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Critique de Sofiert


Dans le cadre du retour en grâce de la figure de la sorcière, cette biographie romancée d'Entgen Luitjen, la dernière femme condamnée en tant que sorcière aux Pays-Bas en 1674, rend hommage à toutes ces femmes fortes et combatives qui ont été condamnées au bûcher par l'inquisition.

Ce portrait nous présente une jeune femme discrète mais déterminée, découvrant son corps et sa sensualité assez tardivement puisqu'elle avait la charge des enfants de sa mère et s'était jusque sa rencontre avec Jacob, effacée derrière ses responsabilités.
Elle découvre alors sa sexualité et se montre entreprenante avec son mari qui est d'une nature plus passive. le couple est complémentaire, mais certains regardent d'un mauvais oeil cette femme active qui se mêle de commerce et négocie à la place de son mari.
"Méfiez-vous des femmes au caractère autoritaire, nous prêchait-on à l'Église, des femmes à la conduite lascive ou à l'apparence séduisante, des femmes capables d'opérer des prodiges inexplicables et des femmes qui ont le vent en poupe malgré tous les malheurs qui nous frappent. Ce sont les femmes qui attirent sur nous les calamités de Lucifer. "

Une femme qui réussit attire bien des jalousies, surtout lorsqu'elle se mêle également de politique. Elle participe aux réunions qui remettent en cause les pouvoirs du seigneur et encourage son mari à se révolter et à participer aux combats.

Et troisième témoignage à charge, elle a appris de sa grand-mère à utiliser les plantes pour soigner, à écouter la nature pour anticiper, à cultiver la terre pour qu'elle soit féconde. Ces connaissances inquiètent car elles lui donnent un pouvoir que seuls les hommes devraient détenir.

C'est en femme âgée qu'elle fera connaissance avec le cachot et le procès pour sorcellerie. Sur dénonciation par des voisins envieux, elle sera incarcérée, interrogée, examinée et torturée sans jamais reconnaître une quelconque culpabilité, ni accuser d'autres femmes comme on le lui demande. D'une incroyable résistance, elle fait le récit de sa vie de femme par la plume de Susan Smit.

La lecture est agréable, d'autant que la plume de l'auteure est limpide et parfois poétique pour décrire sa proximité avec la nature.
Dans la postface, elle présente sa démarche de recherche et sa fascination pour ces femmes "qui n'obéissaient ni au prêtre, ni à l'epoux et pourvoyaient à leur propre subsistance."
On sait avec Mona Chollet que les sorcières furent les premières féministes et que les chasses aux sorcières n'étaient rien d'autre qu'un ignoble féminicide. Susan Smit cite ainsi" le marteau des Sorcières ", cet ouvrage qui servait à prononcer les condamnations :" Une femme qui pense par elle-même a le mal à l'esprit ".
Cette biographie est le portrait symbolique de toutes ces femmes qui eurent la prétention de penser par elles-mêmes et qui furent exterminées pour cette seule raison.







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