Un écrivain ne doit pas et ne peut pas parler uniquement de lui. Cela n'a rien à voir avec l'idée romantique ou patriotique du "porte-parole du peuple". C'est l'essence même de l'écriture. Certains écrivains peuvent croire qu'ils sont leur unique sujet : s'ils ont un quelconque talent, c'est en fait l'histoire de leur temps et de leurs contemporains qu'ils racontent, sous forme d'autoportrait. Car tout autoportrait a un second plan, avec des petits personnages qui peinent ou qui gambadent, comme les représentaient les maîtres hollandais. Si un écrivain n'arrive à produire rien de plus qu'une image de lui-même sur fond noir, ce n'est qu'un misérable écrivaillon qui n'est jamais sorti de la puberté, quel que soit le nombre de scènes de baise qu'il met dans son roman.
Durant la première décennie du régime soviétique, marquée par la volonté de marier révolution et art moderne, le jazz fut considéré comme une forme musicale radicalement nouvelle et, par conséquent, progressiste.
Je n'ai rien contre la science. Toutes les sociétés modernes y ont recours, et même les chamans contemporains de l'obscurantisme médiéval traversent le ciel en avion, et pas en tapis volant.
C'est ainsi que l'histoire du jazz en Union soviétique a suivi un cours parallèle à celle des autres arts dans ce pays. Elle n'en finit pas de jouer au yo-yo entre détente et répression.