AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Frederic524


Romain Slocombe, nul besoin de le présenter, auteur majeur s'il en est d'une trentaine de romans dont deux sélectionnés pour le prix Goncourt : « Monsieur le Commandant » (2011) et « L'Affaire Léon Sadorski » (2016). Pour cette rentrée littéraire d'hiver 2024, c'est un roman intitulé « Une sale française » qui prend possession des rayons de nos librairies favorites. On ne change pas d'époque, Romain Slocombe poursuit son analyse fine, et en même temps accessible, d'une période, la Seconde Guerre mondiale, où l'on vit en France, s'affronter des idées politiques, des utopies se confrontant avec une violence inouïe, le tout sous occupation allemande suite à la déroute de juin 1940 et l'armistice, le 22 juin de cette même année, signé en forêt de Compiègne par le représentant allemand Wilhelm Keitel et le représentant français, Charles Huntziger. Jusqu'à l'ignominieuse poignée de main entre le maréchal Pétain et le Führer du IIIème Reich Adolf Hitler le 24 octobre 1940 en gare de Montoire. « Une sale française » est une fiction mais inspirée de faits réels. Certains noms ont été changés bien évidemment mais, comme son titre l'indique, son sujet s'est la collaboration active de Français travaillant pour le SD, soit la Gestapo ou les services de sécurité de la SS dans la lutte acharnée entre services de renseignements anglais, français etc. La complexité des engagements est parfaitement rendu ici. On y croise pour point de départ de l'intrigue, deux femmes aux noms se rapprochant : une certaine Aline Beaucaire et, une autre femme, Aline Bockert surnommée « La Panthère rouge. » Sont-ils la même personne ? Aline Bockert et son engagement fanatique pour les nazis. Sa chasse aux Juifs, ses participations actives aux interrogatoires du SD contre les résistants, etc. Une furie nazie condamnée après-guerre. Aline Beaucaire se décrit auprès de la DST comme étant une femme amoureuse d'un collaborateur servant la SS, une femme éprise et manipulée, tout du moins selon ses dires. On alterne entre les documents de la DST après-guerre, la reconstitution des faits et le témoignage trop naïf d'une Aline Beaucaire n'ayant rien vu ni entendu. Cela est bien évidemment trop beau pour être vrai. Elle connaissait les fréquentations de son amants, les dinés auprès des officiers de la Wehrmacht et de la SS, de la Gestapo ou le SD (nom donné représentant la même entité répressive allemande). Aline Beaucaire rencontre le soeur de son petit ami, elle aussi est une collaboratrice forcenée dont l'amoureux sert dans la LVF et partit sur le front de l'Est combattre le « Judéo-Bolchévisme. » La guerre est aussi l'occasion pour toutes les crapules du grand banditisme de faire de l'argent en changeant de camp selon les opportunités. On y parle aussi des passeurs de la ligne de démarcation qui demandent de l'argent aux personnes souhaitant rejoindre la zone libre. Dans un même élan, il n'est pas rare que ces traîtres vendent le groupe dont ils ont la charge contre la rançon offerte par les Allemands. L'épuration d'après guerre est décrite dans les rapports que s'échangent les différents services à la poursuite des collaborateurs et autres criminels de guerre. Romain Slocombe conjugue, comme à chaque fois, rigueur des recherches effectuées sur le plan historique, et souffle littéraire pour un récit qui ne s'essouffle. L'enquête est passionnante et nous lecteurs/lectrices de terminer ce roman en ayant le sentiment d'avoir appris des choses importantes sur le déroulé de cette guerre des services durant le conflit et l'immédiat après-guerre. C'est un roman qui se lit très vite. Je l'ai dévoré en deux jours. Je le recommande vraiment. N'hésitez pas !
Lien : https://thedude524.com/2023/..
Commenter  J’apprécie          273



Ont apprécié cette critique (27)voir plus




{* *}