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Critique de Ileauxtresors


Une rupture amoureuse fait vaciller Mary et réveille des souffrances anciennes. Son fils Célian, sensible, entier, rêveur, souffre à l'école. Ils trouvent refuge sur une île de la mer Baltique, où vécut au XVIe siècle l'astronome Tycho Brahe pour lequel ils partagent une même fascination. Un lieu un peu hors du temps où l'on croise une logeuse géante, un spécialiste de Shakespeare, un marin taiseux et un certain nombre de fantômes…

Maud Simonnot parle avec justesse de la sensibilité exacerbée qui rend vulnérable, mais sublime la beauté du monde. Il est manifeste que comme Célian, Mary fut elle-même une "enfant céleste" ; on le ressent dans la finesse et la poésie avec lesquelles elle raconte l'île de Ven. En préservant de toutes ses forces l'enfance et les rêves de Célian, c'est aussi ses propres plaies qu'elle panse.

« J'ai rêvé, l'autre soir, d'îles plus vertes que le songe. » (citation de Saint-John Perse en incipit du roman)

Les voix entremêlées de la mère et du fils racontent le réconfort trouvé auprès de la beauté cristalline de l'île, ses vents qui balaient les tourments, sa forêt aux ramures protectrices, la proximité rassurante des animaux. Auprès de la figure de Tycho Brahe, aussi, dont le parcours montre si bien combien de force et de liberté peuvent être tirées de ses singularités : ce marginal préféra l'astronomie aux carrières prestigieuses auxquelles son rang le destinait, se battit en duel, bénéficia des faveurs d'un monarque qui lui permit de se réfugier dans l'observation du ciel dont il redessina entièrement la carte au mépris des dogmes en vigueur, avant de tomber dans la disgrâce et de devoir s'exiler…

C'est vrai que le monde cosmique a quelque chose d'apaisant, avec sa pureté et ses lois implacables.

Ce roman, en lice pour plusieurs prix dont le Goncourt, est de ceux qui se parcourent lentement pour laisser aux mots le temps de déployer leur puissance évocatrice. Moi qui suis plutôt portée sur les intrigues qui vous donneraient envie de savoir lire plus vite, j'ai été touchée par la fragilité et l'amour maternel de Mary, et fascinée par l'incroyable histoire de Tycho Brahe. Je reste sous le charme de la plume délicate de Maud Simonnot et de cette invitation à débrider sa sensibilité, à préserver la forêt imaginaire de son enfance, à rêver d'une île… pour mieux pouvoir s'ouvrir au monde.

Merci aux édition de l'Observatoire et à Babelio pour cette bonne pioche à la dernière Masse Critique !
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