Ariane est une apologie du mensonge. Une jeune fille vierge d'origine modeste fait croire à un Casanova moderne qu'elle pratique la liberté sexuelle. Ce mensonge excite le libertin qui, ayant découvert la supercherie, pense que la jeune fille changera sa vie, pas forcément par sa douceur, mais par son côté Schéhérazade qui invente des aventures érotiques susceptibles de l'exciter en le rendant jaloux. Le happy end dans la gare se fait au bord des larmes de détresse puisqu'il est le résultat d'un jeu de dupes. Ni le veule séducteur ni l'innocente menteuse n'ont échappé au vice conséquent de leurs idées fixes respectives. Ils sont devenus l'un et l'autre prisonniers d'un rêve qui peut se transformer en cauchemar quotidien.
Wilder a encore souffert des caprices de Marilyn Monroe sur le tournage de Certains l'aiment chaud. Il exclut toute nouvelle collaboration avec elle par une boutade : « Mon médecin et mon banquier m'ont fait comprendre que j'étais trop vieux et trop riche pour diriger à nouveau Marilyn Monroe. »
Wilder retrouve son acteur fétiche Jack Lemmon et refuse de confier le rôle d'Irma à Brigitte Bardot qui le convoite. Il lui préfère Shirley MacLaine qu'il a déjà dirigée avec bonheur dans La Garçonnière.
Chacun de ses films est une fable où la méchanceté n'est qu'une fausse piste demandée par la pudeur. L'humour y est une politesse provocante afin de pointer le sordide. La critique sociale et idéologique y devient révélatrice de tendresses masquées ou trahies. L'obscénité survient en ressac nécessaire du réalisme. Car Billy Wilder est d'abord un moraliste.
Ce ne sont pas les comédies qui ont consacré Billy Wilde comme réalisateur à Hollywood, mais ses films noirs.
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Chaque cinéaste a ses couleurs, comme un peintre. Certains peignent comme Dufy, d'autres font plus sombre, comme Soutine, si l'on veut, mais jamais je n'ai réfléchi pour savoir si j'étais amer ou cruel ou pessimiste, ou quoi que ce soit. Une histoire me plaît, c'est tout, je raconte ce que j'aime.
(Billy Wilder, 1962)
Car sa force [Wilder] est de mettre en scène des crapules, des crétines , des imposteurs , des lâches, et des assassins, puis d'en faire des êtres humains.Rien n'est plus inquiétant que ce processus . Il révèle la nature profonde des individus et les aléas de l'idéalisme.