ménage en plein air, concierge de quartier, hygiéniste du trottoir, péripatéticien du char, pommeau d'un boulot de prolo, nettoyeur à l'aise-Blaise du balai balèze, propreur, déchétarien ordurier, mégoïste philanthrope, et, pour finir, le valorisant « technicien de surface » – telle est la liste non exhaustive des termes centraux ou excentriques utilisés pour qualifier ce métier souvent admiré, peu convoité, qui n'attire pas mais qui retient (j'en suis une preuve), parfois dénigré, mais reconnu par tous d'utilité publique."

Et pourtant aussi, le cantonnier se révèle souvent utile pour le public. Il devient parfois photographe pour un groupe de touristes, guide touristique, témoin pour la police locale. le cantonnier est les yeux et les mains de la ville.

Les anecdotes nous font parfois lever les yeux au ciel, mais plus souvent on sourit et on s'émerveille de la maîtrise des mots de Michel Simonet. Il a l'art et la manière de combiner les mots pour nous rapporter les faits d'une manière authentique et sans filtre.

"On me demande parfois : y-a-t-il un record sur l'échelle des odeurs ? le pire du pire se manifeste d'après moi dans les bouteilles ou canettes de bière en aluminium à moitié bues et lancées dans un talus. Les limaces attirées par le breuvage y entrent, s'y noient, y macèrent en s'y liquéfiant pendant quelques jours si le récipient est bien caché. Ce mélange bière-limace dépasse tout ce que je connais en puanteur insinuante et tenace. Si par malheur ce liquide brunâtre s'écoule dans le char, c'est deux ou trois jours qu'il faudra attendre pour que le remugle s'évapore et que les passants ne se retournent plus sur votre passage."

Les courts chapitres sont entrecoupés d'interludes poétiques. La lecture est fluide, agréable. le style est percutant. Les phrases sont bien tournées, les mots piquants bien choisis. On tourne les pages, comme on accompagnerait le cantonnier sur son trajet quotidien. C'est rythmé et doux à la fois. Mais on se dit, qu'heureusement que les odeurs ne surgissent pas des mots ! Les imaginer est bien suffisant. Tous ces détails, ces rencontres rendent le récit vivant. Entre poésie et humour sarcastique, on passe un merveilleux moment.

En bref, Michel Simonet manie aussi bien la plume que le balai ! Un petit traité aussi sage que croustillant. Une lecture très divertissante. La découverte d'une plume originale ! Un récit qui sent le vécu !
Lien : https://ellemlire.com/2020/0..
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Dans ma naïveté croyant être le premier du site, j'ai été heureusement surpris de découvrir que nombre de Babéliens avaient déjà produit une critique de ce petit ouvrage peu commun et d'une diffusion relativement confidentielle. Comme mes collègues en babéliage, donc, j'aurai à coeur de souligner la fraîcheur étonnante de ce court recueil de balayures des lettres, poétique et philosophique, de ce sac-poubelle méditatif et coruscant, de cette anthologie humoristique des ordures ménagères. C'est l'anti-Baudelaire : les fleurs qui poussent sur les déchets de Michel Simonet sont des fleurs saines et riantes, qui exhalent une odeur de sainteté plutôt que de charogne. On suit volontiers le chariot débordant de morceaux de son choix rejetés par les vivants (souvent les bon vivants, du reste, ce qui offre la peinture d'une sorte de vanité). On visite une ville par le dessous, et c'est le monde d'aujourd'hui, le libéralisme globalisé qui nous apparaît, sous l'espèce des rebuts de la grande consommation. Toute une société urbaine s'y révèle "en creux", comme on dit. L'Hadès du balayage regorge d'images inversées de la vie d'en-haut. Elles foisonnent, rafraîchissantes malgré leur origine douteuse : c'est que, du cloaque, Michel Simonet sait isoler les objets qui l'inspirent et nous en communique, au lieu du dégoût attendu, un certain respect pour l'oublié, le méprisé, le sale. Pour en revenir à Baudelaire, le cantonnier de Zurich a vraiment su toucher, lui, l'âme du public, "à qui il ne faut jamais présenter des parfums délicats qui l'exaspèrent, mais des ordures soigneusement choisies." (Le Chien et le Flacon)
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Voilà ce que l'on peut lire sur le 4ème de couverture: "Michel Simonet a donc fait ce livre foutraque et plein de santé, qui ne ressemble à rien, sauf à ce dont il traite : un homme, son métier, sa ville. " Et cela résume parfaitement le contenu, on y trouve de tout dans ce livre: un enchaînement de courts chapitres qui mixe poèmes, réflexions philosophiques, théologiques et descriptions en tout genre, principalement sur le métier de balayeur. le tout rédigé dans une écriture fluide pleine de jeux de mots. Au début j'ai eu un peu de peine à entrer dedans mais ensuite j'y ai pris beaucoup de plaisir. Un livre que je n'ai pas pu lire d'une traite mais que j'ai plutôt dégusté par petite dose comme une bonne boîte de pralinés... Un livre que je recommande aux amateurs de mots...
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🧹 « Je remarque que la lenteur, qui n'est pour moi rien d'autre que le rythme fondamental de l'humanité, est devenue un luxe paradoxalement nécessaire et vital par les temps qui courent, qui nous entraînent plutôt qu'ils ne nous portent. On perd en teneur ce que l'on gagne en vitesse, et cette vitesse que l'on atteint semble actuellement beaucoup plus intéressante que la direction que l'on prend.» (p.95)

🧹 Michel Simonet a choisi de devenir balayeur de rue. Alors que l'inconscient collectif associe ce métier à un travail ingrat et disgracieux, l'auteur décide d'aller à contre-courant et d'expliquer l'amour qu'il met à accomplir son ouvrage quotidien. Muni de son char (qu'il a poétiquement et effrontément décoré d'une rose) et de son balai, il arpente les rues de sa ville bien-aimée Fribourg, bien souvent avant que le soleil ne se lève et devient ainsi le complice d'un mécanisme dont les rouages n'ont plus de secrets pour lui. Si désormais nous sommes dans une société qui prône l'accumulation de biens divers et variés comme signes ostentatoires de richesse, sa mission est toute autre et se mesure à l'aune de ce qui n'est plus : un travail accompli est une ville dépouillée de ses déchets.

🧹 Véritable ode à la lenteur, Michel Simonet ne fait pas que réhabiliter son métier, il suggère également une vision de la vie en tempo lento, à pas d'homme, qui rend malheureusement à disparaître. Ce petit traité est une très belle parenthèse qui permet de remettre notre conception de la vie et du travail en perspective. On ne remerciera d'ailleurs jamais assez ces travailleurs de l'ombre qui se confondent (à tort) dans le panorama quotidien.

🧹 « L'hygiène de notre vie est intimement liée à l'hygiène de la rue. » (p.54)
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Mais où classer ce récit dans votre bibliothèque ?
Est-ce une poésie ? ? Une nostalgie ? Une autobiographie ? Un roman de rue ?
Ce livre est tout cela à la fois, c'est une respiration entre deux ouvrages insensibles, c'est comprendre que, par ses choix de vie, l'on peut être très heureux.
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Sur les pavés, les déchets. Sous les détritus, des roses pas encore fanées. Un petit livre charmant à la plume légère et enjouée. Prose, aphorismes et jeux de mots dictent les pensées profondes d'un homme qui a choisi de balayer devant sa porte et celle des autres avec le sourire, l'envie de servir et de partager.

Sous la forme d'un haïku :

Balayeur de rue.
Rose parmi les détritus.
Riche simplicité.
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C'est un gars, il balaie.
Il est chuiche, il s'appelle Michel Simonet. Après des études de commerce puis de théologie, il bosse un peu dans les bureaux, puis choisit son métier : il sera balayeur des rues de sa bonne ville de Fribourg. Sa période d'essai de six mois a fini par durer 29 ans. Ce tout petit livre égraine ses pensées philosophiques, son vécu au gré des saisons, sa joie de travailler dehors, les gens qu'il croise, collègues, restaurateurs ou bistrotiers, passants, clodos, et la fleuriste qui lui donne chaque jour sa rose en fidèle compagne sur son chariot. Il fait aussi l'éloge du froid, qui lui scie les doigts mais tient des promesses de printemps et de patience. Il fait l'éloge de la lenteur, c'est son luxe, balayer, prendre son temps, bien vérifier. Il plaide pour la routine qui n'en est pas vraiment une, moins que dans les ordres (où il a failli entrer avant de se marier et de fabriquer huit petits nenfants.). Il raconte que beaucoup de boulots font, fabriquent, produisent. Lui, il défait (la saleté), il ne produit rien, au contraire, il efface. J'adore ces petites chroniques, moi qui ai écrit tout un ouvrage qui s'appelle "à la poubelle", la magie de ce lieu qui engloutit tout ce qu'on veut oublier...
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Michel Simonet aurait pu trouver une autre travail, il a choisi d'être balayeur et met du coeur à son ouvrage. Si le maire de Frigourg dit avec condescendance qu'il fait partie des ambassadeurs de la ville, lui, assume pleinement cette fonction aux multiples visages, faite de rencontres insolites. Ces textes courts sont empreints de sagesse et d'humour !
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