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1674, Entgen Luijten, une veuve âgée de 74 ans vivant à Limbricht, près de Sittard, se retrouve accusée de sorcellerie. Dénoncée par des voisins, qu'elle a pourtant régulièrement aidés grâce à sa grande connaissance de la nature et des plantes, elle se retrouve enfermée dans un cachot froid et humide en attendant son procès… et les séances de torture visant à lui arracher une confession avant de finir sur le bûcher !

Ce roman néerlandais proposé dans la nouvelle collection « Les ailleurs » des éditions Charleston est une biographie romancée basée sur un procès qui a effectivement eu lieu et dont tous les documents ont été conservés dans leur intégralité. Un récit factuel qui démontre à quel point il était facile de se retrouver accusé de sorcellerie à l'époque, sans véritable échappatoire possible…

« La Sorcière de Limbricht » invite d'un part à suivre ce procès totalement inéquitable, ainsi que tous les moyens que l'Inquisition mettait à disposition afin de ne donner aucune chance à ces femmes fortes que la société cherchait à éliminer. À coups de flash-backs, il partage d'autre part les souvenirs de cette femme qui croupit sur le sol froid d'un donjon en attendant le terrible sort qui lui sera réservé. Des retours en arrière qui permettent de découvrir une femme indépendante qui cultive en écoutant les signes de la nature, qui soigne en utilisant des plantes, mais qui se mêle également de politique et de commerce en négociant régulièrement à la place de son mari. Une indépendance et un franc-parler qui sont malheureusement mal vus à l'époque… surtout lorsqu'on se retrouve veuve, sans la protection d'un homme !

« La Sorcière de Limbricht » n'est donc pas uniquement une chasse aux sorcières, mais surtout un hommage au courage de ces féministes avant l'heure. Des femmes libres et autonomes, qui font peur car elles menacent la société patriarcale et la foi chrétienne. Des femmes qui se retrouvent du coup persécutées, poursuivies, accusées de sorcellerie, puis brûlées devant tout le monde. Un féminicide comme il en existe encore dans certains pays et qu'il faut combattre à tout prix !
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1674, Entgen Limbricht, une dame âgée de plus de 70 ans, trop franche de par ses propos, trop affirmée, un peu trop au courant du pouvoir de guérison des plantes, est accusée de sorcellerie.
Dans sa cellule, en attendant son procès, elle nous fait revivre son passé aux Pays-Bas où elle a toujours vécu.
Dans sa famille, elle aidait sa mère , catholique à l'excès et son père , régisseur.
Grâce à sa grand-mère paternelle, athée mais pas révoltée contre la religion, elle apprend une vie guidée par le bon sens humain, la sincérité. Elle lui apprend le pouvoir de guérison des plantes qu'elle cultive dans son jardin.
L'auteure, Susan Smit, nous livre quelques remèdes de cette époque de façon très intéressante.
Mariée à Jacob, Entgen nous livre sa vie de femme, vraie, honnête, maternelle, amoureuse de son mari, non empêtrée dans les bondieuseries.
Hélas, cette authenticité la mènera au cachot et davantage.
Le livre commence d'ailleurs par une citation qui prête à réflexion :
" Utopie : un monde où n'existerait plus que des différences, de sorte que se distinguer n'équivaudrait plus à s'exclure."
Roland Barthès 1975
Le livre est traduit du néerlandais par Marie Hooghe et j'ai apprécié la qualité du texte, des mots.
Je ne connaissais pas cette collection "Les ailleurs"chez Charleston. Une très belle édition écoresponsable au papier très lisse , à la couverture attirante et colorée.
Je le rangerai avec plaisir dans ma bibliothèque.
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Hinnnhinnnhinnn ! Hinnnhinnnhinnn !
La sorcière échevelée touille potions et mixtures dans son chaudron magique. Ses cheveux poivre et sel crasseux encadrent son nez crochu. le chat noir famélique, posté comme il se doit à côté du balai, observe de ses yeux étrécis le bouillonnement des bulles qui éclatent à la surface de la fort prometteuse et odorante mixture verdâtre de la marmite suspendue dans l'âtre.
Bave de crapauds, cornes de bouc, pattes de scarabées et poudre de perlimpinpin, voilà qui promet un savoureux mélange. Enfin, ça c'est ce que j'espérais en commençant la lecture de ce livre. J'avais même emprunté son grimoire à Mercotte pour noter de nouvelles recettes, prête à succomber de gourmandise.
Et puis, là patatras ! non, je ne me suis pas pris les pieds dans le balai ni dans les pattes du chat (toujours à me tourner autour celui-là). Alors que je me réjouissais de pouvoir taper dans le dos de mes copines sorcières ordinaires, Susan Smit, en fait de sorcière épouvantable m'a dégoté avec une femme charmante, toujours prête à aider son prochain, toute serviable et gentille !
Que diable ?! On m'aurait menti à l'insu de mon plein gré ? Mais attention, Entgen Luitjen (la jolie sorcière, mais pas jeune hein, faut pas charrier, qui a déjà vu passer tout de même soixante-quatorze printemps) n'a pas que des copains dans sa verte campagne.
Je ne vous ai pas encore tout dit, Entgen a une grande gueule, qu'elle aime bien ouvrir un peu trop souvent, surtout quand son mari se laisse gentiment rouler dans la farine (les affaires c'est pas son fort), et parfois - et là ça devient beaucoup plus problématique pour l'époque- face aux puissants.
Car la société limbrichtoise goûte assez peu les femmes suffisamment fortes pour vivre seules après le décès de leur mari, à l'écoute de la nature, qui parviennent à engranger de meilleures récoltes que leurs voisins jaloux, et impliquées dans une révolte à l'encontre du riche seigneur de la région.
Cette peinture de la société du 17ème siècle s'avère intéressante, cependant, je ne me suis pas attachée particulièrement à Entgen Luitjen, ce qui fait que j'ai trouvé quelques redondances et longueurs dans ma lecture. Il m'a semblé que Susan Smit prêtait à cette femme des pensées trop actuelles, féministes et modernes pour me convaincre.
Le roman reste cependant instructif sur ces faits historiques au coeur de la campagne néerlandaise (qui ne semble pas beaucoup différer de ce qui se passait en France à la même époque).
J'ai ainsi appris l'existence d'un livre fabuleux nommé le Malleus Maleficarum (« Marteau des sorcières », comprenez le marteau contre les sorcières) : sorte de Petit guide pour les nuls destiné aux tribunaux de l'Inquisition : comment démasquer une sorcière, lui faire avouer ses crimes (la torture est recommandée) et dénoncer ses copines de Sabbat (plus on est de folles sur le bûcher meilleure est l'ambiance du méchoui).
Je ne peux pas résister à une petite citation croustillante : « Il est, paraît-il, écrit dans le Marteau des sorcières, que ces magiciennes peuvent faire disparaître le membre viril et en constituent de véritables collections dans des cercueils ou des nids d'oiseau où elles se vautrent désespérément. Si on considère les sorcières comme des femmes puissantes et exigeantes, il ne faut pas s'étonner qu'on raconte qu'elles ont le pouvoir de subtiliser aux hommes leurs parties génitales. Elles chevaucheraient aussi un balai, le manche coincé entre leurs cuisses, la preuve de leur sensualité débridée. À présent que je suis dans ce cachot, moi qui ne sais rien des chevauchées sur des balais ou des escamotages de pénis, tout cela me semble plus en plus absurde. Comment ai-je pu croire, ne serait-ce qu'un instant, à ces inepties ? » (p.154)

Cependant, pour celles et ceux que cette thématique des sorcières intéresse, je ne saurais que vous recommander chaudement la lecture d'Un bucher sous la neige (oui j'avais prévenu, ooouch ! ça brûle), qui m'avait bien plus ensorcelée que celui-ci.
Tu as vu, minouchette ?, c'est la pleine lune ! viens, on va faire un petit tour en balai ! (non non pas de partie de quidditch en vue, tu mélanges tout là, on va faire une petite virée entre copines, je crois que Yaena est pas loin !)
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Après ma période vampire, j'ai ma période sorcière. Et dites donc qu'est ce que j'en apprends des choses ! D'autant que La sorcière de Limbricht est un roman tiré d'une histoire vraie, celle de Entgen Luijten qui fut accusée de sorcellerie en 1674, une accusation floue quand on y pense. de quoi pouvait-on accuser ces femmes ? Et bien principalement d'avoir dansé au Sabbat avec d'autres sorcières en compagnie du Diable, et même d'avoir forniqué avec lui tant qu'à faire, d'avoir causé du tort aux voisins en tuant leurs vaches en les farcissant de vermine, de chauves souris et de serpents (étrange comme recette de cuisine) et, pourquoi pas au point où on en est, d'avoir fait de mauvaises récoltes ou d'avoir un mioche idiot. Bref tout et n'importe quoi.

Et comment on le prouve ? La sorcière porte la marque du Diable pardi ! Autant vous dire qu'à ce stade on est mal barré parce que tout le monde a ce genre de tâche ! Heureusement l'inquisition donc l'Église fait ça sérieusement il faut aussi des aveux… obtenus sous la torture. On est sauvé ! Une procédure judiciaire menée en grande pompe et des accusations impressionnantes qui ne sont en fait qu'un théâtre pour se donner une contenance. de la poudre aux yeux. Les accusateurs et les juges n'ont pas le courage de leurs actes, s'ils condamnent ces femmes c'est pour ce qu'elles sont, tout le reste n'est que mensonge.

Susan SMIT remet les pendules à l'heure et réhabilite les sorcières en leur rendant leur vrai visage. Être sorcière c'est être une femme seule qui se débrouille sans homme, souvent veuve, c'est être proche de la nature et savoir utiliser les ressources qu'elle offre pour apaiser les maux et guérir les petits bobos. Être sorcière c'est apprendre à observer la nature et les animaux pour mieux en tirer des conclusions utiles et améliorer sa récolte et son potager, la santé de son cheptel ou celui de ses arbres fruitiers. Être sorcière c'est avoir du caractère, s'affirmer, refuser la domination, se rebeller. Être sorcière c'est exister en tant que femme et non vivoter en tant que sexe faible.

Dans La chambre des Diablesses, Isabelle DUQUESNOY nous parlait de la Voisin, une sorcière qui a sombré dans l'ésotérisme, qui a fini par se conformer à l'image d'Épinal de la sorcière pour plaire à ses clients, jusqu'à coller au stéréotype, s'y perdre et devenir un monstre. Ici Susan SMIT nous parle de celles qui n'ont jamais cherché à être qualifiées de sorcières, celles qui ne vivaient pas des services qu'elles rendaient, celles qui étaient proches de la nature, des plantes, qui savaient qu'elles n'avaient pas de pouvoirs magiques et qui ne croyaient pas plus au Diable qu'à Dieu. Des herboristes, des sages femmes, des apothicairesses, des païennes, des grandes gueules, … Voilà qui étaient les sorcières, des femmes intelligentes à l'esprit libre à qui on a fait payé cher leur audace. Des femmes de science, des observatrices, pas des bigotes, des superstitieuses ou des soumises. Là était leur faute.

Tuer des sorcières ce n'était pas simplement tuer quelques femmes, c'était faire un exemple pour tenir les autres en laisse, les garder soumise. C'était aussi briser la sororité qui aurait pu les unir car il n'était pas rare que, ivre de douleur, une sorcière dénonce une autre femme pour abréger ses souffrances. Dans ces conditions pour une femme, toutes les autres étaient potentiellement dangereuses. Un bon moyen de garder la femme à la maison soumise à son mari et à Dieu. Discréditer ces femmes c'est renforcer l'emprise de l'Église: c'est Dieu qui accorde des faveurs et inflige les épreuves pas la nature, prétendre pouvoir adoucir les punitions de Dieu ou s'en prémunir relève du blasphème. Subir, prier, courber l'échine et rien d'autre.

Mais ce livre c'est avant tout l'histoire de la vie de Entgen. Une vie porteuse de réflexions sur les relations humaines entre un mari et sa femme, entre une mère et sa fille. Des questionnements riches et profonds.

C'est aussi une ode à la nature portée par une écriture sensorielle et poétique. J'ai aimé ces longues balades dans la lande néerlandaise, ses odeurs, ses couleurs, jusqu'à sentir le vent se poser sur moi. Des promenades comme un baume apaisant sur les coeurs. Un bonheur simple qui dompte les plus grandes colères et efface les injustices des hommes parce que la nature est au-delà de tout ça.

J'ai aimé écouter Entgen me parler de son mari qu'elle aimait à sa façon sans savoir si c'était la bonne, de sa relation compliquée avec sa mère, de celle plus douce avec ses frères et soeurs, de l'admiration qu'elle vouait à son père, du lien si particulier qui l'unissait à sa fille. J'ai aimé ce personnage tellement fort et fragile. Touchant par sa grandeur d'âme et par ses doutes.

Et par dessus tout j'ai aimé cette plume qui ressource le lecteur et lui procure une joie enfantine et une liberté que l'on respire à plein poumons.
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En 1630, Entgen Luijten et sa famille s'installent à Limbricht, aux Pays-Bas.
Entre une mère qui ne voit que par sa foi chrétienne et une grand-mère qui lui raconte la nature et les plantes, elle a vite choisi.
Elle apprend les noms, certaines préparations pour aider ou soulager, humains et animaux.
Pour certains esprits bornés ou ceux qui se laissent abuser par les paroles des prêtres et de l'église, ce ne sont que des rites sataniques. Il suffit pourtant de regarder autour de soi pour comprendre.

"Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas ; ce qui est en bas comme ce qui est en haut."
"Si on voit les alouettes voler haut dans le ciel, c'est parce qu'elles doivent aller chercher des moucherons dans l'air chaud : le temps restera donc provisoirement sec. Un soleil aqueux et une lune blafarde annoncent de la pluie. s'il n'y a pas de taupinières fraîches, c'est que les taupes doivent trouver leurs vers plus profondément dans le sol, signe que le froid persistera. A la lune décroissante, la sève est aspirée vers les racines, on peut alors mettre en terre les plantes-racines et les arbres qui doivent s'ancrer solidement ; à la lune ascendante, la sève est de nouveau aspirée vers le haut et c'est le moment favorable pour planter et semer les légumes et les végétaux qui poussent hors sol. Pas besoin d'être devin pour le savoir.
Ce n'est pas une question de prédictions magiques, il suffit d'avoir une vue d'ensemble de l'organisation de la nature vivante et d'en tirer ses conclusions."

Entgen se marie, contre l'avis de sa mère et du village. Elle ne se laisse pas déstabiliser, c'est une femme forte qui montre qu'il n'y a pas que les hommes qui peuvent marchander, assister à des réunions. Cela ne plait pas à tous ces messieurs grossiers qui se croient supérieurs à la gent féminine. Elle est généreuse, elle sait ce qu'elle veut et ne pliera jamais.

Le 10 juillet 1674, elle est arrêtée et enfermée pour sorcellerie. A la mort de son mari, elle se débrouillait seule, un peu en marge du village. Elle aidait les personnes qui en avaient besoin avec ses plantes et cela suffit à ce qu'elle soit qualifiée de sorcière. Elle subira des sévices terribles pour lui faire avouer.
"- M'examiner ? qu'est-ce que cela signifie ?
- Cela signifie que je dois examiner votre corps pour y détecter une potentielle stigma diabolicum, répond-il.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Des taches sombres, aussi appelées taches de naissance ou taches de vin, des verrues et d'autres marques du diable."

Basé sur des faits réels, La sorcière de Limbricht de Susan Smit, un livre captivant, touchant, beaucoup d'émotions. Une ode à toutes les femmes brisées ou brûlées au nom de la bêtise humaine et de croyances ancestrales.












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J'ai tout d'abord trouvé la couverture de ce livre plutôt très belle et bien entendu le titre et la quatrième de couverture m'ont encore plus convaincue.

Car il s'agit ici d'une histoire vraie de Entgen Luijten accusé de sorcellerie car elle connait quelques plantes pour aider à soigner notamment des animaux tels que les vaches, les voisins de celle-ci lui demande donc de temps en temps de l'aide, mais malheureusement elle ne peut pas sauver des animaux en fin de vie.

Entgen Luijten vit également seule ce qui à cette époque est plus que mal vue d'être indépendante sans homme à ses côtés.

Nous suivons donc ici son enfermement dans une geôle et une partie de son procès sur des éléments au final plus que futile ou l'issue au torture est couru d'avance car si on succombe aux tortures ont est déclaré innocent mais mort et si on y résiste on est déclaré coupable est donc tué, d'où l'efficacité de ce type de procès avec au bout une issue fatale à chaque cas.

J'aurai aimé que ce récit soit plus long pour me plonger encore plus dans la vie de cette femme et à cette époque mais cependant j'ai beaucoup aimé suivre ce récit.
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Dans le cadre du retour en grâce de la figure de la sorcière, cette biographie romancée d'Entgen Luitjen, la dernière femme condamnée en tant que sorcière aux Pays-Bas en 1674, rend hommage à toutes ces femmes fortes et combatives qui ont été condamnées au bûcher par l'inquisition.

Ce portrait nous présente une jeune femme discrète mais déterminée, découvrant son corps et sa sensualité assez tardivement puisqu'elle avait la charge des enfants de sa mère et s'était jusque sa rencontre avec Jacob, effacée derrière ses responsabilités.
Elle découvre alors sa sexualité et se montre entreprenante avec son mari qui est d'une nature plus passive. le couple est complémentaire, mais certains regardent d'un mauvais oeil cette femme active qui se mêle de commerce et négocie à la place de son mari.
"Méfiez-vous des femmes au caractère autoritaire, nous prêchait-on à l'Église, des femmes à la conduite lascive ou à l'apparence séduisante, des femmes capables d'opérer des prodiges inexplicables et des femmes qui ont le vent en poupe malgré tous les malheurs qui nous frappent. Ce sont les femmes qui attirent sur nous les calamités de Lucifer. "

Une femme qui réussit attire bien des jalousies, surtout lorsqu'elle se mêle également de politique. Elle participe aux réunions qui remettent en cause les pouvoirs du seigneur et encourage son mari à se révolter et à participer aux combats.

Et troisième témoignage à charge, elle a appris de sa grand-mère à utiliser les plantes pour soigner, à écouter la nature pour anticiper, à cultiver la terre pour qu'elle soit féconde. Ces connaissances inquiètent car elles lui donnent un pouvoir que seuls les hommes devraient détenir.

C'est en femme âgée qu'elle fera connaissance avec le cachot et le procès pour sorcellerie. Sur dénonciation par des voisins envieux, elle sera incarcérée, interrogée, examinée et torturée sans jamais reconnaître une quelconque culpabilité, ni accuser d'autres femmes comme on le lui demande. D'une incroyable résistance, elle fait le récit de sa vie de femme par la plume de Susan Smit.

La lecture est agréable, d'autant que la plume de l'auteure est limpide et parfois poétique pour décrire sa proximité avec la nature.
Dans la postface, elle présente sa démarche de recherche et sa fascination pour ces femmes "qui n'obéissaient ni au prêtre, ni à l'epoux et pourvoyaient à leur propre subsistance."
On sait avec Mona Chollet que les sorcières furent les premières féministes et que les chasses aux sorcières n'étaient rien d'autre qu'un ignoble féminicide. Susan Smit cite ainsi" le marteau des Sorcières ", cet ouvrage qui servait à prononcer les condamnations :" Une femme qui pense par elle-même a le mal à l'esprit ".
Cette biographie est le portrait symbolique de toutes ces femmes qui eurent la prétention de penser par elles-mêmes et qui furent exterminées pour cette seule raison.







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🌸Chronique spéciale #marsaufeminin 🌸


« Aujourd'hui que je suis moi-même accusée, je ne suis plus aussi convaincue de l'existence des sorcières. »

Ne reste qu'à définir le mot: Sorcière…Parce qu'une sorcière du 17e siècle ne sera pas la même que celle du 21eme, mais il n'en restera pas moins que, Sorcière, à toute époque confondue, garde cette connotation trop négative, trop genrée, trop soumise aux aléas abusifs du patriarcat. Sorcière, est-ce finalement une figure effrayante de nos imaginaires ou l'incarnation de la femme libre? En tout cas, La Sorcière de Limbricht est une femme qui prend le parti de s'exprimer haut et fort. Et en 1674, cela ne passe pas. En 1674, on attend d'un femme qu'elle soit soumise à la volonté de son mari, de l'Église, et du pouvoir en place. Entgen Luijten ne s'y résoud pas. Voilà pourquoi, elle se retrouve dans un simulacre de procès, à nous raconter sa vie, ses souvenirs, et ses derniers jours dans le cachot du baron van Breyll. Alors quitte à définir le mot Sorcière, je crois bien, au vu de ses confidences, que c'est celle qui dérange, celle qui prend soin de la terre et des êtres vivants, celle qui déploie l'idée d'une sororité possible. Si les sorcières existent alors, Entgen en est la plus douce des incarnations, et aujourd'hui, lui rendre hommage en vous parlant de sa force intérieure, de sa tendance à la bienveillance, de sa façon de s'élever contre les oppressions pourrait, sans doute, changer votre regard sur la définition même du mot: Sorcière…

« Je ne sais pas ce que signifie « territio », mais si c'est dans le Marteau des sorcières, ce doit être une atrocité. »

Autant, j'avais déjà entendu parler de ce fameux livre, dont se servait l'Inquisition, pour « démasquer » la sorcière, autant le « territio » m'était aussi inconnu qu'à Entgen. Et pourtant, c'était à prévoir que ce serait une horreur de plus, imposée aux femmes. C'est fou comme la bêtise, la peur, la jalousie peut mener à de telles tortures ignobles. Entgen, n'a fait que aider son prochain, être attentive à la nature, tenir sa maison avec une main ferme et efficace, et voilà, qu'elle doit subir, les accusations, les trahisons, l'emprisonnement. Et le territio. Pourtant, elle ne cédera pas aux menaces, aux humiliations, à la douleur extrême, elle continuera de clamer son innocence et de se tenir droite pendant toute la durée de son procès. le plus difficile étant de savoir que c'est une histoire vraie. Que cette vieille dame ait pu être à ce point, affligée de tous ces immondes supplices, m'a vraiment brisé le coeur…

« Et pourtant, quelque part en moi, j'entends toujours la même mélodie. Mon coeur n'est pas vieux. »

Cette femme était vieille, seule, indépendante, intelligente, sensible, engagée, inflexible, incorruptible…Autant de déterminant qui ont fait peur à ces acharnés de la chasse aux sorcières, et ont scellé son sort…Qui sont les diables, je me demande, parfois…Susan Smit, avec ce roman bouleversant, nous conte les dérives de l'Histoire, avec son plus grand et honteux des féminicides, mais nous offre aussi des graines d'espoir pour tous nos futurs combats féministes qu'on sera amenées, à faire à un moment ou un autre. Parce qu'elle honore, elle aussi, la vérité, mon coeur se lie à la mélodie de sororité que l'on peut saisir dans ces pages. Un coeur qui bat, quelque soit son âge, n'est jamais vieux, inutile, ou insignifiant. Je crois, au contraire, qu'il nous faut absolument, les coeurs de nos aînées, de nos modèles, de toutes nos soeurs pour faire bouger les choses. Même ceux de nos fantômes, il nous les faudrait tellement la lutte est grandiose et primordiale…La Sorcière de Limbricht nous montre le chemin: elle nous réapprend l'importance de se lier au Vivant, la beauté de la résilience, et la force du féminin. Coup de coeur 💜
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Mon avis sur "La sorcière de Limbricht" est bon malgré tout. L'histoire rappelle "Un bûcher sous la neige" de Susan Fletcher, avec des femmes accusées de sorcellerie pour leur connaissance des simples. Cependant, le manque d'émotion et la froideur des personnages m'ont laissé sur ma faim. Malgré cela, le récit m'a interpellé et j'ai eu envie de défendre Entgen. le côté historique est bien documenté, mais la psychologie des personnages est un peu clinique. En résumé, une lecture instructive mais qui manque de passion. Je lui donne ★★★,5/5. Et pour citer l'auteure : "Le manque ne s'impose pas car l'imagination, à condition qu'elle soit détaillée et précise, est un assouvissement en soi."
Ma chronique complète :


Lien : https://lesparaversdemillina..
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Je suis toujours très attirée par les romans historiques traitant du thème de la sorcière. J'avais repéré celui-ci grâce aux avis des lectrices Charleston avant même sa sortie. Aussi , j'ai été plus que ravie d'avoir la chance de le découvrir grâce à Babelio et sa fameuse opération masse critique. La sorcière de Limbricht est un roman néerlandais, le premier de la nouvelle collection Les ailleurs des éditions Charleston, « une collection cosmopolite qui nous plonge au coeur des moments fondateurs de l'Histoire Mondiale ». La sorcière de Limbricht, c'est Entgen Luijten, vieille femme arrêtée pour suspicion de sorcellerie. du fond de son cachot humide, Entgen nous raconte l'enfermement, les interrogatoires. Mais elle se souvient aussi, de son passé, de son amour pour la nature, des rencontres qui ont fait sa vie. Et on découvre peu à peu, à travers les bribes de ses souvenirs comme à travers ses épreuves actuelles, savamment entremêlés, une femme forte, indépendante. Une femme qui refuse de dénoncer d'autres femmes pour alléger son fardeau. Qui refuse de se renier. Une femme pour qui la nature est une religion en elle-même, qui la rapprochera bien plus du divin que les sermons empesés et les promesses de purgatoire d'un pasteur sous la coupe du pouvoir séculaire qu'elle a combattu. Comme souvent dans les épisodes de chasse aux sorcières dans l'histoire, on comprend que c'est justement tout ça qui a condamné Entgen. Cette société patriarcale ne peut accepter une femme libre. Elle fait peur. On jalouse ses succès. On lui reproche ses choix. On n'accepte pas qu'elle n'ait pas besoin des hommes, ni des autres. Entgen n'est pas qu'un personnage de fiction, elle a réellement existé, elle a vécu ce procès. L'Autrice Susan Smit s'est beaucoup documentée pour écrire son livre, et cela se sent. Ce côté réel rend le roman encore plus poignant. le style, assez poétique et très travaillé, donne une gravité, une pesanteur qui correspond tout à fait à la situation vécue par Entgen. On a l'impression d'être à ses côtés, au fond de son cachot. On s'attache beaucoup à elle, et je me suis souvent identifiée au personnage, parfois je me disais "à l'époque, on t'aurait brûlé toi aussi". Quand j'ai commencé le livre, il ne faisait aucun doute pour moi de quelle façon il allait finir. On sait bien par expérience que les femmes accusées de sorcellerie était au fond déjà condamnées. Et pourtant, Entgen traverse toutes ces épreuves avec tellement de force, de courage et de détermination, que je me suis prise à penser qu'elle faisait peut-être partie de ces exceptions passées entre les mailles du filet. Je ne pouvais pas concevoir qu'elle ait traversé tout ça pour rien. J'ai vraiment été bouleversée par ce livre. En le terminant, je refusais que ce soit la fin. J'ai tout lu, la note de l' autrice (très intéressante), les différentes chronologies, les avis des lectrices... Je n'arrivais pas à quitter Entgen, à mettre un terme à son histoire. Il m'a fallu 3 jours avant de réussir à prendre un autre livre. C'est un roman qui va me marquer durablement.
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